Avec une majorité à l’hémicycle qui hausse le ton et réclame son départ et une opposition parlementaire réduite (de 120 députés) le soutenant, il reste toujours difficile de parier sur l’avenir de Saïd Bouhadja, à la tête de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Entre les injonctions fermes de leurs chefs de partis mais en l’absence d’outils juridiques, le retrait de confiance étant non prévu dans la Constitution, les députés à l’hémicycle Zighout Youcef restent perplexes et ne savent plus où donner de la tête.
Les options d’un dissolution de la chambre basse du Parlement ou l’intervention de la Présidence dans ce conflit écartés samedi dernier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, désormais, il est difficile de conceptualiser des scénarios probables pour dénouer la crise. Mardi dernier dans l’après-midi, les cinq groupes parlementaires de l’allégeance (FLN, RND, TAJ, MPA + indépendants) ont radicalisé leur action de contestation en refusant toutes les médiations partisanes pour forcer ce bras de fer inédit dans l’histoire de l’Algérie indépendante et obtenir une démission de Bouhadja. Avec les épisodes de la rentrée en lice de deux organisations révolutionnaires – l’Organisation nationale des moudjahidine et l’Organisation des condamnés à mort – qui ont exprimé leur soutien à Bouhadja, les évènements se précipitent et risquent de perdurer comme un long feuilleton brésilien. « Tous les scénarios sont faussés. Les jours à venir sont les seuls à nous dire ce qu’il en adviendra », a indiqué au Courrier d’Algérie, mardi dernier, Lakhdar Benkhelaf, député de l’alliance Adala, opposition, et proche du président de l’APN. L’opposition qui a adopté au début une attitude « négative » de cette crise, en se disant « pas concernée par une affaire interne au FLN », a fini par exprimer son mécontentement et ce alors que le blocage de l’institution législative entame sa troisième semaine. Le leader du MSP a qualifié cette situation d’ « humiliation et d’aberration » alors que l’ANR, un parti de l’allégeance mais qui tient ses distances du conflit à l’APN, a estimé que le blocage a véhiculé aux citoyens « une image négative des représentants du peuple». Dans la foulée, des députés de l’opposition ont confié même au Courrier d’Algérie qu’ils ne sont pas contre la dissolution du Parlement, car la situation actuelle donne « vraiment une piètre image » de l’institution législative, générée par une « majorité factice ».
De l’autre côté, les partis de l’allégeance n’ont pas hésité eux aussi à attaquer l’opposition, l’accusant de tenter d’influencer Bouhadja et son refus de démissionner. Abdelhamid Si Affif, député FLN, a estimé, dans des déclarations à la presse hier, que l’opposition « pend en otage » Bouhadja, renouvelant son appel à ce dernier de déposer sa démission sans condition. Il considère également qu’il est du droit du groupe parlementaire du FLN de demander le retrait de confiance à Bouhadja, car il est élu président sur instruction de la direction du FLN, ajoutant « au niveau des députés, nous avons atteint le point de non retour », pointant du doigt Bouhadja comme « la source de blocage à l’APN ».
Hamid Mecheri