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10.000 tonnes de déchets déversées annuellement en mer : Sonatrach accusée de polluer le milieu marin

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Le président du Comité national des marins pêcheurs, Hocine Bellout, n’a pas mâché ses mots, au sujet de la pollution des côtes algériennes due aux rejets occasionnés par les populations côtières mais, surtout, par l’activité industrielle, dont en premier lieu le groupe pétrolier Sonatrach qui déverse dans la mer Méditerranéenne des produits toxiques évalués à 10.000 tonnes annuellement. «Aujourd’hui, il faut savoir que le premier pollueur industriel c’est Sonatrach. Le groupe déverse annuellement plus de 10.000 tonnes de produits toxiques, dont le fioul » a alerté Hocine Bellout, au cours d’une conférence de presse, animée au siège de l’UGCAA à Alger, sous le thème «Pollution des plages algériennes et la pêche aux explosifs, raisons du manque de poissons dans les côtes algériennes». Connu pour son franc-parler, le président du Comité national des marins pêcheurs a tenu à rappeler que le manque des stations d’épuration est une vraie menace écologique pour nos ressources halieutiques. En effet, alors que la loi exige que chaque industriel se dote d’une station d’épuration, la règle n’est pas appliquée, a signalé l’intervenant qui dénonce un « laisser-aller » en la matière. « Les lois existent mais leur application laisse à désirer », a déploré l’intervenant, tout en alertant quant à l’augmentation du taux de salinité qui est à 3,8%. Par ailleurs, Hocine Bellout n’a pas manqué de mettre à nu les véritables obstacles et contraintes qui, selon ses propos, vont aboutir dans peu de temps à la dégradation de la ressource maritime. Outre la pollution et le manque de stations d’épuration, il dira que le non respect du repos biologique et de la réglementation de la pêche, la contrebande du poisson vers l’étranger, l’utilisation de la dynamite ….. Sont aussi des dégâts qui touchent notre mer au su et au vu des pouvoirs publics qui ne réagissent pas face à cette situation. Selon lui, tous ces points sont des facteurs qui entravent l’essor du secteur qui peine à satisfaire la demande locale. Ainsi, entamant un véritable réquisitoire contre les pouvoirs publics et les pêcheurs sans foi et sans âme qui surexploitent nos ressources halieutiques, le président du Comité a expliqué qu’un seul bâton de dynamite détruit la biodiversité marine dans un rayon de 5 km sur plus de 50 ans. D’autre part, l’intervenant a aussi rappelé que la production nationale peine à couvrir les besoins, et ce, après avoir baissé sensiblement au cours des dernières années. En effet, en langue des chiffres, il a fait savoir que celle-ci s’élève à 72.000 tonnes/an, or, les importations se chiffrent à 600.000 tonnes/an. « Il y a de nombreux facteurs qui ont fait baisser la production locale. Il y a quelques années, on réussissait à pêcher plus de 200.000 tonnes par an, mais hélas, la production ne cesse de baisser », a-t-il dit dans ce sillage. Aussi, il a affirmé que dans la mesure où l’État mettrait fin à toutes ces lacunes, et assurer de meilleures conditions aux pêcheurs, l’Algérie pourrait, à long terme, arriver à atteindre une production de plus de 500.000 tonnes/an, et pourquoi pas le un (1) million de tonnes. L’intervenant a cité un autre facteur qui concourt à la faillite de l’activité de la pêche, il s’agit de la contrebande du poisson, exercée par un cercle mafieux qui revend nos richesses à des pays étrangers. À titre d’exemple, il a rappelé que le corail d’El Kala est vendu à l’étranger à des prix exorbitants, or que les conditions de sa pêche ne respectent guère les normes en Algérie. Au sujet de la hausse des prix, Hocine Bellout a encore accusé ceux qu’il qualifie de « mafia du secteur » qui trouvent leur compte dans l’absence de contrôle et le non-respect des lois. Afin d’y remédier à la situation, le président du Comité des marinspêcheurs a préconisé la mise en place d’une police de la pêche. Et pour cause, les garde-côtes qui sont actuellement chargés du contrôle ne sont pas qualifiés en matière des conditions biologiques des poissons.

Lamia Boufassa

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