Un couvre-feu nocturne a été décrété à partir de lundi, à Aden, deuxième ville du Yémen, après des combats impliquant des groupes armés présumés jihadistes, qui ont fait au moins 17 morts, selon l’agence progouvernementale sabanews.net et des sources de sécurité.
Par ailleurs, lundi à l’aube, un imam soufi, cheikh Ali Othman, considéré comme un modéré, a été tué par balles à Aden, un assassinat attribué au groupe extrémiste Etat islamique (EI) par des responsables de la sécurité de la ville. Le couvre-feu sera en vigueur entre 20H00 locales (17H00 GMT) et 05H00 (02H00 GMT), selon une décision de la Commission de sécurité de la province d’Aden (sud du Yémen).
L’annonce fait suite à de violents combats dimanche dans un des ports d’Aden, al-Moualla, qui ont fait 17 morts (neuf membres des forces de sécurité dont un colonel et huit assaillants), selon des sources de sécurité. Un porte-parole des autorités provinciales, cité par sabanews.net, a déclaré que « des hommes armés » ont encerclé le port pour tenter d’évincer les forces de sécurité.
Cependant, des sources de sécurité ont dit à l’AFP que les affrontements avaient éclaté quand des forces loyales au président yéménites Abd Rabbo Mansour Hadi ont tenté de se déployer dans le port pour le sécuriser complètement, se heurtant à la résistance d’hommes armés déjà présents sur les lieux. Toujours selon ces sources, les combats ont duré plusieurs heures et les forces pro-Hadi ont finalement réussi à prendre le contrôle du port. Selon des témoins, la ville d’Aden a connu dimanche un déploiement sans précédent d’hommes armés, avec une multiplication de barrages, sans que les habitants sachent à quels groupes ces combattants appartenaient. « Nous avons vécu l’horreur », a confié un témoin qui a préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité. Le Yémen a connu, depuis mars, une escalade des combats entre les forces loyales au président Hadi, soutenues par une coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, et des rebelles chiites pro-iraniens, les Houthis, qui se sont emparés fin 2014, de la capitale Sanaa et d’autres régions du pays.
Des groupes jihadistes, dont Al-Qaïda et l’EI, ont profité ces derniers mois, du chaos pour renforcer leurs positions, en particulier dans le sud du pays. Aden et quatre autres provinces du Sud ont été reconquises l’été dernier par les forces progouvernementales mais celles-ci peinent depuis à rétablir la sécurité.
Plusieurs secteurs de la ville d’Aden sont occupés par des groupes jihadistes qui ont mené ces dernières semaines une série d’attaques meurtrières contre des responsables gouvernementaux et ont fermé plusieurs facultés pour empêcher la mixité entre hommes et femmes parmi les étudiants. Depuis mars, la guerre au Yémen a fait quelque 6.000 morts, 28.000 blessés et 2,5 millions de déplacés.