Pour nous, Sahraouis, la résistance signifie mener un combat contre l’occupation marocaine sous toutes ses formes : politique, médiatique, culturelle, juridique et diplomatique.
C’est une lutte quotidienne, multiple, enracinée dans notre existence humaine et dans notre attachement à notre droit naturel à la terre et à la liberté. Ce droit ne peut être confisqué par aucune force.
La question sahraouie n’est pas une simple divergence politique réglable dans des bureaux feutrés ni un jeu de « gagnant-perdant ». Il s’agit d’une question de décolonisation non achevée, reconnue par la communauté internationale. Depuis 1940 jusqu’à aujourd’hui, l’histoire contemporaine l’a démontré à maintes reprises : les peuples, lorsqu’ils s’unissent pour défendre leurs droits, empruntent un long chemin vers la liberté, mais ils finissent toujours par y parvenir.
Notre lutte nécessite de nouveaux choix, une vision claire et des engagements concrets. Elle exige également une présence forte sur tous les fronts : diplomatique, médiatique, militant, et juridique. Cela passe par la définition d’un projet politique mobilisateur, capable de toucher les consciences du monde et de transmettre la voix du peuple sahraoui, surtout en cette période où les crimes de l’occupation s’intensifient et où les discours hostiles cherchent à déformer notre cause juste.
Notre cause est juste, parce qu’elle est celle d’un peuple dont l’identité a été menacée d’effacement. La résistance, pour être efficace, doit être globale : un combat politique, culturel, juridique, militaire et même symbolique. L’occupation marocaine n’a épargné aucun moyen pour tenter d’éteindre l’espoir sahraoui ; elle a exploité la propagande, la désinformation, la répression militaire, les arrestations arbitraires et les détentions prolongées. Pourtant, malgré tout cela, elle n’a pas réussi à faire taire le peuple sahraoui.
Les expériences de nombreux peuples du monde, notamment en Afrique, nous enseignent que la volonté d’indépendance finit toujours par l’emporter. La colonisation française en Algérie, par exemple, a duré 132 ans avant que la révolution ne triomphe. Le peuple palestinien lutte depuis 1948 pour son État. Le peuple sud-africain a affronté l’apartheid jusqu’à la victoire en 1994. Les peuples vietnamien, latino-américains et d’autres encore ont payé de lourds sacrifices. Mais leurs luttes ont enseigné à l’humanité que la liberté ne se donne pas : elle se conquiert.
Le conflit au Sahara occidental n’est pas un conflit interne. C’est un conflit entre un peuple et une puissance d’occupation. Le Maroc a cherché à le réduire à un simple débat régional ou tribal, afin de diluer la dimension véritable de la question : une question de droit international, de décolonisation et d’autodétermination. La Cour internationale de Justice l’a clairement affirmé en 1975 : il n’existe aucun lien de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental. Le seul cadre juridique reste celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Aucune force ne peut supprimer l’existence d’un peuple ni effacer sa mémoire. Les années passent, les générations se succèdent, mais le message demeure le même : l’attachement à la terre, à l’identité, à la dignité, à la liberté. Et c’est ce message que portent aujourd’hui les jeunes Sahraouis, que ce soit dans les territoires occupés, dans les camps ou à l’étranger.
Je crois fermement que la paix véritable repose sur la justice. Or la justice signifie le respect du droit international, non sa violation. Le peuple sahraoui a suffisamment souffert : disparitions forcées, exils, dispersions, torture, procès inéquitables, pillage des richesses naturelles… Pourtant, la volonté de paix n’a jamais disparu. Mais la paix ne peut se construire que sur la base du droit, non sur l’injustice.
En ce moment où nous célébrons la 48è édition d’EUCOCO, à Paris (28–29 novembre 2025), nous renouvelons notre engagement envers les valeurs de liberté, de paix et de solidarité internationale. Nous invitons les défenseurs des droits humains, les peuples libres et les consciences vives du monde à se tenir aux côtés du peuple sahraoui, dans son combat légitime pour l’autodétermination et pour un avenir où règnent la justice et la dignité.
Car le chemin vers la liberté est peut-être long, mais il est certain. Et les peuples qui ont cru en la justice ont toujours fini par vaincre.
Par Ennaâma Asfari
Militant et prisonnier politique sahraoui, enlevé le 7 novembre 2010, victime des tortures infligées au camp de rétention de Kdhaïmia, dit «Daoudya»











































