L’Algérie dispose de capacités humaines et de ressources pouvant lui permettre de devenir l’un des pays les plus influents économiquement dans le bassin méditerranéen à l’horizon 2040, a estimé l’expert international en management stratégique Taieb Hafsi.
Intervenant lors d’une visioconférence organisée jeudi dans la soirée par le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), M. Hafsi a souligné que l’Algérie peut jouer un » rôle de premier plan sur le plan international » et devenir l’un des « plus influents » dans l’espace méditerranéen grâce aux ressources disponibles, notamment humaines et matérielles. Affirmant avoir travaillé pendant 25 ans sur la situation économique de l’Algérie et d’avoir tenu compte des recherches réalisées sur ce sujet, M. Hafsi, titulaire de la chaire stratégie et société, de management stratégique international des organisations à l’EHEC de Montréal, a plaidé pour une démarche « pragmatique » dans le cadre d’une vision à l’horizon 2040. Faisant le constat de la situation économique du pays, il a relevé l’existence d’ »énormes potentialités » et de nombreuses entreprises leaders dans leurs domaines évoluant, selon lui, à travers un mode de management de » qualité « . » L’Algérien a besoin d’optimisme et donc d’une vision économique qui porte cet optimisme. Il faudrait agir sur les institutions, les lois et règlements pour surmonter la crise actuelle qui est en fait une chance pour développer une vraie stratégie », a recommandé le professeur lors de cette conférence intitulée » L’Algérie dans l’expectative : la transition vers une économie dynamique « . Dans cette vision de l’Algérie de 2040, Taieb Hafsi a insisté, entre autres, sur la consécration de liberté, de la justice et de la fraternité, soutenant que ces valeurs « chères » à la population algérienne et au mouvement du « Hirak » devraient être « sacralisées » et érigées en « grands principes » de la Nation.
La mise en place d’une structure économique qui simplifie les procédures et s’appuie sur une véritable décentralisation comme système de gouvernance constitue, en outre, une nécessité » impérieuse « , a-t-il mentionné. Exhortant les autorités publiques à encourager davantage les régions et les entreprises à prendre des initiatives, l’intervenant a appelé aussi au renforcement des centres de réflexion et de recherche au sein des Institutions de l’État et à l’orientation des entreprises publiques vers des monopoles naturels et des industries émergentes, ainsi qu’à la réduction du soutien des prix des produits de première nécessité. Toujours dans le cadre de cette vision Algérie 2040, M. Hafsi a appelé à la création d’un corps de justice spécialisée en économie et à l’enseignement de la matière économique à grande échelle à travers notamment les écoles et les médias. Dans ce contexte, il se dit convaincu que la réforme de la structure économique est la » locomotive de toutes les réformes « , citant à ce propos l’expérience de la Chine menée durant les années 70, qu’il a qualifiée de « miracle ». Répondant aux nombreuses questions émanant principalement de chefs d’entreprises et d’universitaires ayant suivi cette visioconférence, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, le professeur de l’EHEC de Montréal a mis l’accent, à l’occasion, sur l’importance de redynamiser le Maghreb, estimant qu’il est de l’intérêt de l’ensemble des pays de la région de consolider le rôle de ce « patrimoine » pour faire face à la conjoncture géopolitique actuelle.
Celle-ci, a-t-il noté, ne fait pas de place aux « petits espaces « . S’agissant des secteurs à fort potentiel de développement qu’il y a lieu de soutenir et d’encourager, M. Hafsi a évoqué en particulier les énergies renouvelables, les industries légères et les technologies innovantes, tout en prenant le soin d’ajouter que c’est aux entrepreneurs et aux investisseurs locaux d’apprécier chacun dans sa région les domaines porteurs et créateurs de richesse.
R. N.