Tous les téléspectateurs ont sûrement encore en tête ce visage avenant et estampillé fin connaisseur du 7e art qu’était ce présentateur vedette répondant aux nom et prénom d’Ahmed Bédjaoui.
Et comment oserait-on donc oublier cette bonne bouille, ce visage d’adolescent inachevé qui a été à la bonne école celle, vous l’avez deviné, de l’IDHEC, institut prestigieux s’il en est où il n’est pas permis à n’importe quel gus d’y mettre les pieds. Mais, Bédjaoui, lui, a tout d’un grand : élégant tout autant spirituellement que physiquement, excellente maîtrise du verbe et, partant, du sujet et pour couronner le tout d’une aisance déconcertante face à la caméra qui fait si peur aux plus grands. Et sur le plateau de cette émission culte pour reprendre le champ lexical en vigueur, ont défilé et plastronné, parfois, les plus grands cinéastes et réalisateurs de la planète. L’homme de culture dont le visage pénétrait quasiment tous les foyers instruits des arcanes du cinéma ou non par ailleurs ; est devenu avec le temps et son talent naturel, un véritable membre de la famille dont on attendait l’arrivée avec impatience et une délectation absolue. Silence absolu au sein même des dits foyers lorsque Si Ahmed parlait septième art dont il serait peu de dire, lui le technocrate avéré, qu’il maitrisait son sujet d’une manière magistrale. Pour la petite histoire et je refermerai vite la parenthèse, j’étais moi-même scotché au petit écran avant même que l’heure H du rendez-vous bimensuel ne sonne. J’éprouvais exactement la même débilité que lorsque la télévision nationale nous annonçait un somptueux Ajax-Réal Madrid. Ah l’Ajax de Johan Crjuf quel régal pour les puristes ! Mais revenons plutôt à ce personnage central de la décennie 80 si riche et si fertile en produits culturels de qualité et à ce label personnifié par Bédjaoui autant par son érudition que cette présence, voir prégnance dont on ne se lassait jamais. Et on reconnaît souvent la qualité d’une émission à cet instant si éphémère qui jure avec la médiocrité et ces émissions d’aujourd’hui où ce qui fait office d’animateurs est d’une indigence désolante…Par rapport à ce grand monsieur du cinéma qui a su et pu dire et raconter le septième art avec raffinement, tout en tenant la dragée haute aux plus célèbres cinéastes et réalisateurs de la planète.
De Polanski à Ahmed Rachedi, en passant par Youcef Chahine pour ne citer que ceux qui nous viennent d’instinct à l’esprit et non des moindres. Tout en relevant qu’un technocrate de cette trempe ne saurait se suffire d’animer une si spectaculaire page portant filmographie mondiale. Et tous les cinéphiles de ma génération abonderont dans le même sens , parce qu’ils auront eu l’insigne privilège de témoigner de ces moments sublimes. Ahmed Bédjaoui, au vrai, avait plusieurs cordes à son arc.
En ce qu’il a su et pu allier et son formidable capital cognitif sur le chapitre cinématographique proprement dit et sur le versant de l’écriture puisqu’il commettra moult ouvrages de référence (voir bibliographie en encart), sur le septième art. Ave Si Ahmed, Bédjaoui de son nom, longue vie et mille mercis encore une fois pour toutes ces offrandes divines qui marqueront, à jamais, notre génération…
Amar Zentar