L’USM Alger s’attaquera ce soir et à un horaire inhabituel (21h30) dans un stade Ommar-Hammadi de Bologhine qui devrait s’avérer encore une fois en décalage plus que certain avec la portée de l’évènement, à la dernière marche menant à l’ultime stade de la plus prestigieuse des compétitions interclubs à l’échelle continentale : la manche retour des ½ finales et la perspective de faire un pas de plus sur la route de la fameuse étoile jaune et un trophée qui fait rêver ses fiefs traditionnels de Soustara et Bab El Oued.
Une semaine de… pure folie
Dans leur quête de succéder au champion sortant algérien, l’Entente de Sétif, leur premier supporter aujourd’hui, les Rouge et Noir algérois, appelés à la prudence pour ne pas vendanger leur précieux acquis d’Oum-Dourmane (Soudan) d’où ils reviennent avec une très sérieuse option sur la finale, savent que les jeux ne sont pas totalement faits. Déconseillé de dormir sur ses lauriers et croire que leurs adversaires du Hilal, qui n’ont plus rien à perdre, pourraient renverser la table et repartir avec une qualification dont le billet est à moitié composté par la bande à Hamdi qui a axé, selon ses dires, toute la préparation d’avant-match sur le travail psychologique en mettant notamment en garde ses poulains contre tout excès de confiance, le «terrain restant le seul à trancher pour la suite des évènements, même si nous partons avec un réel avantage au tableau d’affichage qu’il faudra défendre en oubliant le succès flatteur ramené d’un terrain où peu de formations en Afrique sont sorties indemnes.» Sérénité, confiance et prudence sont donc les maîtres mots dans le camp unioniste où l’on digère finalement assez bien l’affaire dite «Belaïli», qui vient de défrayer la chronique d’un football algérien qui n’avait pas, loin s’en faut, besoin d’un scandale n’ayant pas livré totalement tous ses secrets, l’onde de choc touchant pratiquement aux fondements déjà fragile d’une structure singulièrement déstabilisée par une gestion catastrophique nous renvoyant sans cesse aux vieux démons de l’époque d’un amateurisme ayant la peau dure mais les avantages en moins. L’USM Alger, en quête d’un exploit continental se rapproche plus que jamais du paradis en entrouvrant grandement les portes à l’arrivée de son dernier périple soudanais conclu sur un succès inattendu au moment où le club, engagé sur plusieurs fronts, perdait son maître à jouer en raison d’une sombre question de «consommation de produits (on n’en saura pas plus mais tout le monde aura deviné, ndlr, que le mis en cause, qui reconnaît les faits graves qui lui sont reprochés, a touché à des substances interdites, c’est-à-dire des drogues dures et devra payer par conséquent pour son geste, accepter son sort) prohibés». Une folle semaine placée sous le signe de toutes les rumeurs. Toutes les peurs.
Toutes les qualités pour … ?
L’USM Alger, actuel leader (il partage provisoirement le fauteuil avec le CR Belouizdad mais compte une sortie en moins qu’il devra disputer mardi prochain face au MO Béjaïa) de Ligue1 «Mobilis» semble avoir réagi à la punition de son chef d’orchestre de la meilleure manière, en allant démentir les craintes avec un coup d’éclat, pas à la portée de n’importe qui, en champions league et, surtout, à un stade de la compétition où il n’est jamais évident de tirer son épingle du jeu. Qui plus est en dehors, très loin de ses bases. Une belle sortie et des enseignements. Une victoire probante, décisive presque (mais «il faudra terminer le boulot aujourd’hui à Alger en faisant preuve de vigilance», avertit son jeune coach, Hamdi) et la confirmation que, «dans la maison usmiste on ne laisse pas tomber ses enfants dans les dures épreuves», dira son président Haddad qui laisse la porte ouverte au joueur fautif (une faute grave dont il devra «assumer l’entière responsabilité» rétorquent en chœur les observateurs) afin de se préparer à un hypothétique retour sur les terrains qu’il sait difficile. Tout aussi difficile pour un club, en quête de reconnaissance internationale (comme par exemple aller chercher le plus recherché des titres, à savoir la couronne continentale) et qui n’est plus qu’à 1 heure et demie de le tutoyer, de se relever d’une telle tempête. Une équipe qui a su puiser dans ces vents contraires, dans la douleur de l’une des ses stars pour sortir le match qu’il fallait en allant s’imposer (on ne retient que la belle performance dans un stade d’Oum Dourmane qui semble réussir au football algérien) sur des terres hostiles même si le public, sportif, a rarement, ou jamais, dépassé les règles de la bienséance et de l’hospitalité en restant digne dans la défaite. Une équipe plus que jamais soudée, solidaire et qui frappe un grand coup dans le ciel soudanais et revient (ne dit-on pas que «seule la victoire est belle ? ») au pays avec la moitié du billet qualificatif en poche et des rêves plein la tête. Le Graal plus que jamais à portée des pieds d’un onze qui a, selon la majorité des anciens dirigeants et joueurs, à l’instar entre autres de l’ancien président Saïd Allik, dont le nom est intimement lié aux nombreux titres nationaux décrochés, «toutes les qualités pour donner à l’USMA le titre qui manque tant à sa vitrine et rejoindre ainsi au firmament le trio MCA- JSK- ESS, les seules formations algériennes à inscrire, en lettres d’or, leurs initiales dans le livre des champions.»
Confiants mais pas trop
Mais avant d’y arriver et voler haut dans les cieux africains, il leur faudra, exige leur coach, qui ne s’enflamme pas trop et les prévient de toute mauvaise surprise, « terminer le boulot». En insistant sur la «difficulté de la mission, l’adversaire débarquant à Alger avec la nette intention de refaire son retard et de repartir avec la qualification.» Unanimes, les joueurs qui se sont exprimés dans les différentes colonnes des journaux, ont reçu le message «cinq sur cinq» et comptent aborder cet ultime virage menant à l’exploit (qualification historique à une finale de C1 en attendant mieux) avec «la détermination de jouer pour gagner et ne pas offrir l’occasion aux Hilalis de renverser la vapeur à leur avantage.
Qui plus est dans notre jardin de Bologhine et devant notre merveilleux public que nous ne comptons pas décevoir si près du but.» Confiants mais pas trop, on dira prudents, ils rassurent qu’ils ont maintenant «acquis une bonne dose d’expérience pour gérer au mieux la rencontre et éviter d’éventuels pièges. Toute mauvaise surprise, les matches de football restant toujours aussi imprévisibles (…) Savoir que ça va être une première ne sera donc qu’une motivation supplémentaire pour nous.» Contre un vis-à-vis en quête de rachat et qui n’a pas dit son dernier mot, ne jure que par la victoire, «il ne faut surtout pas baisser la garde et rester concentrés au maximum. En prenant la rencontre avec tout le sérieux voulu, les dès n’étant pas définitivement jetés. Nous savons ce que nos fans en particulier et le public algérien en général, attendent de nous et nous donnerons le meilleur de nous-mêmes pour sortir le grand jeu et finir la belle besogne entamée superbement à Khartoum. Nous sommes conscients que ce n’est pas encore acquis, c’est pourquoi on fera l’effort supplémentaire pour ne pas gâcher nos chances tout près du port.» En somme, et du côté du cercle du club, on reste conscient, les expériences passées maintenant apprises par cœur, qu’il ne faut surtout pas se louper au bon moment, les supporters croyant que, cette fois plus que d’autres, «l’Union fera à nouveau la force comme lors de bien des campagnes conclues positivement.» Qui mieux, en conclusion, que Allik, un des grands artisans du retour des Usmistes dans la cour des grands avec une kyrielle de consécrations, pour rappeler aux joueurs, qu’à l’aller, «Al Hilal n’a pas montré son meilleur visage (…) Qu’il faut rester prudent, ne pas tomber dans la facilité, garder la tête bien sur les épaules et ne pas se croire déjà en finale. Rester fort sur tous les plans, faire preuve de concentration et veiller à bien gérer la pression.» Sa conviction et celle de tous les amoureux du club ? «La confiance en l’équipe dirigeante et en le staff technique pour la gérer au mieux.» Le reste, c’est aux joueurs de l’écrire. En confirmant Oum Dourmane par un feu d’artifice.
Par Azouaou Aghiles