La reprise de l’offensive des forces progouvernementales yéménites, appuyées par une coalition sous commandement saoudien, sur le port stratégique de Hodeida (ouest) pour y déloger les rebelles Houthis fait craindre un nouveau drame humanitaire dans un pays ravagé par la guerre.
Aucune information n’a été donnée mardi sur l’étendue des combats au sol et des raids aériens dans cette région bordant la mer Rouge, mais les Houthis ont vivement réagi à l’annonce lundi soir par des responsables de la coalition anti-rebelles selon laquelle «une opération militaire destinée à libérer Hodeida et son port avait commencé sur plusieurs axes». Hodeida est le principal point d’entrée des importations et de l’aide humanitaire internationale au Yémen, où trois personnes sur quatre ont besoin d?aide, notamment alimentaire, selon l’ONU. Le pays est également menacé par une troisième vague de choléra, d’après la même source. Les Houthis, soutenus par l’Iran, ont accusé la communauté internationale de complicité avec le «terrorisme» de l’Arabie saoudite et de ses alliés. «Des entrepôts internationaux d’alimentation ont été pris pour cibles (lundi) à Hodeida, ce qui montre clairement que les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et leurs alliés ont l’intention de faire de ces entrepôts et de quartiers densément peuplés des cibles légitimes pour leurs opérations terroristes», a déclaré Mohammed Ali al-Houthi, chef du Conseil suprême révolutionnaire des rebelles. Il n’a pas été possible de vérifier ces affirmations de sources indépendantes.
«Aucune inquiétude»
Dans un message séparé sur Twitter, M. Houthi a assuré que les rebelles n’avaient «aucune inquiétude tant que les enfants du Yémen défendent leur nation contre l’occupation» du pays par des forces saoudiennes et émiraties qui sont les piliers de la coalition anti-rebelles. La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par cette coalition, aux Houthis qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays dont la capitale Sanaa. En mars 2015, la coalition est intervenue militairement dans le pays en soutien au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, et la guerre se poursuit depuis. L’offensive sur Hodeida avait débuté en juin, mais la coalition anti-rebelles avait marqué une pause dans ses opérations durant l’été. Une tentative de pourparlers politiques parrainés par l’ONU a échoué plus tôt ce mois-ci à Genève, les rebelles ayant posé des conditions à leur venue. Finalement, ces consultations inter-yéménites n’ont pas eu lieu. Le 12 septembre, quelques jours après l’échec de Genève, la brigade de «Géants», une force progouvernementale appuyée par les Emiratis, avait affirmé avoir progressé autour de Hodeida, assurant avoir pris le contrôle à deux endroits d’une route stratégique reliant la ville portuaire à la capitale Sanaa.
«Changement nécessaire»
Dans un tweet le même jour, le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait affirmé que la «NON VENUE» des Houthis à Genève était «une preuve supplémentaire que la libération de Hodeida est ce qui est nécessaire pour les amener à la raison et à s’engager de manière constructive dans le processus politique». «Hodeida est le changement nécessaire qui permettra d’assurer la fin de l’agression Houthie», avait-il dit. Ces développements militaires sont intervenus alors que le médiateur de l’ONU, le Britannique Martin Griffiths, a entrepris de nouvelles navettes dans la région pour tenter de relancer le processus politique et favoriser des mesures humanitaires.
Il a notamment été question ces derniers jours d’organiser des évacuations à l’étranger de Yéménites souffrant notamment du cancer ou de graves problèmes rénaux, mais une porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Fadéla Chaib, a déclaré mardi qu’aucune date n’avait été fixée pour le premier vol. «Nous attendons l’accord final de toutes les parties», a-t-elle dit. Le conflit au Yémen a fait quelque 10.000 morts, plus de 56.000 blessés et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.