Un soldat israélien a été tué et quatre autres grièvement blessés lors d’une opération de résistance qualifiée de « complexe » menée par les Saraya al-Qods (Brigades al-Qods) à l’est du quartier de Choujaïya, dans la bande de Ghaza assiégée. Cette nouvelle attaque, qui intervient au cœur de violents affrontements opposant la résistance palestinienne aux forces d’occupation, met une fois de plus en évidence la vulnérabilité croissante de l’armée israélienne face aux tactiques de guérilla et aux embuscades soigneusement préparées dans le territoire palestinien. Selon un commandant sur le terrain des Saraya El-Qods, l’opération s’est déroulée mercredi matin. Elle a débuté par le déclenchement d’un champ de mines placé sur la trajectoire de véhicules blindés israéliens, entraînant la panique parmi les soldats et officiers qui ont cherché refuge dans les habitations voisines. Profitant de ce moment de confusion, les combattants de la résistance ont visé les troupes retranchées à l’intérieur des maisons avec un missile guidé, suivi d’un tir de roquette TBG conçu pour percer les fortifications. « Nous avons surpris les forces ennemies à très courte distance, engageant un échange de tirs nourris à l’arme légère et moyenne. Résultat : plusieurs officiers et soldats ont été tués ou blessés », a précisé le commandant.
Aveu de lourdes pertes
Les médias israéliens ont reconnu la perte d’un soldat issu de l’unité Egoz, spécialisée dans la guerre de guérilla, et ont confirmé que quatre autres soldats ont été grièvement blessés lorsqu’un engin explosif improvisé a frappé un char dans le secteur visé. Les chaînes d’information israéliennes, dont la Chaîne 12, ont décrit l’incident comme « très grave », soulignant la complexité des combats urbains menés par la résistance. Ces pertes viennent s’ajouter à un bilan déjà alarmant pour l’armée israélienne. Selon les chiffres officiels, le « Tsahal » admet avoir perdu 880 soldats depuis le 7 octobre 2023, dont 438 depuis le début de son offensive terrestre dans la bande de Ghaza, et 30 autres depuis la reprise des hostilités le 19 mars dernier. Rien que durant la dernière semaine, 20 soldats auraient trouvé la mort lors des opérations intensives à l’intérieur du territoire assiégé.
Une résistance multiforme et coordonnée
Parallèlement à l’opération des Saraya El-Qods, les Brigades El-Qassam, branche armée de la résistance palestinienne, ont revendiqué plusieurs tirs de roquettes. Mardi, elles ont annoncé avoir frappé les colonies israéliennes de Nir Isaac et Meftaheem, situées au nord de Khan Younès, avec une salve de missiles Q20. Ces tirs visent à harceler les arrières des troupes d’occupation et à semer l’insécurité au cœur des implantations israéliennes, exposant une fois de plus l’échec des systèmes de protection censés neutraliser ces projectiles. Il y a deux semaines, les Brigades Al-Qassam avaient également revendiqué le bombardement de la colonie de Maghen avec leur système de roquettes de courte portée « Rajoum » de calibre 114 mm. Et le 28 juin dernier, elles avaient annoncé avoir visé quatre excavatrices israéliennes de type « Bwaqer » avec des roquettes « Yassin 105 » dans la localité de Abasan Al-Kabira, toujours dans l’est de Khan Younès.
Une guerre d’usure qui ne faiblit pas
Ces opérations s’inscrivent dans une stratégie de harcèlement continu qui épuise les forces israéliennes et contrarie leurs tentatives d’installer une « zone tampon » à l’intérieur de la bande de Ghaza. Malgré les destructions massives, le siège implacable et les tentatives de démoralisation, la résistance palestinienne continue de surprendre par sa capacité à s’adapter et à exploiter la topographie urbaine pour mener des attaques ciblées. Les témoignages recueillis à Ghaza indiquent que ces embuscades sont souvent préparées de longue date. Des tunnels, des explosifs artisanaux et des tirs de précision permettent aux combattants de contourner l’écrasante supériorité technologique de l’armée israélienne. Cette asymétrie nourrit une guerre d’usure où le moindre soldat perdu devient une défaite psychologique et politique pour le gouvernement israélien, déjà fragilisé par les divisions internes et les critiques de la communauté internationale.
Une population prise en étau
Pendant ce temps, la population civile de Ghaza, déjà exsangue après plus de 21 mois de blocus et de bombardements intensifs, paie le prix fort. Les incursions terrestres israéliennes dans les quartiers densément peuplés comme Choujaïya entraînent inévitablement de nouvelles destructions, déplacements et pertes humaines. Pourtant, malgré l’extrême précarité, les habitants continuent d’apporter un soutien logistique et moral aux factions de la résistance, convaincus que la survie de leur territoire passe par ces actions de guérilla. Les observateurs estiment que la situation humanitaire est désormais l’une des plus critiques au monde, exacerbée par les restrictions sur l’acheminement de l’aide, les attaques contre les infrastructures médicales et l’absence de perspective de cessez-le-feu durable.
Tsahal à la croisée des chemins
Face à ces pertes répétées, la pression s’accentue sur les autorités militaires et politiques israéliennes, accusées de sous-estimer la résilience de la résistance palestinienne. Alors que le gouvernement israélien affirme vouloir « éradiquer » les capacités militaires des factions de Ghaza, la réalité du terrain démontre une tout autre dynamique : loin de se dissoudre, la résistance palestinienne diversifie ses moyens de lutte et frappe là où l’armée ne s’y attend pas. Pour de nombreux analystes, la poursuite de l’opération terrestre risque de devenir un piège coûteux et ingérable, tant sur le plan humain que stratégique, surtout à l’heure où la scène internationale multiplie les appels à la désescalade et à la fin du blocus. Cette nouvelle opération des Saraya al-Qods confirme la détermination intacte des factions armées de Ghaza à riposter à chaque incursion et à maintenir une pression constante sur les troupes israéliennes. Sur le terrain, les combats s’intensifient, et chaque perte du côté israélien amplifie le débat sur la faisabilité et le coût réel d’une occupation prolongée d’un territoire qui refuse de plier.
M. S.