De par sa spécificité d’énergie renouvelable et inépuisable, meilleure alternative aux énergies traditionnelles connues, la transition énergétique constitue l’un des chantiers prioritaires à l’ère de la nouvelle Algérie dans le cadre Plan de relance économique initié. Le professeur Chams Eddine Chitour, ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, invité de la Radio nationale d’expression française chaîne 3, s’est attelé, hier, à donner les grands axes des chantiers que son département s’apprête à lancer à savoir un projet ambitieux de réalisation de 4 000 MW de centrales d’énergie renouvelable d’ici 2024 et 15 000 MW d’ici 2035. Un rêve caressé, qui nécessite beaucoup de rigueur et d’abnégation, et surtout une adhésion populaire, dont le ministre semble en être conscient des défis à relever.
Le « sérieux problème » de la surconsommation
« C’est un immense chantier qui nous a été, ainsi, confié par le président de la République à travers une vision nouvelle, pour sortir de l’ébriété énergétique actuelle et aller vers la sobriété énergétique car, ajoute-t-il, tous les calculs montrent que si nous continuons de la sorte nous allons avoir un sérieux problème d’ici 2030. Il faut donc savoir si nous devons exporter de l’énergie ou la consommer, sachant que les deux à la fois nous est impossible », a déclaré d’emblée, l’hôte de Souhila El Hachemi, avec un air où se mêle à la fois l’obligation de réussir, et celle de devoir faire un peu vite pour atteindre ces objectifs au plus tard d’ici à la fin de la décennie.
« Nous sommes dans un monde où il n’y a pas de pitié pour les faibles. Nous avons d’immenses chantiers et surtout des défis. Le défi de l’énergie à l’échelle mondiale, celui de l’eau, l’environnement, le changement climatique » a expliqué le ministre Chitour, ajoutant qu’à partir de ce constat, « nous devons faire preuve d’intelligence, de la nécessité d’avoir une visibilité pour savoir où on est à présent, pour justement savoir ou on veut aller.
La lutte contre le gaspillage reste « la seule issue possible »
Pour y arriver, l’ex-ministre de l’Enseignent supérieur sous le même gouvernement, préconise de faire un état des lieux sur notamment les capacités dont nous disposons, ainsi que les moyens financiers en notre possession. Mais aussi et surtout lutter contre le gaspillage qui compromet l’avenir des générations futures car, enchaîne-t-il, les énergies fossiles) sont des ressources en diminution, précisant à titre illustratif que l’Algérie dispose 2 500 milliards de mètres cubes de gaz, soit une consommation d’une vingtaine d’années. « Si nous restons dans ce rythme de consommation c’est une Algérie stérile que nous allons laisser aux générations futures » a-t-il averti dans ce contexte. Que faire alors ?
« Notre stratégie au ministère c’est de passer d’un mode de consommation fossile à un mode, à la fois fossile et renouvelable, à travers une consommation du fossile en quantité raisonnable et celle du renouvelable », a-t-il expliqué.
En termes simples et plus accessibles, il s’agit de passer à l’économie des énergies qui constitue actuellement le plus grand gisement énergétique dans le pays, sachant le pays gaspille 10 à 15% de l’énergie qu’on aurait pu épargner. La clé de voute c’est donc la lutte contre le gaspillage. Dans ce registre, le ministre Chitour s’est adonné volontiers à des chiffres comparatifs entre le gain et les pertes.
« Un robinet qui fuit c’est 40 000 litres d’eau en une année, sans compter le gaspillage en gaz et pétrole. Donc notre objectif c’est d’atteindre 10% d’économie énergie. Nous consommons 60 millions de tonnes de pétrole et 10% c’est 6 millions de tonnes, soit 45 millions de barils qui est l’équivalant de 1,8 milliard de dollars au prix actuel », a-t-t-il détaillé.
Il a fait savoir, à ce sujet, qu’il existe trois grands secteurs qui font du modèle énergétique algérien un modèle perverti basé uniquement sur le confort de l’individu et non sur la création de richesse.
Un modèle réparti comme suit, selon la même source : près de 30% pour le résidentiel, 20 à 25% pour l’habitat et enfin 30 à 35% pour le transport, alors que l’agriculture et l’industrie c’est à peine 20% et c’est donc dans ces 3 secteurs qu’il faut faire des économies d’énergie.
« Le challenge pour le moment c’est le transport ou nous prévoyons, dans l’immédiat avec l’autorisation du ministère, la mise en place de 200 000 voitures converties au GPL, soit autant de kits, permettant d’économiser 200 millions de tonnes d’essence que nous allons remplacer par 300 millions de GPL. Soit une réduction de la facture des importations de carburants de 200 à 60 milliards de dollars, à condition que tout le monde adhère à cette opération », a soutenu le ministre Chitour. Et d’ajouter : « Cette opération commencera par tous les parcs des administrations afin de donner l’exemple sur notre bonne foi pour que les autres puissent suivre. Après ce sera au tour des chauffeurs de taxis dont 50 000 kits ont été prévus pour ce créneaux », a affirmé le ministre.
Le diesel est un danger public
L’autre ambition que se propose de réaliser l’invité consiste à diminuer l’usage du diesel, « un danger public », en le remplaçant progressivement par le fioul et le GNC et, par ailleurs, aborder une autre phase consistant en l’introduction progressive de véhicules roulant à l’électricité.
Nous ambitionnons, annonce-t-il, d’introduire outre des véhicules de tourisme, des bus et des trains utilisant le même type d’énergie, pour lesquels, signale-t-il, quatre bornes de recharge ont déjà été installées.
« En sortant des anciens schémas et en faisant preuve d’imagination », l’objectif tend à aller vers un usage grandissant de l’énergie produite par le soleil, pour créer des villes nouvelles, et alimenter les habitations, les administrations publiques et le secteur agricole en électricité », a conclu le Ministre Chitour.
Brahim Oubellil