Les combattants pro-gouvernementaux avancent depuis plusieurs jours à partir de l’est de la ville alors que le nord reste contrôlé par les insurgés.
Les forces du régime syrien ont continué leur progression à Alep au détriment des rebelles, alors que l’impasse diplomatique semble totale entre Moscou et Washington, qui dit examiner «des options diplomatiques et militaires». Les chefs des agences américaines spécialisées dans la sécurité et la politique étrangère doivent se réunir mercredi, afin de pouvoir présenter au président Barack Obama différentes options d’action, a annoncé le département d’État.
Les autorités américaines étudient les « options diplomatiques, militaires, de renseignement et économiques » possibles concernant la crise en Syrie, a déclaré le porte-parole du département, tout en soulignant la nécessité d’un « règlement politique ». Sur le terrain, les combattants progouvernementaux avancent depuis plusieurs jours dans Alep-est, la partie de la grande ville du nord de la Syrie contrôlée par les insurgés.
Suspension des pourparlers
Ils « progressent petit à petit dans le centre », a déclaré le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Leur objectif est d’occuper les quartiers proches de la ligne de démarcation avec Alep-ouest, contrôlés par le régime, et du nord, afin de cantonner les forces rebelles au sud-est de la ville. L’offensive sur Alep a été lancée le 22 septembre avec des bombardements massifs du régime et de son allié russe qui suscitent l’indignation de nombreux pays.
Elle est l’une des raisons avancées par les États-Unis, qui soutiennent l’opposition syrienne, pour justifier leur décision annoncée lundi de suspendre les pourparlers engagés avec la Russie sur la Syrie. Moscou a déclaré regretter la décision de Washington. «Après avoir échoué à respecter les accords qu’ils ont eux-mêmes négociés, [les États-Unis] tentent de faire porter la responsabilité [de l’échec] par un autre», a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. La Russie espère que la «sagesse politique» prévaudra à Washington, a dit mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La décision américaine «ne veut pas dire que la partie russe va renoncer à ses projets […] d’assistance aux forces aériennes syriennes dans la lutte contre le terrorisme », a souligné Dmitri Peskov.
Défense antiaérienne russe
Et dans la foulée, le ministère russe de la Défense a annoncé qu’il avait déployé des systèmes de défense antiaérienne S-300 à Tartous, ville côtière du nord-ouest de la Syrie. Ces systèmes complètent le dispositif de défense russe mis en place sur la base aérienne de Hmeimim (Nord-Ouest) avec l’arrivée en novembre 2015 de S-400 de dernière génération. Avec ses S-300 et ses S-400, la Russie s’assure une défense aérienne de ses deux points d’ancrage en Syrie, le port de Tartous et Hmeimim, dans la province de Lattaquié, où l’aviation russe dispose de dizaines de bombardiers, d’avions d’attaque au sol et d’hélicoptères. Le Pentagone a réagi à l’annonce de Moscou par une mise en garde voilée contre toute utilisation de ces batteries contre les appareils américains. « Il faut que ce soit clair pour les Russes et pour tous ceux qui opèrent en Syrie que nous prenons très au sérieux la sécurité de nos aviateurs », a déclaré Peter Cook, porte-parole du Pentagone. Le secrétaire d’État américain John Kerry a auparavant accusé Damas et Moscou d’avoir «rejeté la diplomatie pour la poursuite d’une victoire militaire en passant sur des corps brisés, des hôpitaux bombardés et les enfants traumatisés ». Il a toutefois assuré que les États-Unis n’avaient « pas abandonné » la Syrie et qu’ils n’avaient pas renoncé à rechercher un plan de paix.
Relations dégradées
Les relations entre les deux grandes puissances n’ont cessé de se dégrader depuis l’échec de la trêve qu’elles avaient lancée en septembre et qui n’a duré qu’une semaine. La décision de Washington a été annoncée après la destruction totale, lundi, du plus grand hôpital du secteur rebelle d’Alep dans un bombardement aérien. Les ONG et l’ONU s’alarment du sort des quelque 250 000 habitants d’Alep-est, dont 100 000 enfants, confrontés aux pénuries, aux coupures d’eau et à la forte dégradation des conditions sanitaires. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il ne reste que six hôpitaux fonctionnant partiellement, dont un seul capable de traiter les grands blessés. Et moins d’une trentaine de médecins « tentent de répondre aux besoins » de la population en travaillant « 24 heures sur 24 », a déclaré lundi une porte-parole, Fadela Chaib. La guerre en Syrie, où combattent de nombreuses forces régionales et internationales sur un territoire complètement morcelé, a fait plus de 300 000 morts en cinq ans.