Pour mieux décortiquer le dernier bilan présenté par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui affirme que 10 000 cas d’intoxication alimentaires, dont 7 décès, ont été enregistrés l’année dernière, nous avons sollicité l’avis des associations consuméristes nationales.
Ainsi, le président de l’association «El Aman», Hacène Menouar, dit ne pas «reconnaître» l’authenticité de ces statistiques, car le nombre de décès par intoxication en Algérie recensé l’année dernière, «est beaucoup plus supérieur que 7 cas», estime-t-il. Il en veut pour preuve, la difficile mission de récolter tous les chiffres au niveau national. «Ni moi, ni les autres associations de consommation ne feront chaque année des campagnes de sensibilisations pour les intoxications alimentaires dans tout le pays, car le chiffre n’indique pas qu’il y a une crise», indique Menouar, en expliquant que « les cas d’intoxications alimentaires en Algérie sont dus au fait qu’«il est difficile de recenser tous les cas, car un grand nombre de personnes ne se déplacent pas aux structures de santé, de plus de diagnostic de quelques médecins que le peut être faux, car la plupart des décès surviennent après le retour des malades chez eux».
Menouar nous a affirmé également que « lors d’une réunion avec un expert de Grande-Bretagne l’année dernière, ce dernier nous a informé que dans son pays, en 2017, ils ont eu 400 décès, alors que la Grande-Bretagne n’est pas un pays chaud. Par contre notre pays, qui est chaud, et avec tout le manque d’hygiène qu’on a, le nombre de décès n’a pas dépassé 7 cas! Ce qui est illogique», a-t-il réagi comme pour récuser les statistiques dressées par les autorités publiques.
En réponse à une autre question sur les raisons de baisse des cas d’intoxication en ce mois de Ramadhan, toujours selon ce bilan, Menouar nous a expliqué que «c’est dû à la température moyenne de la saison du printemps cette année. Et en raison de la hausse des températures de l’été et de la dégradation de certains produits, notamment ceux vendus sur les trottoirs et exposés au soleil, les cas d’intoxications augmentent», a-t-il conclu.
De son côté, Mohamed Toumi, directeur exécutif de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), explique, lui, que ces cas d’intoxications enregistrés, quoi qu’il dise être «erronés», «est dû au manque de coordination entre deux secteurs principaux. Le ministère du Commerce a déclaré, l’année précédente, qu’il y avait 5 000 intoxications alimentaires alors que celui de la Santé a annoncé 10 000 cas. Deux chiffres complètement différents», a-t-il fait observer pour constater des incohérences. Enfin, et pour y remédier, il souhaite que « le ministère de la Santé collabore aussi avec le ministère du Commerce ainsi que les associations de consommateurs pour plus d’efficacité et pour mieux combattre l’intoxication», a-t-il conclu.
Lilia Sahed
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