La visite du président de la République en France fait l’objet de minutieux préparatifs au cours desquels l’Algérie a émis cinq conditions que la France doit satisfaire pour garantir le succès de cet événement. Un communiqué de la présidence de la République a annoncé que le président Abdelmadjid Tebboune, a échangé, dimanche, dans un entretien téléphonique, les vœux avec le président de la République française, Emmanuel Macron, à l’occasion de l’avènement du Nouvel an. Le document précise que l’entretien a également porté sur la visite attendue du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en France, ainsi que les relations bilatérales. Il faut préciser dans ce cadre, que la visite d’État (la plus prestigieuse sur le plan protocolaire ndlr), que devra effectuer Abdelmadjid Tebboune en France, bute sur des conditions fixées par l’Algérie. Cette dernière veut assurer les meilleures conditions de réussite à cette visite au cours de laquelle, plusieurs dossiers sensibles seront discutés. Dans le même cadre, il faut rappeler que cette visite était programmée pour le mois de mai dernier avant qu’elle ne soit reportée à juin puis ajournée en raison des manifestations qu’avait vécues la capitale française lors des contestations du projet de loi sur les retraites. Dans un entretien diffusé, mercredi 28 décembre au soir, sur « Atheer », une émission de la chaîne qatarie Al-Jazzera, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf a indiqué que le visite du président Tebboune en France fait l’objet de minutieux préparatifs tout en rappelant que l’Algérie a émis cinq conditions que la France doit satisfaire pour garantir le succès à cet événement. Dans ce sens il a cité les dossiers relatifs à la mémoire, à la mobilité et la libre circulation, à la coopération économique, aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien, ainsi qu’à la restitution de l’épée et du burnous de l’émir Abdelkader. Dans ses réponses il a souligné qu’à l’heure actuelle les conditions pour programmer cette visite ne sont pas réunies. L’Algérie a toujours exigé un travail de mémoire pour dépassionner l’histoire de la présence française en Algérie et pour dévoiler encore plus la nature criminelle du colonialisme. Malgré une volonté française exprimée lors de la dernière visite d’Emmanuel Macron en Algérie et la mise en place d’une commission bipartite d’écriture de l’histoire, certaines archives détenues par la France restent inaccessibles pour les historiens. Concernant la mobilité et la libre circulation, il faut rappeler que les voyages et les séjours des citoyens algériens en France sont fixés par l’accord de 1968 signé entre les deux parties. Or, depuis l’adoption, il y a quelques jours, par le parlement français de la loi sur l’immigration, des Algériens résidant en France ont émis la crainte de subir la xénophobie affichée par l’extrême-droite qui a apporté son soutien au projet de loi présenté au vote du parlement français. Concernant la coopération économique, la partie algérienne espère voir les entreprises françaises plus engagées dans des secteurs productifs et créateurs de l’emploi. Sur le plan de la reconnaissance de la responsabilité de la France dans les dommages causés par les essais nucléaires dans les régions de Reggane et In Ikker de 1960 à 1966, l’Algérie veut voir non seulement la France reconnaître sa responsabilité dans les dommages causés à l’environnement et aux populations de la région et aussi à verser des dédommagements pour les nombreux torts relevés par les scientifiques et les historiens. Le chef de la diplomatie nationale a par ailleurs évoqué la restitution de l’épée et le burnous de l’émir Abdelkader que l’Algérie réclame et que la partie française continue de refuser en arguant le vote d’une loi permettant la restitution de ces symboles, ce qui semble n’être qu’un subterfuge et un argument non valable pour refuser ce droit à l’Algérie. Au mois d’août dernier, le président Tebboune, avait déclaré lors d’une rencontre avec les représentants des médias nationaux que sa visite en France était toujours maintenue, mais « qu’une visite d’État doit répondre à des conditions ». Des conditions qui ne semblent pas être réunies aujourd’hui, note-t-on.
Slimane B.