Les adeptes des planches se sont particulièrement délectés, samedi soir au théâtre régional Mohamed- Tahar-Fergani de Constantine, de la générale de la pièce «Qui Trump qui».
Ecrite et mise en scène par Ahmed El Agoun, cette pièce tragicomique se veut un regard humaniste sur un monde dévasté par les guerres, en proie à des divisions permanentes, un monde où l’interdit est transgressé et les lois bafouées, selon le bon vouloir des grandes puissances.
Dressant un portrait au vitriol des relations internationales, cette dernière production du théâtre régional de Skikda a offert au public une œuvre singulière qui, à travers le prisme esthétique du surréalisme, fait cohabiter sur scène neuf personnages complexes et drôles portés par des comédiens au talent reconnu à l’exemple de Bouha Seif Eddine, Boufenar Abderaouf pour ne citer qu’eux.
Ainsi, les événements de la pièce qui se déroulent sur plusieurs temporalités différentes s’enchevêtrent pour nous présenter la folle démarche d’une reine occidentale et d’un président d’une puissance étrangère pour sponsoriser des guerres, soutenir des dictatures qui leurs sont assujetties, le tout en faisant semblant de célébrer la paix. N’hésitant pas à montrer la déchéance du monde arabe du doigt, cette œuvre sublimée par la musique de Said Bouchelouche, la scénographie d’Abderrahaman Zaâboubi et la chorégraphie de Nouara Idami, a largement réussi son pari de faire rire les spectateurs malgré le propos sérieux, tant les dialogues sont vifs, drôles et percutants. Pour de nombreux spectateurs présents au TRC, la pièce d’Ahmed El Agoun fera date dans l’histoire des productions du théâtre régional de Skikda car en dépit de la gravité du thème abordé, elle a su rester drôle et pertinente sans jamais verser un discours de »victimisation » et évitant tout manichéisme.