Un des 54 engagements phares d’Abdelmadjid Tebboune, lors de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 12 décembre 2019, alors qu’il n’était que candidat, l’heureux élu aux destinées du pays a mis, sitôt intronisé, la main dans la pâte pour s’attaquer aux choses sérieuses et surtout joindre l’acte à la parole : la révision de la Constitution.
La Loi fondamentale qui définit l’organisation de l’État est considérée, aux yeux du Président, comme la « mère » de toutes les réformes. C’est ainsi que le chef de l’État s’est engagé, dès le mois de janvier dernier, dans des consultations avec la classe politique, les personnalités nationales et autres sociétés civiles pour amorcer le changement tant souhaité par les millions de manifestants qui s’étaient engagés pacifiquement dans le mouvement populaire et citoyen. Un mouvement que le Président a toujours qualifié de « béni » ayant évité l’effondrement de l’État et de ses institutions. Suite à ça, le président Tebboune a nommé un Comité d’experts, présidé par le Professeur Ahmed Laraba, pour se pencher, dans un délai n’excédant par les deux mois, sur les axes devant dessiner la nouvelle Constitution. Le Comité devait travailler sur la ligne tracée par le Président lui-même en se basant sur les sept (7) recommandations d’Abdelmadjid Tebboune, à savoir, le renforcement des droits et libertés des citoyens, la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption, la consolidation de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, le renforcement du pouvoir de contrôle du Parlement, la consolidation de l’indépendance du pouvoir judiciaire, la consolidation de l’égalité des citoyens devant la loi et enfin la consécration constitutionnelle des mécanismes d’organisation des élections.
Prévu pour le mois de juin dernier, le projet a été plombé par la pandémie du coronavirus et a été quelque peu mis de côté pour se consacrer à l’urgence du moment, soit la préservation des vies humaines menacées par le Covid-19. Sortie du tiroir à nouveau, la première mouture de l’avant-projet a été rendue publique et soumise à débat et enrichissement pour son « amélioration » afin qu’elle soit inclusive et consensuelle et d’éviter ainsi son remodelage à chaque fois.
C’est ainsi que plus de 5.000 propositions ont été formulées par les différents acteurs politiques et de la société civile, ainsi que par des personnalités nationales pour encadrer le projet et lui donner plus de crédit auprès du peuple à qui revient le dernier mot. Toutes ces propositions avaient servi de plateforme pour le texte final qui est à présent soumis au référendum populaire pour la date symbolique du 1er novembre. Une échéance électorale jugée cruciale pour l’avenir du pays sur laquelle plus de 24 millions d’électeurs devront se prononcer, demain, qui doit marquer la rupture avec les anciennes pratiques et établir de nouvelles mœurs politiques dans le cadre de la nouvelle Algérie. Après la convocation du corps électoral prononcée le 16 septembre, soit quarante-cinq jours (45) avant le jour « J » comme le stipule la loi, c’était au tour de l’ANIE (Autorité nationale indépendante des élections) de faire son entrée en scène, cinq (5) jours plus tard pour la révision exceptionnelle des listes électorales. Cette opération a duré huit (8) jours et a établi le nombre d’inscrits à près de 23 millions d’électeurs qui sont appelés ainsi à se rendre aux urnes à la date indiquée pour glisser le bulletin de leur choix. Soit le « Oui » ou le « Non ». Mais avant les urnes, il fallait faire une campagne de sensibilisation pour le référendum.
Cette opération a commencé le 7 octobre et s’est terminée le 28 du même mois, soit après 22 jours d’échanges avec les citoyens menés par les partis politiques acquis à la cause, la société civile et les personnalités politiques, et récemment par les membres du gouvernement pour faire la promotion du projet. Et depuis mercredi dernier c’est le silence électoral comme défini par la loi. Il faut souligner par ailleurs que des partis d’opposition se réclamant des courants démocratiques et islamistes ont appelé à l’abstention, estimant que « la révision de la Constitution n’est pas la réponse idoine à la crise systémique que vit l’Algérie ».
Reste à savoir désormais qui du « Oui » ou du « Non » va remporter cette bataille électorale pacifique, intervenue cette année en pleine crise sanitaire du coronavirus. La réponse dans deux jours.
Brahim Oubellil