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Trump : le candidat Picsou

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Le magnat new-yorkais juge que les millions dépensés en campagne sont du gaspillage. Il compte sur le parti pour y remédier. Un pari hasardeux.
Dans la quête aux millions de dollars, indispensable viatique de la course présidentielle, Trump refait son retard ! Le mois dernier, le candidat républicain a collecté 82 millions de dollars, presque autant que les 90 millions engrangés par Hillary Clinton.
C’est la première fois depuis le début de la campagne que le magnat new-yorkais peut se targuer d’avoir levé un montant de dons quasi équivalent à son adversaire démocrate. Plus de la moitié des sommes provient de petits donateurs qui ont déboursé moins de 200 dollars. Une bonne nouvelle pour Donald Trump qui jusqu’ici restait très à la traîne dans la course aux dollars.
Mais faudrait-il encore qu’il dépense ses millions ! En la matière, le candidat républicain continue à mener une campagne totalement inédite. Ou plutôt une absence de campagne. Il refuse toujours de desserrer les cordons de la bourse et s’appuie sur une organisation squelettique au lieu de mettre en place une infrastructure sur le terrain. Trump a consacré plus de ressources à louer les stades pour ses meetings électoraux qu’à étoffer ses équipes. Début août, sa campagne comptait 80 employés au niveau national et même s’il a ouvert récemment des permanences dans l’Ohio et la Floride, il fonctionne toujours avec des effectifs minuscules. Il a également très peu investi en sondages et effectué son premier achat d’espace publicitaire dans les États importants (les swing states, ceux qui peuvent basculer et décider de l’issue du scrutin) seulement la semaine dernière, prévoyant de dépenser 4,8 millions de dollars.

Le parti mis à contribution
Le promoteur immobilier répète que l’argent investi dans les campagnes électorales lui paraît être gaspillé. Il préfère faire sa pub sur les réseaux sociaux et les médias. Quant à la logistique, il a décidé de sur les infrastructures du Parti républicain (RNC) et notamment sur ses 500 organisateurs basés dans une quinzaine d’États. Ce sont donc eux qui sont chargés d’identifier les électeurs républicains, de les mobiliser, d’assurer leur inscription sur les listes électorales… Il s’appuie aussi sur le RNC pour l’organisation de la collecte de fonds en ligne, les relances par courriers et courriels, toutes choses qui relève d’habitude de la responsabilité des équipes du candidat.
Ce refus délibéré de développer une infrastructure de campagne inquiète terriblement les huiles du parti qui estiment que le RNC n’a ni les moyens ni l’organisation nécessaire pour concurrencer Hillary Clinton. Car la candidate démocrate, elle, ne laisse rien au hasard et a mis en place une énorme machine.
Elle a recruté quelque 700 employés, dépensé à la fin juillet 108 millions en spots télé et prévoit une nouvelle campagne sur les ondes de 80 millions de dollars à l’automne.
Elle bénéficie aussi de l’argent levé par le biais des super PACS, ces organisations qui peuvent collecter des montants illimités dans la plus parfaite opacité de la part d’entreprises ou d’individus fortunés. Priorities USA Action par exemple a collecté 9,9 millions de dollars en juillet. Les super PACS pro-Trump font pâle figure à côté. Great America PAC n’a levé que 2,5 millions sur la même période. Beaucoup de gros bailleurs de fonds comme les frères Koch ou American Crossroads, fondé par Karl Rove, l’ancien stratège de George Bush, boudent Trump et ont décidé de ne pas lui donner un sou, préférant se focaliser sur les législatives.

Priorité au Congrès ?
Ils ne sont pas les seuls. Compte tenu de la chute du milliardaire new-yorkais dans les sondages, de plus en plus de républicains demandent à ce que le parti se recentre sur les élections au Congrès qui ont lieu en même temps et consacre toutes ses ressources à faire élire des républicains au Sénat et à la Chambre. 70 membres influents du parti ont envoyé, il y a quelques jours, une lettre au président du RNC.
Le message est sans ambiguïté : « Nous croyons que le côté diviseur, l’inconséquence, l’incompétence et l’impopularité record de Donald Trump risquent de provoquer un raz-de-marée démocrate lors de l’élection, et seul le transfert immédiat de toutes les ressources disponibles du RNC vers les candidats vulnérables au Sénat et à la Chambre empêchera le Parti républicain de se noyer avec autour du cou une ancre aux armes de Trump. Cela ne devrait pas être une décision difficile puisque les chances de Donald Trump d’être élu président s’évaporent de jour en jour. »
Ce n’est pas la première fois que les républicains appellent à boycotter leur propre candidat. En octobre 1996, le parti estimant que Bob Dole n’avait aucune chance face à Bill Clinton a recentré sa campagne sur les candidats au Congrès et encouragé les électeurs à voter républicain aux législatives pour éviter de donner « un chèque en blanc » aux démocrates.
Avec succès. Ils ont conservé leur majorité dans les deux chambres. Le président du RNC a démenti dimanche l’idée d’une réallocation des fonds vers les candidats au Congrès. En attendant, à trois mois des élections, la situation financière de Donald Trump n’est guère brillante. Il dispose d’une somme moitié moins importante que sa rivale.

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