Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : Mayotte et « les bienfaits » de la France

Un reporter dans la foule : Mayotte et « les bienfaits » de la France

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Mayotte, que le cyclone « Chido » vient de décimer, est située dans l’archipel des Comores, face à la côte orientale de l’Afrique. Elle est composée de deux iles, la Grande terre et la petite terre. C’est en 1841 que la France a pris possession de ce territoire. L’État comorien indépendant depuis 1975 revendique la souveraineté sur Mayotte actuellement déclarée département français d’outre-mer. Le désastre est tel, après le passage du cyclone, que les médias français font des contorsions pas possibles pour cacher la non-assistance d’un peuple en danger, de leurs autorités vis-à-vis des 300.000 mahorais. Et pour cause, voilà 183 ans que la France occupe Mayotte et que les trois quarts de la population vivent toujours dans des conditions de misère absolue. Près de deux siècles d’occupation et rien n’a été entrepris par l’État français au profit de la population. Sans logements, 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon un rapport de l’INSEE (Institut français). Le chômage touche 70% de mahorais. Il n’y a pas d’eau courante. Les mahorais doivent se contenter de l’eau qu’ils captent en surface. Pas d’électricité ou très peu en fonction de ce que peut produire un groupe électrogène. Le dénuement complet d’une population livrée à son sort. Après le passage du cyclone, tous les bidonvilles ont été rasés. Seules quelques constructions en béton, habitées par des expatriés de l’Hexagone sont restées debout. « Toute la population est sinistrée » témoigne un journaliste français. Alors que le bilan officiel des victimes fait état, trois jours après le cyclone, de 22 morts, ce sont des milliers de morts que les secouristes estiment sous les décombres. La population n’a plus rien à manger. Les épidémies guettent. Les pillages créent une situation d’insécurité que les 600 gendarmes sur place ne peuvent pas assurer. Face à cette situation apocalyptique, l’Élysée, après avoir longuement réfléchi, a annoncé qu’un jour de deuil sera déclaré. Il faut même préciser que le premier ministre, François Bayrou, a déclaré, mardi dernier, aux députés français que Mayotte (département français) est « hors du territoire national ». Sa pensée a devancé sa parole. Ce qui en dit long sur le mépris qu’ont les dirigeants français des mahorais. Le journal « Le télégramme » rapporte ce témoignage consternant d’une infirmière « c’est incroyable, il ne reste, pour ainsi dire, rien de l’île. Rien qu’une immense déchèterie à ciel ouvert». Sous le titre « À Mayotte, un drame écrit d’avance » le journal Mediapart écrit en substance : « Après le passage du cyclone Chido, les manquements de l’État, incapable de répondre aux attentes des habitants de Mayotte, sont criants. Les victimes pourraient se compter par centaines, voire par milliers, a prévenu le préfet. Tous les réseaux sont touchés : eau, électricité, téléphone, pistes… Les risques étaient pourtant connus… ». Il s’agit, vous l’aurez deviné, de quelques réalisations modernes au bénéfice des expatriés. Quant aux autochtones, ils vivent encore à l’âge de pierre. Pendant ce temps-là, le premier ministre, François Bayrou, a d’autres priorités comme de se rendre en Jet à Pau dont il est le maire. Tandis qu’Emmanuel Macron se déplace à Lyon. Mayotte peut bien attendre. Les mahorais sont bien habitués aux ravages des cyclones. Il y en a eu 13 depuis 1836 sans que les « bienfaits » de Marianne n’aient pu atteindre ce territoire accaparé par la France. Les images de désolation d’un peuple complétement démuni dans un « département » français traduit le grand mensonge de « la France qui apporte la civilisation aux peuples qu’elle envahit » lors de ses conquêtes et inscrit dans la loi du 23 février 2005. L’image, d’un autre âge, de cette foule de mahoraises, lavant leurs linges sur le bord d’un cours d’eau, suffit pour attester du « rôle positif (sic) » de la France dans ses colonies. Macron a programmé de se rendre aujourd’hui jeudi à Mayotte. Prendra-t-il dans ses bagages la déclaration universelle des droits de l’homme, signée à Paris au Palais de Chaillot le 10 décembre 1948 ? Pas si sûr, puisque l’esbrouffe est sa marque de fabrique !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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