Le drame humanitaire s’intensifie dans la bande de Ghaza. Le ministère de la Santé a annoncé ce jeudi neuf nouveaux décès dus à la famine au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total de morts à 122, dont 83 enfants. Cette hécatombe silencieuse survient dans un contexte de guerre génocidaire déclenchée par l’entité sioniste depuis le 7 octobre 2023, où la privation de nourriture est devenue une arme de destruction massive.
Malgré les appels incessants des Nations unies, des ONG internationales et des autorités palestiniennes, l’entité sioniste maintient un blocus total sur les points de passage de Ghaza depuis le 2 mars 2024, interdisant l’entrée de denrées alimentaires, de médicaments et d’aide humanitaire. Cette politique d’asphyxie méthodique a conduit à l’effondrement du système de santé et à l’apparition de cas graves de malnutrition aiguë, en particulier chez les enfants. Selon l’organisation Médecins Sans Frontières, le nombre de patients traités pour malnutrition dans ses cliniques a été multiplié par quatre depuis le 18 mai, tandis que la malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé au cours des deux dernières semaines. « Ce que nous voyons à Ghaza est un acte de famine intentionnel », dénonce l’organisation, qui appelle l’occupation à autoriser immédiatement l’acheminement massif de l’aide. « Les soignants, les enfants, les femmes enceintes… tout le monde lutte pour survivre. » Les témoignages des hôpitaux décrivent des scènes d’horreur. Les enfants amaigris sont devenus des squelettes vivants. Leur peau colle à leurs os, leurs yeux figés dans le vide. Sur les réseaux sociaux, des images glaçantes circulent malgré la censure médiatique : des nourrissons agonisants, allongés nus sur les lits d’hôpitaux ou transportés sur des charrettes à bras. Le jeudi soir, l’enfant Abdelkader Al-Fayoumi a succombé à la faim à l’hôpital baptiste de Ghaza. Dans un autre établissement, une médecin canadienne a confié n’avoir mangé qu’un bol de lentilles en trois jours. Le personnel médical lutte lui-même contre la faim tout en soignant les affamés. Le docteur Khalil Al-Daqran, de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, alerte : « Les enfants de Ghaza meurent de faim. Nos hôpitaux sont à bout de souffle. Nous manquons de carburant, de nourriture, de médicaments. » Alors que la famine ravage le territoire, les bombardements sionistes se poursuivent. Depuis vendredi matin, 21 Palestiniens ont été tués dans plusieurs frappes aériennes à travers la bande de Ghaza. Les attaques ont notamment visé des écoles, des appartements et des camps de réfugiés. Parmi les victimes : le journaliste Adam Abou Harbid, tombé sous les frappes à Ghaza, portant à 232 le nombre de journalistes tués depuis le début de la guerre. Des centaines de blessés ont été recensés, alors que les hôpitaux débordent, fonctionnant sans électricité ni médicaments. Le bilan humain depuis le 7 octobre est effroyable : 59 587 Palestiniens tués, 143 498 blessés, 9 000 disparus, et des centaines de milliers de déplacés. Plus de 72 % des victimes sont des femmes et des enfants. La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, a une nouvelle fois dénoncé un « génocide dans sa forme la plus brutale », déplorant l’absence de justice et de reddition de comptes. Même la directrice régionale de l’OMS, Hanan Balkhi, tire la sonnette d’alarme : « Près de 2,1 millions de personnes à Ghaza sont confrontées à la famine. Aucun hôpital ne fonctionne pleinement. Nous craignons une explosion du nombre de morts dans les jours à venir. » 20 % des femmes enceintes sont touchées, tout comme une majorité d’enfants. Malgré cela, les convois humanitaires restent bloqués, les aides s’amenuisent, et les structures médicales s’effondrent.
Le bureau des médias gouvernemental à Ghaza a confirmé que le territoire vit depuis 145 jours consécutifs sous un blocus total, empêchant notamment l’entrée de lait infantile. Plus de 500 000 sacs de farine sont nécessaires chaque semaine pour éviter un effondrement humanitaire complet, selon les autorités locales. Un responsable résume la situation ainsi : « Ce n’est plus seulement une guerre de bombes, c’est une guerre de la faim, qui vise à rendre Ghaza inhabitable, à pousser la population à fuir, à détruire toute vie. » Des journalistes palestiniens racontent n’avoir rien mangé depuis trois jours. Des enfants meurent en silence, pendant qu’à quelques kilomètres, la télévision israélienne diffuse des émissions de cuisine en prime time. Dans un appel poignant, la communauté médicale, les ONG et les familles de Ghaza réclament l’ouverture immédiate des points de passage, l’envoi urgent de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments, et la fin du génocide. Le directeur de l’ONG Medical Relief dénonce une propagation rapide de maladies liées à la malnutrition, notamment chez les diabétiques. La Protection internationale parle d’un effondrement total, avec des corps qui s’écroulent dans les rues. Le message est clair : la communauté internationale doit agir maintenant. Plus qu’un drame humanitaire, c’est un crime contre l’humanité qui se déroule sous les yeux du monde, dans un silence complice.
‘’The Economist’’ fustige la dérive sioniste
Dans un éditorial au ton grave, The Economist s’alarme de l’impasse tragique dans laquelle s’enlise la guerre menée par l’armée sioniste contre la bande de Ghaza. Alors que cette guerre dure depuis bientôt deux ans, la prestigieuse revue britannique n’hésite plus à dénoncer « une honte » pour l’entité sioniste, pointant l’absurdité militaire, l’effondrement moral et l’isolement diplomatique d’un conflit devenu interminable. Si la confrontation éclair avec l’Iran s’était distinguée par sa brièveté, ses frappes ciblées et ses objectifs clairs, le carnage à Ghaza, lui, ne connaît ni fin, ni but précis. « C’est une guerre sans distinction, sans objectif militaire valable », déplore The Economist. Elle transforme Israël en État paria, alors même qu’elle avait, au départ, un semblant de légitimité défensive. Désormais, les forces sionistes contrôlent près de 70 % du territoire gazaoui. Pourtant, cette occupation ne débouche sur aucune avancée stratégique. La situation sur le terrain est alarmante : plus de 60 % des infrastructures de Ghaza ont été réduites en ruines, deux millions de civils déplacés vivent dans des conditions abominables, majoritairement regroupés dans le centre de l’enclave.
Alors qu’en 2024 les organisations humanitaires avaient émis des alertes sur un risque de famine, The Economist affirme que cette menace est aujourd’hui réelle et imminente. Les tentatives sionistes de contourner les organismes humanitaires de l’ONU au prétexte d’un détournement présumé par la résistance palestinienne n’ont fait qu’aggraver la crise : les aides alimentaires arrivent au compte-gouttes, en quantité honteusement insuffisante. Même si les convois s’intensifiaient, ils ne suffiraient pas à empêcher les morts de faim sans un cessez-le-feu immédiat. Le chaos sur le terrain, où les civils sont pris en étau entre bombardements, milices armées et résistants, rend l’accès aux vivres quasi impossible. Militairement, les objectifs initiaux semblent désormais hors de portée. La résistance palestinienne, bien qu’amoindrie, n’est pas éradiquée. Ses combattants sont retranchés dans 10 à 20 % du territoire. Ses capacités militaires, bien que réduites à une fraction de celles du 7 octobre 2023, n’ont pas disparu. L’Iran, principal soutien de la résistance, traverse lui aussi une période de faiblesse stratégique et financière.
Dans ce contexte, The Economist affirme que la poursuite des opérations relève davantage de la survie politique du Premier ministre Benyamin Netanyahou que d’une quelconque vision militaire. Privé de majorité à la Knesset et menacé par des élections dans les quinze prochains mois, il s’accroche à une guerre devenue impopulaire, y compris dans les rangs de l’armée. Les généraux de l’armée sioniste eux-mêmes affichent leur opposition croissante. Lors d’une réunion exceptionnelle le 21 juillet, le chef d’état-major Eyal Zamir a appelé à recentrer l’institution militaire sur ses fondements, en prévision d’un futur conflit avec l’Iran. Ce message visait non seulement les officiers, mais aussi la classe politique et l’opinion publique : la guerre à Ghaza n’a plus de justification stratégique. Le soutien populaire à cette guerre s’effondre. Si seulement 21 % des citoyens sionistes croient encore à une solution à deux États, plus de 70 % réclament un cessez-le-feu et la libération des prisonniers. Hors de la coalition au pouvoir, la majorité des partis politiques plaide pour l’arrêt des combats. Même les projets les plus radicaux, comme le regroupement forcé des Gazaouis dans une soi-disant « ville humanitaire », sont dénoncés comme relevant du nettoyage ethnique. Sur le plan international, l’indignation grandit. Le 21 juillet, plusieurs États, dont le Royaume-Uni et des membres de l’Union européenne, ont dénoncé la « perfusion lente » des aides humanitaires. Trois jours plus tard, plus de 100 ONG accusaient le régime sioniste de provoquer « chaos, famine et mort » par un système de distribution arbitraire et inefficace.
Le même jour, les autorités sanitaires de Ghaza annonçaient la mort par famine de 46 personnes en juillet, dont 10 en seulement 24 heures. Selon The Economist, l’impasse pourrait être résolue si des pressions ciblées sont exercées. Le Qatar, où résident plusieurs dirigeants de la résistance palestinienne, pourrait contraindre ces derniers à signer un accord de cessez-le-feu en menaçant d’expulsions et de coupures de financements. Mais le rôle crucial incombe aux États-Unis. The Economist appelle Washington, et en particulier Donald Trump, à user de toute son influence pour contraindre Netanyahou à arrêter la guerre. L’histoire le montre : la pression américaine a déjà mis fin à la majorité des guerres israéliennes depuis 1948. La récente fin de la confrontation irano-israélienne en juin, à la suite d’un coup de colère de Trump, en est un exemple. Enfin, le magazine britannique évoque une issue politique possible : l’accord de cessez-le-feu pourrait ouvrir une période transitoire de 60 jours pendant laquelle une nouvelle autorité gazaouie serait mise en place, avec l’appui de la communauté internationale et des pays arabes modérés. Cette solution permettrait d’exclure ce qu’il reste de la direction de la résistance palestinienne, tout en amorçant une reconstruction indispensable. Le bilan humain, politique et moral de cette guerre est effroyable. Le monde ne peut plus détourner les yeux. Face à la famine, aux bombardements indiscriminés, au rejet croissant de cette politique de destruction, il est temps que les puissances influentes – à commencer par les États-Unis et le Qatar – imposent la paix. Pour Ghaza, pour le droit international, et même pour la survie morale d’Israël.
M. Seghilani