Le militant politique et des droits de l’Homme, Kamel Eddine Fekhar, est décédé, hier matin, à l’hôpital Frantz- Fanon de Blida, où il a été transféré dans la soirée de lundi, après la dégradation de son état de santé suite à une grève de la faim qu’il a observée depuis son arrestation le 31 mars dernier.
La triste nouvelle a été confirmée, hier matin, par son avocat, Salah Debouze, à travers sa page Facebook officielle. «Je viens de recevoir une triste nouvelle. Le docteur kamel Eddine Fekhar est décédé ce matin (hier :ndlr) à l’hôpital Frantz-Fanon de Blida », a déclaré l’avocat dans une vidéo qu’il a postée, dans la matinée d’hier. En réaction à cette triste nouvelle, l’avocat dira : « Je dénonce cet acharnement et cette mort programmée prévus par les autorités judiciaires de Ghardaïa», a-t-il accusé, apparemment ému et sous le choc. Il rappelle que « Kamel Eddine a été mis en détention pour un dossier vide décidé par le procureur général de Ghardaïa, exécuté par le juge d’instruction de la première chambre sous la pression du procureur de la République et du procureur général ». En outre, l’avocat a porté des accusations sur le wali de Ghardaïa qui, selon lui, «a toujours stigmatisé les militants des droits de l’Homme», avant d’ajouter qu’«il les a condamnés avant que la justice n’examine leur dossier». Salah Dabouze rappelle avoir tiré la sonnette d’alarme, ces derniers jours notamment, mais en vain. Il a indiqué, en effet, hier : «j’ai tiré la sonnette d’alarme depuis trois semaines pour dire que Fekhar et Aouf Hadj Brahim étaient détenus dans des conditions inhumaines dans le pavillon carcéral de Ghardaia, et rien n’a été fait », avant d’indiquer qu’il avait « déposé pour le compte de Me Zahi une demande de mise en liberté pour Aouf et Kamel, le juge d’instruction de la première chambre l’a refusée en un temps record », a-t-il précisé. Au sujet de l’enterrement, l’avocat a précisé que la famille a souhaité que le défunt soit enterré dans le cimetière de Sidi-Bennour, sans plus d’informations. Agé de 54 ans, le militant Kamel Eddine Fekhar est décédé après avoir été transféré pour des soins intensifs dans un service spécialisé de réanimation. Citant une source au service des urgences du CHU de Blida, l’APS a indiqué que le défunt a été transféré vers la structure «dans la soirée de lundi soir et était dans un état comateux». Il a trouvé, selon la même source, «la mort vers six heures du matin, ce mardi (hier : ndlr)». Fekhar avait été admis au pavillon carcéral de l’hôpital de Ghardaïa le 26 avril dernier, avant d’être transféré dans la nuit de lundi vers le CHU de Blida. La mort de l’enfant de la vallée du M’zab n’est pas passée inaperçue auprès du mouvement populaire pacifique. En effet, en pleine manifestation, hier à Oran, la communauté estudiantine a observé une minute de silence à la mémoire du défunt militant de la démocratie et des droits de l’Homme. La disparition de Fekhar, également ancien militant du FFS, a fait réagir de nombreuses personnalités politiques et élites nationales, dont Mokrane Aït Larbi, Saïd Sadi et l’écrivain Yasmina Khedra, pour ne citer que ces voix, qui se sont exprimées hier.
Lamia Boufassa
Le FFS et le RAJ demandent la libération des détenus d’opinion
Les réactions sur le décès du Dr kamel Eddine Fekhar n’ont pas tardé à tomber hier. En effet, le Front des forces socialistes (FFS), a rendu public un communiqué de presse dans lequel il a exigé : « Justice et vérité et que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès». Également, le FFS a «exigé la libération immédiate des autres détenus d’opinion», en appelant les «vrais décideurs de ce pays à prendre rapidement des mesures d’apaisement dont la libération de ces derniers afin d’éviter au pays de s’enliser dans des scénarios chaotiques». Pour sa part, le RAJ a appelé dans un communiqué à « ouvrir une enquête indépendante et transparente pour déterminer les circonstances de la mort de Kamel Eddine Fekhar».
RAJ n’a pas manqué d’interpeler le pouvoir «pour mettre fin aux poursuites judiciaires et aux incarcérations arbitraires des militants et militantes des droits humains», tout en appelant « à la libération de tous les détenus d’opinion». Plus loin, le RAJ a dénoncé «l’instrumentalisation de la justice pour la répression de toute voix discordante et l’interdiction aux militants-(es) et activistes de la société civile à exercer leurs droits».
L. B.