«C’est la défaillance du transport collectif, qui a fait que les taxis clandestins pullulent à chaque station et recoin de la ville, en un mot ils sont partout», nous ont déclaré des habitants, visiblement en colère, que nous avons approchés hier au niveau du centre-ville en quête d’un hypothétique taxi pour rentrer à la nouvelle ville Ali Mendjelli, mais en vain, car les rares taxis qui passent refusent de prendre certaines destinations. Toutefois nos interlocuteurs attestent quand même que c’est grâce à ces clandestins qu’ils peuvent rejoindre leur lieu de travail, ou encore rentrer chez eux. Cependant, il est à noter que le même phénomène est observé à travers les autres quartiers et cités périphériques. Seulement force est d’admettre que l’époque des clandestins aux vieux tacots est bien révolue, car la facilité d’accès aux crédits véhicules a fait que ce moyen de locomotion est devenu par les temps qui courent à portée de la @ main. Or ce qui est incompréhensible de la part de nombreux acquéreurs, c’est leur reconversion dans la majorité des cas en taxi «pirate» c’est en fait toutes les catégories sociales qui s’adonnent à cette activité illégale du point de vue de la loi. On y retrouve des fonctionnaires, des retraités de l’armée, de la police, de la gendarmerie, des chômeurs etc., enfin tous les moyens sont bons pour gagner quelques dinars de plus, et tant pis pour le prestige des uns ou des autres. En effet, ce phénomène qui a pris de l’ampleur dans la ville du vieux Rocher et dans toutes les villes et villages du pays, ne passe plus inaperçu, puisque ces « fraudeurs new look », s’adonnent désormais à leur activité au su et au vu de tout le monde, et proposent leurs services aux citoyens désireux de se rendre à tel ou tel endroit, supplantant souvent les taxis qui restent médusés devant cette concurrence impitoyable dont le perdant est bien sûr le taxieur légal qui paye ses charges fiscales et ses droits dans cette activité de service public. Selon certains usagers, ce phénomène trouve justement son origine dans la défaillance du service public, trop souvent décrié par les citoyens. Ceci dit, ces clandestins aux voitures flambant neuve nous les retouvons au niveau de toutes les stations et autres gares routières, devant les hôpitaux, et cliniques en quête d’une éventuelle course. Mais il arrive que quelquefois que le prix de la course est négocié entre les deux parties et l’arrangement est vite conclu. Pour leur part, des taxieurs que nous avons approchés ont répondu à peu près à ceci, c’est le laxisme des autorités face à ce phénomène qui a fait que tout le monde s’improvise transporteur clandestin, d’ailleurs ces «fraudeurs» sont connus, et affichent leur arrogance en nous chipant les clients au niveau des stations même et cela devient alarmant pour cette profession, clament nos interlocuteurs. Or, pour les usagers c’est un autre son de cloche «nous sommes réellement otages des taxieurs, compte tenu de l’anarchie qui caractérise ce secteur ainsi que le diktat des transporteurs collectifs ou encore la rareté des taxis qui désertent la ville dès le coucher du soleil, malgré leur nombre important estimé à plus de 5000 dans la ville de Constantine» ajoutent-ils. «Les clandestins ont la partie belle, nous dit encore un citoyen, car la nature a horreur du vide» dit-on. Alors faut-il s’accommoder avec ces nouveaux comportements et se résigner à vivre avec cet informel qui nous colle à la peau, ou bien développer le transport en commun ? En tout état de cause, la prolifération de ces taxis «pirate» est une réalité vécue et nul ne peut l’occulter, et démontre sans aucun doute un certain échec des pouvoirs publics dans ce secteur précis, car quand le transport va, tout va. Sauf que les lacunes sont criardes dans ce secteur stratégique.
Mâalem Abdelyakine