Etats-Unis et Russie n’ont pas trouvé d’accord vendredi à Genève sur un cessez-le-feu à Alep ou sur une coopération militaire contre l’EI en Syrie. Ils sont toutefois « parvenus à clarifier » une voie vers une trêve, mais les modalités doivent encore être définies. « Nous sommes parvenus à clarifier la voie menant » à une cessation des combats, a affirmé le secrétaire d’Etat américain John Kerry dans la soirée, à l’issue d’une réunion marathon d’une douzaine d’heures avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe a, de son côté, fait état de « pas très importants en avant ». Il reste toutefois « encore quelques points de désaccord, parmi lesquels l’accès humanitaire aux civils en danger en Syrie, notamment dans la région d’Alep ».
« Nous ne voulons pas parvenir à un accord juste pour avoir un accord », a ajouté M. Kerry. « Nous voulons quelque chose qui soit efficace pour le peuple syrien, qui rende la région plus stable et plus sûre et qui nous ramène à la table de négociations ici à Genève pour trouver une solution politique ».
1,5 million de personnes piégées
Quelque 1,5 million de personnes sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes depuis la mi-juillet à Alep. MM. Kerry et Lavrov ont précisé que des experts des deux pays allaient continuer de travailler à Genève dans les jours à venir pour régler les points non résolus.
Les chefs de la diplomatie américaine et russe avaient entamé leurs entretiens dans la matinée dans un grand hôtel sur les bords du lac Léman, suscitant des espoirs de relance des pourparlers de paix en Syrie. Les deux responsables ont été rejoints pendant près d’une heure en milieu de journée par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Une fois résolues « les questions purement techniques », et « dès qu’il y aura suffisamment de bonne volonté pour organiser des négociations productives », M. de Mistura « nous aidera à revenir à la table des négociations pour parvenir à un accord sur une transition politique », a assuré M. Lavrov. Plusieurs sessions de discussions intersyriennes, destinées à mettre fin à ce conflit, qui a fait plus de 290’000 morts depuis 2011, ont eu lieu à Genève depuis le début de l’année. Elles n’ont abouti à aucun résultat tangible.
Intervention turque
Moscou et Washington ont l’Etat islamique (EI) comme ennemi commun. Mais la Russie soutient politiquement et militairement le régime de Damas, tandis que les Etats-Unis appuient l’opposition syrienne qui réclame le départ du président Bachar al-Assad. Le conflit est entré dans une nouvelle phase cette semaine avec l’intervention militaire de la Turquie pour chasser l’EI de Jarablous, un de ses derniers bastions syriens dans le nord de la Syrie, et, avant tout, arrêter la progression des milices kurdes le long de la frontière. Ankara a répété vendredi que son intervention allait durer pour préserver « l’intégrité territoriale de la Syrie », un souci également partagé par Moscou, mais qui place Washington en porte-à-faux par rapport aux Kurdes, principaux alliés de la coalition américaine luttant contre l’EI en Syrie. En parvenant à un accord avec la Russie, qui soutient le régime de Bachar al Assad, les Etats-Unis espèrent favoriser le déclenchement de discussions sur une transition politique en Syrie, au point mort depuis des mois. En attendant, les combats se poursuivent sur le terrain, même si l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé jeudi que Moscou avait approuvé le principe d’une pause de 48 heures dans les combats à Alep, dans le nord du pays, pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.
Plus au sud, dans les faubourgs de Damas, l’évacuation des derniers rebelles et habitants du quartier de Daraya assiégé par les forces de Bachar al-Assad depuis 2012 a débuté vendredi. Elle devrait se poursuivre samedi à la suite d’un accord conclu entre l’armée et les insurgés.