Les épisodes itératifs de forte pluviosité avec en toile de fond des oueds en furie et une extension des zones inondables ont incité les autorités à engager une vaste opération de calibrage «budgétivore» des cours d’eau de la wilaya de Constantine, qui reste néanmoins impactée par des actes d’incivisme préjudiciables.
Nonobstant les efforts consentis par le ministère des Ressources en eau par l’entremise d’une stratégie nationale de gestion des risques d’inondations en injectant des sommes considérables afin de nettoyer les lits des oueds, les pollueurs de tous bords ne désarment pas en se débarrassant à tire-larigot d’une «kyrielle» de déchets qui obstruent les cours d’eau et entrainent, parfois, l’irréparable. Dès lors, des travaux consistant notamment à traiter les talus et à réaliser des berges avec des matériaux de construction divers tout au long des oueds ont été engagés aux fins de contrer les risques d’inondations. Zakaria Sellam, chef du service assainissement à la direction des Ressources en eau (DRE) de Constantine, a estimé, dans une déclaration à l’APS, qu’un oued calibré réduit à néant les risques de crue et protège les habitations des inondations, d’où l’importance, selon lui, d’effectuer des aménagements et des travaux de calibrage des cours d’eau en tissu urbain. Il a précisé que le calibrage des 20 cours d’eau recensés à travers le territoire de la wilaya, d’une longueur totale de 267 400 mètres linéaires (ml), nécessite un montant estimé à 24 milliards de DA, rappelant qu’environ 26 000 ml de ces oueds ont bénéficié, jusqu’à fin 2018, de travaux de calibrage et d’aménagement des berges en béton armé. Ces opérations ont notamment ciblé 6000 ml en tissu urbain de l’Oued Rhumel et 6500 ml de celui de Boumerzoug, lesquels s’étendent respectivement sur une longueur totale de 53 000 et 31 500 ml, en plus de l’Oued Mellah (Benchergui) dont les 4000 ml ont été entièrement calibrés, a-t-il indiqué. Signalant que les travaux de calibrage de l’Oued Rhumel ont été achevés «à 100%», M. Sellam a fait également savoir que l’opération de calibrage de l’Oued Ziad (Hamma Bouziane), d’une longueur totale de 6500 ml, sera lancée au cours de cette année. Ce même cours d’eau (affluent du Rhumel) avait été à l’origine, en septembre 2018, d’importantes inondations occasionnées par des pluies diluviennes au niveau de la cité Ahmed Djebli (ex-El Kantoli), dans la commune de Hamma Bouziane, entrainant le décès de deux personnes sur la RN 27 et faisant plusieurs blessés. Outre les fortes précipitations, l’incivisme de certains citoyens déversant des déchets inertes (gravats et autres déchets produits par l’activité du BTP) dans les oueds, est également relevé par les responsables du secteur comme un facteur aggravant des risques de crues. Approché par l’APS, le président de l’Assemblée populaire communale (APC) de Constantine, Nadjib Arab, a assuré que les services de la commune prennent des mesures contre les contrevenants à partir du moment où ces derniers sont surpris et identifiés, se traduisant le plus souvent par des poursuites judiciaires. Evoquant, par ailleurs, la problématique des inondations en milieu urbain, observées après de fortes averses de pluie, M. Arab a estimé qu’un volume d’eau trop important qui s’abat sur une région en quelques minutes, peut dépasser, sur le coup, la «capacité d’absorption» des avaloirs et des regards de la ville.
La problématique des malfaçons et de l’incivisme
Du côté de la Société de l’eau et d’assainissement de Constantine (Seaco), des responsables pointent du doigt «les malfaçons» signalées parfois au niveau de certains avaloirs ou regards qui sont totalement «obstrués par des pierres et des gravats lors des travaux de construction». Etant ainsi non conformes aux normes techniques en vigueur, ces avaloirs et regards représentent, a-t-on précisé, une «réelle problématique» à laquelle les services de la Seaco tentent de remédier progressivement en procédant au traitement des dysfonctionnements observés, ajoutant dans ce contexte que plus de 260 points noirs ont été traités en 2018. Selon cette même source, «l’incivisme de citoyens qui jettent n’importe quoi dans les avaloirs» fait que ces dispositifs, destinés à assurer le bon écoulement et l’évacuation des eaux pluviales, ne puissent pas remplir leur rôle. Des vérifications et des contrôles sont toutefois régulièrement opérés sur l’ensemble du réseau d’assainissement de la wilaya de Constantine, a-t-on ajouté, en vue de l’identification et l’élaboration d’un inventaire relatif aux points de dysfonctionnement visant à mettre en place un programme d’intervention efficient au niveau du réseau. A ce titre, conformément au programme de lutte contre les crues mis en œuvre chaque année, les services de la Seaco ont procédé au curage de 86 938 avaloirs et regards durant l’année 2018 dans le cadre de la maintenance du réseau d’assainissement à travers la wilaya, a-t-on détaillé. Durant cette même période, les services concernés ont procédé également au curage de 13 749 mètres linéaires (ml) de caniveaux, relève-t-on, en plus de travaux de réhabilitation ayant ciblé 6 269 ml du réseau d’assainissement. Selon la même source, les équipes de la Seaco ont également opéré 5 910 interventions, durant l’exercice 2018, au niveau des points de dysfonctionnement identifiés ou signalés sur le territoire de la wilaya, et procédé au ramassage de 4 322 m3 de déchets de curage. La Société de l’eau et d’assainissement de Constantine compte un total de 29 294 avaloirs et 17 070 regards, répartis sur un réseau d’assainissement long de 1 500 km, dont l’entretien est assuré par 17 unités d’intervention rattachées à 5 zones d’exploitation, couvrant les 12 communes de la wilaya.