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DES PROJETS RÉÉVALUÉS À 400% DU BUDGET INITIAL : Le coût faramineux de la mauvaise gestion

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Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a abordé hier, la question lancinante de réévaluation répétitive des coûts des projets publics durant les années de gabegie. Résultat : le Trésor public a perdu des montants financiers faramineux, à l’origine, aujourd’hui, d’un grave déficit public.

Répondant aux sollicitations et interrogations des sénateurs au Conseil de la nation sur la question, au cours d’une séance sur le projet de LF-2021, le premier argentier du pays a fait savoir que son département ministériel imposera des critères stricts et de rigueur dans l’enregistrement des nouvelles affectations budgétaires pour les prochains projets d’infrastructures, dans le cadre de la rationalisation des dépenses publiques. Le ministre des Finances a souligné que, compte tenu de la situation financière du pays marquée par le recul des revenus, la priorité sera accordée aux projets déjà en cours de réalisation.
Les autres départements ministériels qui souhaitent bénéficier des enveloppes financières pour les nouveaux projets d’infrastructures et autres, devraient s’assurer de la maîtrise de la durée de réalisation du projet en question et le suivi de son achèvement. Une première dans les annales de la chambre haute du parlement. Le ministre des Finances a révélé les chiffres de quelques projets d’infrastructures, selon le bilan de l’ensemble des projets réalisés et l’évaluation de la consommation des dotations financières. Durant la période 2015-2020, les accréditations budgétaires pour les projets publics lancés sont de l’ordre de 16 437 milliards DA. Des projets ont été enregistrés et lancés sans même pas que leurs études arrivent à maturation et leurs coûts soient évalués avec précision, a regretté le ministre.
Devant les sénateurs, le ministre Benaderrahmane a révélé les chiffres des montants des réévaluations des projets publics, qu’il qualifiera lui-même « d’effarants ». Ainsi, le ministre des Finances citera l’exemple du projet de la pénétrante autoroutière reliant la wilaya de Jijel à l’autoroute est-ouest sur 110 kilomètres, qui a bénéficié d’une autorisation de programme initiale de 90 milliards DA. Après les multiples révisions et réévaluations budgétaires, le coût de ce projet a atteint 180 milliards DA actuellement. Le ministre a estimé que ces réévaluations accentuent le déficit budgétaire, car les projets ont été adoptés sans études, ni suivi, ajoutant que les futures réformes budgétaires que lancera prochainement le gouvernement feront éviter de tels dépassements dans les dépenses de l’État.
Un autre exemple cité par le ministre des Finances : la ligne ferroviaire à double voie électrifiée entre Oued-Tlilat et Tlemcen, inscrit en 2006, avait comme autorisation de programme initial : 49 milliards DA, alors qu’actuellement ce coût est arrivé à 196 milliards DA, c’est à dire une hausse de 400 %, a révélé le ministre. Il a souligné que le ministère des Finances a adopté récemment de nouveaux outils et mécanismes dont l’exécution nous permettra de mieux contrôler et rationaliser les dépenses. L’absence de rigueur budgétaire durant les années précédentes a laissé place à de tels dépassements qui causent aujourd’hui de multiples problèmes à l’économie nationale.
Et les exemples sont nombreux, a fait remarquer le ministre. Il a pointé du doigt aussi le projet d’alimentation en eau potable de la ville d’Aïn Salah qui a bénéficié initialement d’une enveloppe financière de l’ordre de 107 milliards DA, alors que les multiples réévaluations l’ont ramenée aujourd’hui à 200 milliards DA. Le ministre des Finances a estimé que le déficit budgétaire qui s’est accumulé au fil des années précédentes est le résultat d’une mal-gestion des affaires publiques, précisant que son département a mis en place des critères très rigoureux pour l’enregistrement des futurs projets publics.
Par ailleurs, sur les comptes d’affectation spéciale, dont le contrôle des dépenses n’est pas exercé par le Parlement, le ministre des Finances a fait savoir que, dans le souci de transparence et de bon gouvernance, l’État a décidé la suppression de 36 comptes sur un total de 57 existants. L’argent récupéré sera versé au budget de l’État, a signalé le ministre. Pour rappel, la séance de vote du PLF-2021 se déroulera demain au Conseil de la nation.
Hamid Mecheri

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