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Oran : le « prêt à manger » en vogue

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Le commerce des mets préparés est en vogue à Oran. Autrefois inexistant durant le mois de Ramadhan, ce créneau s’affirme aujourd’hui et trouve acquéreurs.
Contrairement aux habitudes constatées en ce mois de carême, certaines
familles se détournent des plats-maison et n’hésitent pas à acquérir des mets pour garnir leurs tables d’iftar auprès de vendeurs des « temps modernes ». La condition sociale est souvent invoquée pour expliquer un tel penchant, comme pour certaines femmes travailleuses qui cherchent à se délivrer, à contre cœur parfois, de tâches ménagères « contraignantes ».

Autre temps autres mœurs : l’achat de plats préparés ne se limite désormais plus aux gâteaux traditionnels dont Qalb Ellouz, Chamia, Ktaif, Baklawa, mais englobe aussi les soupes (Hrira et Chorba), « Tadjine zitoune », « Metaouem » et autres plats prisés en ce mois sacré.

Une aubaine pour tous
Nombre de restaurateurs « avertis » saisissent l’aubaine et se convertissent en locaux de vente de plats préparés « spécial Ramadhan », proposant des gammes variées de soupes, de salades et autres mets, gâteaux et desserts.
Peu avant l’iftar, une affluence de personnes venues faire tels achats est constatée dans ces restaurants « branchés », dont un qui s’est découvert une nouvelle vocation à Bir El-Djir, à l’est d’Oran. Une directrice d’une entreprise nationale et mère de quatre enfants, Mme Hawae, la quarantaine, confie qu’elle a recours, par moments et faute de temps, à des plats préparés auprès de ce restaurant, estimant que « cela n’est pas contraire à la règle ». « Je suis une femme active dont le travail prend parfois toute une journée ne me permettant pas de préparer des plats à la maison », a-t-elle avoué. Farid, cadre dans une banque, la trentaine vivant à Oran loin de sa famille établie à Alger, trouve qu’il n’a pas d’autres alternatives que de recourir au repas à emporter ou parfois de s’attabler dans ce restaurant pour « sentir » l’ambiance familiale qui lui manque tant. Souad reconnait, pour sa part, ne pas connaitre grand-chose dans l’art culinaire. Nouvellement mariée, elle n’entend pas priver son mari de la saveur du Ramadhan, dit-elle avec l’espoir d’apprendre à cuisiner pour pouvoir préparer ses propres plats en prévision du ramadhan de l’année prochaine. Les plats de Chorba et Hrira sont cédés à des prix variant entre 250 et 300 DA unité. Le « Tadjine hlou » (plat de viande sucrée), « Methaouem » et autres mets sont cédés dans une fourchette oscillant entre 300 et 400 DA. Arguant « soutenir » financièrement leurs maris, des femmes proposent leurs services culinaires à d’autres, des travailleuses surtout. Une femme au foyer de hai « USTO », Djamila, a entrepris cette expérience l’an dernier en préparant pour d’autres des gammes variées de pain et de Chorba, qui procure des rentrées supplémentaires au budget familial. Jugeant cette entreprise porteuse, elle s’est lancée dans d’autres variétés de plats à la demande de ses clientes, en majorité des voisines. Pour une bonne organisation de cette opération, elle prend les commandes au préalable auprès de ses clientes potentielles, a-t-elle confié, indiquant qu’elle prépare actuellement des plats cuisinés pour plus de 25 familles par jour. Un nombre qu’elle trouve aisé à satisfaire partant de son expérience comme cuisinière lors de fêtes nuptiales. Des annonces sont par ailleurs publiées sur les réseaux sociaux invitant à faire commande de plats préparés et de gâteaux à Oran. Des femmes expertes en art culinaire (plats traditionnels ou modernes) y affichent leurs numéros de téléphone.

Le « prêt-à-manger » n’a pas que des adeptes
Si certaines femmes voient d’un bon œil l’achat de mets préparés, d’autres, plus nombreuses, trouvent que cette pratique n’a pas de charme en plus de ce qu’elle comporte comme risques. Les plats-maison sont plus sains, soutiennent-elles, semant le doute sur la préparation des plats proposés à la vente.Pour Karima, qui refuse catégoriquement le fait de recourir au service
des restaurants, la qualité des ingrédients rentrant dans la préparation des mets mis en vente est « discutable », allant jusqu’à douter des produits utilisés.
« Je préfère préparer à mes enfants un seul plat même léger que le leur acheter », a-t-elle souligné. Rafik, un étudiant universitaire en 5ème année, estime qu’il ne faut pas faire totalement confiance aux plats préparés ailleurs qui peuvent provoquer des intoxications alimentaires surtout en saison estivale, citant, entre autres soupçons, la préparation avec de l’huile utilisée plusieurs fois, le non-respect des règles d’hygiène et de conservation des produits alimentaires.

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