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38e anniversaire du Printemps berbère : Une Nation qui retrouve son identité

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L’Algérie célébrera demain le 38e anniversaire du printemps amazigh. Observer une halte après des décennies de luttes pour la reconnaissance de cette langue maternelle et ancestrale.

En rétrospective, tout semble banal à première vue. Un écrivain se voit refuser l’accès à l’université pour donner une conférence sur la poésie berbère ancienne, et c’est un pan de l’histoire de l’Algérie indépendante qui changera. Les étudiants occupèrent alors la tribune, les forces de l’ordre intervinrent. Des habitants dans la rue. S’en suivirent des protestations. Des milliers d’algériens toujours dans l’attente de réponses. Les témoignages, documents et photographies révélés jusqu’à maintenant, nous reflètent des milliers de versions par de milliers et différents angles de vue. Des parties s’en mettent à exploiter la situation. Dans un sens, ce chapitre de l’histoire a commencé à l’université de Tizi- Ouzou, un jour de 10 mars 1980 avec l’interdiction de la conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri. En décembre 2017, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décrété le premier jour de l’an amazigh (Yennayer) comme une fête nationale et officielle, ce qui est perçu par les militants de la cause berbère comme une reconnaissance à leur combat. Les Algériens ont accueilli cette consécration avec fierté. Le président de la République avait fait la promesse, dans ces récents messages à la Nation, d’accélérer la mise en place d’une Académie de la langue amazighe, après sa consécration dans la nouvelle Constitution de 2016. « J’ai tenu à apporter une dynamique qui a permis au peuple algérien de s’approprier, dans la sérénité, son amazighité», a indiqué le chef l’État dans son message de cette semaine à l’occasion de la Journée du Savoir. L’histoire retiendra sûrement ces décisions, très importantes du président de la République, qui a su comment réhabiliter l’ordre républicain, les libertés et l’égalité. Des mesures qui ont permis aux Algériens de se réconcilier avec eux-mêmes aujourd’hui et se connaitre mieux pour oublier les séquelles de la décennie noire. Depuis 2010, la région du grand Maghreb a été la cible d’un bouleversement régional appelé «Printemps arabe». Ce qui a commencé comme des protestations populaires réclamant l’amélioration des conditions de vie pour les citoyens s’est vite transformé en révoltes et émeutes contres les régimes en place. Maintenant, on connait toutes les conséquences en Lybie pour ne citer que ce pays en proie à une guerre civile face à une absence totale de l’ordre républicain. Dans un éditorial au journal espagnol «La Vanguardia», un spécialiste européen de la région du Maghreb a souligné que l’égalité des chances entre tous les Algériens à travers les aides et différents programmes d’insertion, pour les jeunes notamment, a été le principal rempart qui a empêché les évènements du «Printemps arabe» de toucher l’Algérie. Si l’on tire le parallèle, L’Histoire retiendra que le printemps amazigh est, cependant, plus ancien que le «Printemps arabe». Récemment, en 2017, après la sortie dans la rue d’étudiants et lycéens en colère contre le refus d’un amendement -dans la loi de Finances – à l’APN, sur l’élargissement des attributions budgétaires pour promouvoir l’enseignement de tamazight dans toutes les wilayas du pays, plusieurs forces politiques se sont bousculées pour «récupérer» ce mouvement. Le tout, dans un contexte marqué par l’approche des élections Présidentielles dans le pays. Dans son dernier message, le président Bouteflika a indiqué que la cause amazighe «a fait l’objet de dissensions de la part de certains, et de manœuvres politiciennes de la part d’autres à une époque de notre histoire contemporaine». À vrai dire, cette époque a commencé avant 38 ans, lorsque des manifestations se sont déclarées pour réclamer l’officialisation de la langue amazighe, bannie alors dans les institutions de l’État, les médias et même dans les écoles. Jusqu’à cette époque, la commémoration du 20 Avril intervient sous le sceau de la clandestinité. L’année dernière, le gouvernement a décrété les festivités d’officielles dans les wilayas du pays en mobilisant les Directions locales de la Culture pour célébrer le 37e anniversaire du printemps amazigh. En plus de la société civile, plusieurs organismes étatiques participent à l’organisation de ces festivités comme le Haut commissariat à l’Amazighité (HCA), les universités de Tizi- Ouzou et de Bouira et les radios locales. Demain encore, l’Algérie célébrera, dans, un cadre officiel, ces festivités. Les Algériens auront toutes les raisons d’être fiers d’eux-mêmes. Au cours de ces dernières années, les réalisations et les acquis pour tamazight n’ont cessé de s’élargir. Un enseignement généralisé dans tous les paliers de l’Éducation, introduction dans les cursus académiques, dans les médias, et une présence plus visible dans la vie quotidienne des citoyens. Les enseignes de toutes les institutions étatiques sont transcrites également en tamazight. Des ministères, dont celui de l’Intérieur et les deux Chambres du Parlement nationale éditent leurs documents et autres communiqués de presse en tamazight. Et la tendance fait que de plus en plus d’Algériens aujourd’hui sont épris de la richesse et du patrimoine de tamazight. La poésie berbère, tout comme l’a souhaité Da L’Mouloud, rayonnera encore plus dans toute sa douceur, tendresse et délicatesse, endimanché dans les textes lyriques de Si Mohand Ou M’hand.
Hamid Mecheri

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