Le bureau médiatique gouvernemental de Ghaza a révélé des chiffres vertigineux sur l’ampleur du désastre provoqué par la guerre d’extermination menée depuis deux ans par l’entité sioniste.
Selon ses estimations, entre 65 et 70 millions de tonnes de gravats recouvrent aujourd’hui le territoire, tandis que plus de 20 000 engins explosifs non désamorcés – bombes et missiles – demeurent enfouis sous les ruines. Une situation que le bureau qualifie de « plus grande catastrophe humaine et structurelle de l’histoire contemporaine ». Ce paysage d’apocalypse résume l’ampleur d’une guerre qui a méthodiquement anéanti les fondations mêmes de la vie à Ghaza. Des milliers d’habitations, d’écoles, d’hôpitaux, de mosquées et d’infrastructures vitales ont été rasés, transformant l’ensemble du territoire en zone sinistrée sur les plans humain, environnemental et sanitaire. Le bureau souligne que cet amas colossal de ruines empêche désormais l’acheminement de l’aide humanitaire, entrave les opérations de secours et bloque toute tentative de reconstruction. La situation est d’autant plus critique que l’entité sioniste interdit l’entrée des engins lourds et du matériel nécessaire au déblaiement. Les points de passage demeurent hermétiquement fermés, tandis que les équipes locales, privées de moyens, se battent, à mains nues, pour dégager les corps encore piégés sous les décombres. Le bureau gouvernemental prévient que les opérations de retrait des gravats prendront des années, voire des décennies, sans un effort international concerté. Face à cette impasse, il appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités légales et morales en faisant pression sur l’occupant pour ouvrir les frontières et permettre le lancement d’un plan d’urgence de déblaiement et de reconstruction. «Nous faisons face à un moment crucial», affirme le bureau. «Il s’agit désormais de concevoir un plan global de gestion des décombres, incluant la cartographie des zones d’accumulation, le traitement des déchets dangereux, et la réutilisation des matériaux recyclables pour reconstruire Ghaza dans des conditions sûres et durables».
L’agriculture rayée de la carte
Parallèlement, l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, tire la sonnette d’alarme : la quasi-totalité des terres agricoles de Ghaza est aujourd’hui détruite ou inaccessible. Ces deux années de guerre ont ravagé les champs, coupé les routes rurales, et rendu impossibles les cultures vivrières qui nourrissaient jadis des milliers de familles. « Les familles qui vivaient des produits de leur terre n’ont plus aucun revenu, et ne peuvent même plus se permettre d’acheter à manger », déplore l’agence. Le prix des denrées s’est envolé à des niveaux absurdes : un kilo de tomates, vendu autrefois 60 centimes, atteint désormais 15 dollars — lorsqu’il est disponible.
Famine, effondrement économique et désastre humanitaire
L’UNRWA avertit que la destruction du secteur agricole et la confiscation des terres par l’armée d’occupation ont provoqué une flambée des prix sans précédent. Cette situation alimente la famine, aggrave la dépendance humanitaire et plonge les familles dans un cercle infernal de pauvreté et de désespoir. L’agence insiste sur la nécessité d’un flux humanitaire libre et continu pour éviter un effondrement total du tissu social à Ghaza. « Tant que l’agriculture ne sera pas réhabilitée, les habitants resteront dépendants de l’aide alimentaire, qui reste dramatiquement insuffisante », ajoute-t-elle. Ce qui se joue aujourd’hui à Ghaza dépasse la seule reconstruction matérielle : il s’agit d’un test moral pour la communauté internationale. Comment une région déjà assiégée depuis plus de 18 ans peut-elle se relever d’une telle dévastation, alors même que les outils de sa survie lui sont interdits ? Les montagnes de gravats, les bombes non explosées, les terres stérilisées et les champs calcinés forment le portrait d’un territoire délibérément condamné à l’asphyxie. Et tant que le blocus persistera, aucune reconstruction, aucune renaissance, ne sera possible. Ghaza, aujourd’hui, n’est plus seulement une tragédie humanitaire. C’est le miroir du silence du monde face à une catastrophe planifiée, où l’injustice s’est faite béton et poussière.
M. Seghilani