Les états-Unis ont procédé, jeudi matin, à une série de frappes au Yémen contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), signe du renforcement des efforts américains contre le groupe extrémiste.
Les bombardements par drones et par avions, inhabituels par leur intensité, se sont concentrés sur les provinces d’Abyane et de Chabwa (sud), ainsi que dans celle de Baïda (centre). Au total, les avions et les drones américains ont mené «près de 20 frappes», selon le porte-parole du Pentagone Jeff Davis. Ils ont tué au moins une douzaine de combattants d’Al-Qaïda, selon des sources yéménites sécuritaires et tribales. Les responsables militaires américains ont refusé de confirmer des informations diffusées par Al-Qaïda, selon lesquelles des navires et des commandos avaient aussi été utilisés dans les attaques.
L’usage des commandos fait toutefois bel et bien partie de la panoplie d’outils le cas échéant à la disposition des chefs militaires américains, a rappelé à l’AFP un responsable militaire américain sous couvert d’anonymat. Les états-Unis procèdent depuis des années à des bombardements contre Al-Qaïda au Yémen, mais le rythme des opérations a augmenté ces derniers mois. «Il y a plus d’activité» en ce moment contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique, a ajouté le responsable militaire. «Al-Qaïda profite des zones non-gouvernées du Yémen pour préparer, diriger ou inspirer des attaques terroristes contre les états-Unis et leurs alliés», a souligné jeudi matin le porte-parole du Pentagone Jeff Davis.
«Les forces américaines continueront de travailler avec le gouvernement du Yémen pour vaincre Aqpa et l’empêcher d’agir» dans le pays, a-t-il ajouté.
Les bombardements de jeudi surviennent quelques semaines après un raid meurtrier des forces spéciales américaines le 29 janvier à Yakla dans la province montagneuse de Baïda. Ce raid était destiné à recueillir du renseignement sur le groupe extrémiste et à nourrir les futures frappes américaines. Mais cette première opération militaire d’envergure de la toute nouvelle administration Trump, ne s’était pas passée comme prévue, avec la mort de plusieurs femmes et enfants et d’un soldat américain lors de combats intenses. Les bombardements de jeudi ne sont pas «directement» liés à ce raid, a précisé un responsable américain, précisant qu’ils avaient commencé à être planifiés «il y a des mois».
Camion chargé d’armes
Selon des sources de sécurité yéménites, un drone américain a visé à l’aube des jihadistes présumés rassemblés devant la maison d’un membre d’Al-Qaïda dans la vallée de Yashbum, dans la province de Chabwa, tuant quatre d’entre eux. Dans la province voisine d’Abyane, un drone américain a visé un camion chargé d’armes dans la région de Wadea, contrôlée par Al-Qaïda, tuant cinq jihadistes. Plus tôt dans la journée, une position tenue par Al-Qaïda à l’est de la ville côtière de Chaqra, sur le Golfe d’Aden, a également été visée par un raid de drone, selon un autre responsable de la sécurité qui n’a pas été en mesure de fournir un bilan de cette deuxième attaque.
Dans la province centrale de Baïda, les drones américains ont été les plus actifs avec plusieurs raids contre des cibles dans la région de Sawmaa, fief d’Al-Qaïda, selon un responsable local et des sources tribales. Trois combattants présumés d’Al-Qaïda ont péri dans des attaques de drone à Al-Qaïfa, également dans la province de Baïda, selon ces dernières sources.
Certaines sources ont parlé d’au moins dix attaques dans la province de Baïda. Les forces pro-gouvernementales yéménites, soutenues depuis mars 2015 par une coalition arabe sous commandement saoudien, affrontent à la fois des rebelles houthis, qui contrôlent une partie du territoire dont la capitale Sanaa (Nord), et des groupes jihadistes bien implantés dans le sud et le sud-est du Yémen. Les combats se sont concentrés depuis le début de l’année dans la région de Mokha (Sud-Ouest), conquise début février par les forces pro-gouvernementales.
En deux ans, la guerre au Yémen a fait plus de 7 500 morts et 40 000 blessés, dont de nombreux civils, selon l’ONU.