Dans une décision controversée qui alimente les critiques croissantes à l’égard de sa politique étrangère, l’administration américaine a annoncé l’imposition de sanctions à l’encontre de six organisations humanitaires actives au Proche-Orient et en Europe, dont la célèbre association algérienne Al-Baraka. Cette mesure, présentée comme un effort de lutte contre le financement du terrorisme, vise également cinq personnalités accusées de soutenir des groupes armés palestiniens, en particulier la résistance palestinienne et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Le communiqué publié mardi soir par le département du Trésor américain affirme que ces entités auraient transféré des fonds et offert un soutien logistique à des mouvements palestiniens armés, qualifiés d’« organisations terroristes » par Washington. L’un des noms les plus cités est celui d’Ahmed Brahimi, président de l’association algérienne Al-Baraka, soupçonné d’avoir détourné une partie des dons récoltés au profit de la résistance palestinienne. Aucun élément de preuve n’a été rendu public à l’appui de ces accusations. Les sanctions décrétées englobent le gel des avoirs et des biens des personnes et institutions concernées aux États-Unis, ainsi que l’interdiction de toute collaboration financière avec elles. Toute entité américaine ou étrangère entretenant des relations économiques ou logistiques avec les structures sanctionnées s’expose également à des sanctions secondaires. Fondée il y a plusieurs années, l’association Al-Baraka œuvre dans l’humanitaire à l’échelle nationale et internationale, avec un engagement renforcé ces derniers mois dans la bande de Ghaza. Après l’agression israélienne entamée en octobre 2023, elle a intensifié ses campagnes de solidarité, envoyant des aides alimentaires, médicales et logistiques à la population civile prise au piège sous les bombes. Elle a ouvert plusieurs branches dans Ghaza, lancé des projets saisonniers tels que des distributions de repas chauds, des colis alimentaires, et des campagnes hivernales de soutien aux déplacés. En plus d’Al-Baraka, les sanctions américaines visent également l’organisation palestinienne Al-Dameer, active en Cisjordanie occupée, connue pour son soutien juridique aux prisonniers palestiniens. Washington l’accuse d’entretenir des liens de longue date avec le FPLP, une formation politique et militaire palestinienne classée sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis et l’Union européenne. Le département du Trésor affirme que le FPLP aurait mené des attaques meurtrières contre des civils israéliens via sa branche armée. Cette affirmation reprend la rhétorique israélienne qui, en 2022, avait servi de prétexte à des perquisitions contre Al-Dameer et plusieurs ONG en Cisjordanie, suscitant à l’époque une large condamnation de la part de l’ONU et d’autres institutions internationales. Les Nations unies avaient alors dénoncé l’absence de preuves tangibles présentées par Israël pour justifier ces mesures. Les sanctions ne se limitent pas aux territoires palestiniens. Figurent également sur la liste : la Fondation Al-Wiam (Ghaza), Waqf Palestine (Turquie), Israa (Pays-Bas) et Qubbat al-Dhahabiya (Italie), toutes accusées de servir de couverture à des financements occultes en faveur des mouvements de résistance palestinienne. Dans une déclaration officielle, Michael Volkening, secrétaire adjoint au Trésor américain, a justifié ces mesures par la nécessité de « protéger le secteur caritatif contre toute exploitation par des groupes terroristes tels que le Hamas et le FPLP ». Selon lui, ces organisations utiliseraient la couverture humanitaire pour récolter des fonds servant à financer des activités violentes, notamment à Ghaza, où des otages israéliens seraient encore détenus depuis le 7 octobre 2023. Ce discours, pourtant, est loin de faire l’unanimité. De nombreuses ONG et organisations des droits humains dénoncent un amalgame dangereux entre action humanitaire et soutien politique. À leurs yeux, ces accusations visent à criminaliser toute forme de solidarité avec la cause palestinienne et à étouffer les voix dissidentes dans la société civile, en particulier celles dénonçant le génocide en cours à Ghaza. Dans un contexte marqué par la guerre et la destruction massive à Ghaza, les efforts d’associations comme Al-Baraka ont pris une importance cruciale. Depuis le début de l’offensive israélienne, l’organisation a multiplié les campagnes de soutien au peuple palestinien, avec pour mot d’ordre : « L’Algérie et la Palestine, un seul peuple ». Elle a notamment lancé des projets de secours d’urgence, fourni des médicaments aux hôpitaux, distribué des vêtements et couvertures aux déplacés, et organisé des sacrifices de bétail pour les festivités religieuses. Loin de se cacher, l’association documente scrupuleusement ses actions, en diffusant régulièrement des rapports, des photos et des témoignages prouvant la livraison effective de l’aide dans un contexte de blocus sévère. Elle insiste sur la nature purement humanitaire de ses actions, qu’elle considère comme une expression concrète de la solidarité populaire algérienne avec la cause palestinienne, et refuse tout amalgame avec une quelconque affiliation politique ou militaire.
M. Seghilani
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