Les données, relevées sur le terrain, permettent de lier le ralentissement de la croissance économique à la faible performance des activités hors hydrocarbures.
Avec un taux de croissance plafonné, en 2016, à 3,3% contre un taux prévisionnel de 4,60% dans la loi de Finances 2016, l’économie nationale était loin du rail qu’on lui a réservé au prix de plusieurs milliards de dinars en termes de budgétisation des réformes engagées.
Même le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, n’a pas jugé utile de dissimuler une telle réalité, affirmant devant les membres du Parlement que le secteur des hydrocarbures avait certes enregistré une forte croissance en 2016, mais qu’un ralentissement de la croissance économique n’a pu être jugulé en raison de la faible performance des activités hors hydrocarbures.
Le ministre a, dans ce contexte, indiqué que le secteur agricole avait connu un taux de 1,8% contre 4,7% prévu dans la loi de finances (2016), que le secteur commercial avait enregistré 2,9%, contre un taux prévisionnel de 5,70% et que le taux de croissance du secteur des Travaux publics était de 5%, contre un taux prévisionnel de 5,90%.
C’est dire qu’en dépit des annonces optimistes avancées par les pouvoirs publics, l’économie algérienne risque encore de revoir à la baisse ses perspectives, du moins pour les deux années à venir et il suffit d’analyser le PIB du pays, lequel n’a pas dépassé plus de 2,7% de croissance en 2017, pour en juger.
De plus avec un produit intérieur brut estimé à peine à 156,1 milliards de dollars en 2016, l’Algérie demeure un pays qui crée peu de richesses.
Avec un produit national brut très faible et une population qui dépasse 40 millions d’habitants et augmente chaque année d’un million de nouveau-nés, le PIB par tête d’habitant ne peut, à l’évidence, qu’être parmi les plus faibles des pays producteurs de pétrole. Et même si ce dernier a connu une légère progression par rapport à l’année 2012, le produit national brut par habitant ne dépasse guère 3 844 dollars aujourd’hui.
La reprise des hydrocarbures en 2016 avait permis d’échapper au pire
De l’aveu même du ministre, si l’Algérie a tenu le choc de la sous-croissance économique c’est bel et bien grâce à la forte reprise de 2016, avec un taux de croissance de 7,70% contre 4,50% prévu (dans la LF 2016).
Du reste, le produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a atteint 14 381 milliards DA en 2016, contre 15 902 milliards DA en 2015, soit un taux de croissance de 2,30% contre 4,70% prévu au terme du PLF 2016.
Durant cette même période, le prix moyen du baril de pétrole brut algérien s’est stabilisé à 44,76 USD contre 52,81 USD en 2015, alors que le prix référentiel retenu dans l’a LF 2015 était de 45 USD, comme l’a précisé à juste titre le ministre des Finances qui a souligné que durant cette même période, le taux de change avait enregistré un recul de 9,01 DA par rapport au dollar américain, passant de 100,46 DA/1 USD en 2015 à 109,47 DA/1 USD en 2016.
Abordant la fiscalité pétrolière recouvrée en 2016, le ministre a précisé que celle-ci s’était située à 1 807 milliards DA, dont 1 683 milliards DA affectés au budget de l’État, 3 milliards DA à l’Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) et 99 milliards DA au Fonds de régulation des recettes (FRR). Pour ce qui est de l’encours de la dette publique, le ministre a fait savoir qu’il a représenté 3 534 milliards DA, dont 3 407 milliards DA de dette intérieure et 127 milliards DA de dette extérieure.
Zacharie S. Loutari