Accueil MONDE Un pétrolier iranien arraisonné à Gibraltar : Téhéran proteste

Un pétrolier iranien arraisonné à Gibraltar : Téhéran proteste

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L’opération intervient quelques jours après l’annonce du dépassement par Téhéran de la limite imposée à ses réserves d’uranium faiblement enrichi. Un navire iranien soupçonné de livrer du pétrole à la Syrie, en violation des sanctions contre Damas, a été arraisonné, jeudi 4 juillet, au large du territoire britannique de Gibraltar, entraînant la convocation de l’ambassadeur britannique à Téhéran.

Selon le ministre espagnol des Affaires étrangères Josep Borrell, l’opération aurait eu lieu à la suite d’une « demande adressée par les États-Unis au Royaume-Uni». L’arraisonnement du pétrolier est une « excellente nouvelle», a commenté le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton sur Twitter, sans confirmer que les États-Unis avaient demandé l’interception de ce navire.
Téhéran a demandé à Londres la « libération immédiate» du pétrolier iranien et dénonce l’interception du navire comme un acte de « piraterie», selon un communiqué officiel publié ce vendredi.
La requête iranienne a été présentée jeudi soir, à l’ambassadeur du Royaume-Uni à Téhéran, à l’occasion de sa convocation au ministère des Affaires étrangères, indique ce dernier, affirmant que le navire-citerne arraisonné jeudi l’avait été « dans les eaux internationales».
L’opération intervient quelques jours après l’annonce du dépassement par Téhéran de la limite imposée à ses réserves d’uranium faiblement enrichi, sur fond de tensions exacerbées avec Washington qui font craindre un embrasement dans la région du Golfe. En réaction à l’interception de ce navire baptisé Grace 1 et battant pavillon panaméen, Téhéran a convoqué l’ambassadeur du Royaume-Uni en Iran pour dénoncer « l’interception illégale d’un pétrolier iranien», selon un porte-parole des Affaires étrangères iraniennes. Gibraltar n’a pas précisé l’origine du pétrole, mais, selon la publication spécialisée dans le transport maritime Lloyd’s List, ce pétrolier aurait chargé en Iran en avril, avant de faire le tour de l’Afrique et de rentrer en Méditerranée, où il a été intercepté jeudi alors qu’il faisait route vers la Syrie, selon Gibraltar.

«Violation des sanctions»
« Nous avons des raisons de croire que le Grace 1 amenait sa cargaison de pétrole brut à la raffinerie de Banias en Syrie […], propriété d’une entité sujette aux sanctions de l’Union européenne contre la Syrie», et agissait « en violation» de ces sanctions, a indiqué le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo, dans un communiqué. Damas est la cible depuis le début du conflit en 2011 de sanctions internationales, qui touchent notamment son secteur pétrolier.
En novembre, le Trésor américain a menacé de sanctions les personnes ou sociétés livrant des produits pétroliers au gouvernement syrien. Le Premier ministre syrien Emad Khamis a indiqué que les livraisons de pétroliers iraniens s’étaient arrêtées depuis. Selon Damas, le secteur des hydrocarbures syrien a subi depuis 2011 des pertes estimées à 74 milliards de dollars.
Jeudi après-midi, l’équipage du navire, stationné à l’est de Gibraltar, était interrogé par les autorités du territoire britannique situé à l’extrême sud de l’Espagne. La police et les douanes de Gibraltar, assistées d’un détachement de Royal Marines britanniques, ont arraisonné le pétrolier tôt jeudi à environ quatre kilomètres au sud du «Rocher».

Souveraineté
L’opération a eu lieu alors que le pétrolier ralentissait dans une zone utilisée par les navires pour se faire ravitailler, notamment en nourriture, et considérée par Gibraltar comme faisant partie des eaux territoriales britanniques. Ce qui est contesté par l’Espagne, qui revendique la souveraineté sur ce territoire. « Nous étions naturellement au courant de cette opération», mais « nous sommes en train de regarder de quelle manière cela touche à notre souveraineté», a souligné Josep Borrell devant la presse.
Dans un communiqué, le ministère britannique des Affaires étrangères a « salué cette action ferme des autorités de Gibraltar qui ont agi pour faire respecter le régime européen de sanctions à l’encontre de la Syrie».
Fabian Picardo a indiqué avoir « écrit aux présidents de la Commission et du Conseil européens pour leur communiquer les sanctions prises» par Gibraltar à l’encontre du navire.
Mais contactée par l’Agence France-Presse, la Commission européenne s’est refusée à tout commentaire. Avant d’être arraisonné à Gibraltar, le Grace 1, qui avait quitté les Émirats le 13 mai, a fait le tour de l’Afrique depuis le Golfe au lieu d’emprunter le canal de Suez, selon Marine Traffic.

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