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55e VENDREDI DE MOBILISATION : Clin d’œil du Hirak à Karim Tabbou

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Des milliers de citoyens ont défilé hier, à Alger, pour le 55e acte du Mouvement populaire, appelant au départ définitif du système politique et la libération des détenus d’opinion.

Ses interventions enflammées, lors de son procès de mercredi dernier, sa résistance en campant sur ses positions, Karim Tabbou, le militant politique, devenu figure de proue du Hirak depuis l’avènement du mouvement du 22 février, a réussi, même en restant dans sa cellule de prison, à mobiliser les manifestants. Hier, un dispositif policier très renforcé a été déployé, à Alger-Centre, sur le parcours de la marche. Les premiers manifestants qui se sont rassemblés dans la matinée au boulevard Didouche Mourad ont été vite réprimés et dispensés. Les agents de police ont procédé ensuite à la traque de tout citoyen se trouvant à proximité des lieux, réputés point de départ du défilé hebdomadaire. Les sacs à dos ou sacs à main des passants sont systématiquement fouillés. Une véritable chasse-poursuite des manifestants. Ces derniers ont fini par se lasser et se rassembler devant la mosquée Errahma, vers 12h, en improvisant un rassemblement. 13h : les manifestants ont réussi à franchir le premier cordon de sécurité et commencé la marche à 13h30 avec la sortie des fidèles de la mosquée mitoyenne. Les portraits de Karim Tabbou ont dominé la manifestation, avec les cris : «Allah Akbar! Karim Tabbou ! », «Karim Tabbou, système à
genou !». Le drapeau national, et aussi l’emblème amazigh, ont été très présents hier. Les fameux slogans ont fortement retenti : «Dawla Madanya, Machi 3asskarya! », (État civil et non pas militaire !), Cha3b T’harar, Howa I9arar, Makanch Char3ya!», (le peuple s’est libéré, lui-seul décidera : il n’y a pas de légitimité !), « Syada Cha3bya, 3adala Mostakila! », (Souveraineté populaire, justice libre !), « Istiklal! », (Indépendance !). De nouveaux slogans ont fait leur entrée à l’exemple de : « Ça y est, le Hirak Rahou Bda W Le Corona Ta3kum Maikhawafna! », (Ça y est, le Hirak a commencé, votre corona ne nous fera pas peur!) Comme à chaque marche, les manifestants ont lourdement chargé le pouvoir en place. Le président de la République toujours dans la ligne de mire : « Ils veulent une nouvelle Constitution. Nous voulons une nouvelle République avec de vraies institutions », a écrit un manifestant sur une pancarte. Un autre manifestant a pointé des contradictions du système, en notant le fait que les députés ont refusé la semaine passée de voter la levée de l’immunité sur l’un de leurs collègues, objet d’une requête émanant du ministre de la Justice. « Un parlement qui refuse de lever l’immunité sur une personne corrompue, mais c’est le même parlement qui débattra prochainement de la nouvelle Constitution contre la corruption », a-t-il commenté sur un écriteau. Les manifestants ont réitéré également leur détermination à poursuive la mobilisation pacifiquement. Sur une pancarte, on peut lire : « La révolution se poursuivra jusqu’à la restitution du pouvoir et de la souveraineté au peuple ». Une autre affiche : « Nous continuerons à sortir et à revendiquer nos droits. Alors que vous nous arrêtez et nous jeter en prison. Les Hirakistes sont des nobles et héros ». On retiendra aussi cette affiche : « Nous resterons ici. Nous continuerons à nous attacher à notre révolution comme vous vous attachez à vos chaises».

« Nous sommes des Algériens, ni islamistes, ni laïcs »
Des slogans aussi ont été entonnés pour dénoncer « les tentatives » de division du Hirak : « Nous ne sommes pas des islamistes, pas des laïcs. Nous sommes meilleurs : nous sommes des Algériens », « L’unité du peuple se renforce. Elle met à nu vos manigances et fera tomber votre passage en force ». Un carré dans la manifestation a été composé de l’épouse de Karim Tabbou, sa famille, des avocats qui se sont constitués pour sa défense, et aussi les militants libérés récemment, Fodil Boumala et Samir Belarbi, joint par l’artiste Brahim Tayeb. La femme de Tabbou a exprimé son souhait de voir son époux libéré cette semaine. « Je tiens à remercier les citoyen qui sont venus nous soutenir le jour du procès, la semaine dernière. Ça nous a donné énormément de courage. Même Karim, quand je lui es dit que beaucoup de gens sont à l’extérieur pour le soutenir, il était très heureux. Cela lui a remonté le moral », a-t-elle déclaré. Elle poursuit : « Inchallah mercredi prochain il sortira de prison. Je souhaite également que tous les autres détenus encore en détention soient relâchés ». Présent à ses côtés, l’avocat et défenseur des droits humains, Mustapha Bouchachi, abonde : «Cette semaine qui a précédé ce 55e vendredi, a été chargée d’évènements forts. D’abord, il y a eu la libération de Fodil Boumala et ensuite le déroulement du procès de Karim Tabbou. Nous espérons qu’il retrouvera bientôt sa liberté afin de revenir au peuple et sa famille avant vendredi prochain. Les Algériens sont venus très nombreux, les mardi et mercredi, pour le soutenir, incarcéré pour ses idées et positions politiques. À travers cette mobilisation, les Algériens disent au système qu’ils sont déterminés à poursuivre la lutte pacifiquement. Une révolution ne peut s’arrêter à mi-chemin et le système doit écouter la voix de peuple ».
Hamid Mecheri

Des manifestants réprimés et arrêtés à Boumerdès

Des milliers de citoyens ont battu hier, le pavé pour le 55e vendredi du mouvement citoyen. Venus de plusieurs localités de la wilaya, de nombreux citoyens étaient au rendez-vous pour exprimer leur détermination à poursuivre la lutte pacifique pour le changement du système politique. Cette forte mobilisation a surpris les services de sécurité qui ont réprimé et procédé à des arrestations. En effet, pendant le rassemblement sur la placette du ‘’Madaure’ avant l’entame de la marche que des camions du CRS ont débarqué.
Des matraques à la main, des policiers antiémeutes se sont attaqués aux manifestants qui s’apprêtaient à entamer la marche. Une quinzaine de manifestants ont été violentés puis arrêtés, a-t-on constaté sur place. Un journaliste d’El Watan a été arrêté et violenté avant d’être libéré. Des ecchymoses et des bleus sont visibles sur son visage. Prenant la parole il a dénoncé « la violence des policiers » tout en exigeant « la libération des autres détenus arrêtés arbitrairement », alors qu’ils sont venus pour manifester pacifiquement. Il a en outre appelé à se mobiliser et à s’organiser pour le changement et libérer le pays de la mafia. Le chef du parti MDS ‘’Fehti Ghares ‘’ n’a pas échappé à la répression des policiers qui l’ont aussi embraqué avec les autres manifestants arrêtés.
Ce comportement violent de la part des policiers n’a pas dissuadé les citoyens qui étaient nombreux à se joindre à la marche en fustigeant  le pouvoir  en place. En colère, les manifestants fustigent le chef de Sûreté de la wilaya. Ainsi, les slogans habituels ont été repris en chœurs par les marcheurs, et plus encore dans un ton ferme et déterminé. « Nous sommes les enfants d’Amirouche ne nous ferons jamais marche –arrière, nous continuerons le combat pacifique jusqu’au départ total du système », « One two three viva l’Algérie ! L’Algérie indépendante ».
Tout en revendiquant l’application des articles 7 et 8, les manifestants criaient haut et fort la souveraineté au peuple. Intervenant au niveau du lieu historique où le drapeau nationl a été hissé pour la première fois par l’ex-président du GPRA Ferhat Abbas, les animateurs du hirak à l’exemple de Djaouadi Hamza ex-détenu et Farid Belmokhtar ont convergé vers la poursuite de la mobilisation en rangs serrés pour « libérer le pays du pouvoir mafieux » qui fait tout « pour briser notre unité et notre combat pacifique porteur d’un état de droit pour tous. »
Ils n’ont pas d’ailleurs omis d’appeler à ne pas quitter la wilaya si tous les manifestants arrêtés ne sont pas libérés. Au moment où nous mettons sous presse, seulement quatre manifestants ont été libérés alors que les manifestants poursuivent leur sit-in sur la placette du centre-ville et pour exiger la libération de tous les détenus.
B. Khider

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