Les forces du régime syrien, soutenues par la Russie, ont progressé lundi face aux rebelles dans le sud du pays en guerre, reprenant le contrôle de plusieurs localités et bombardant un secteur sensible situé près d’Israël.
Après une offensive éclair lancée le 19 juin, le pouvoir de Bachar al-Assad a réussi à faire plier les rebelles dans la province méridionale de Deraa, les contraignant à accepter un accord dit de «réconciliation» parrainé par Moscou, qui s’apparente en fait à une capitulation. Il a désormais ouvert un nouveau front dans le Sud, bombardant depuis dimanche les territoires insurgés dans la province voisine de Qouneitra, secteur sensible situé près de la ligne de démarcation du plateau du Golan qui est occupé en majeure partie par Israël. Lundi, le régime a repris dans l’ouest de Deraa cinq localités rebelles, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). «Avec cette progression, le régime contrôle plus de 90 % de la province de Deraa», a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. L’immense majorité de ces localités ont été cédées par les rebelles dans le cadre de l’accord parrainé par Moscou, dévoilé le 6 juillet et qui prévoit un abandon par les insurgés de leur artillerie lourde et moyenne ainsi que le retour des institutions étatiques dans le secteur.
Raids meurtriers Certains groupes ont refusé l’accord, et le régime utilise alors la force. Il a ainsi pu reprendre une colline près de la localité d’al-Hara, dans la province de Deraa, a annoncé lundi l’agence de presse officielle Sana. Cette zone était le théâtre de violents combats: elle était sous contrôle de Hayat Tahrir al-Cham, coalition jihadiste dominée par l’ex-branche d’Al-Qaïda et exclue de l’accord. Quelque 30 combattants de Hayat Tahrir al-Cham ont ainsi été tués depuis dimanche dans des raids aériens du régime et de son allié russe, a indiqué l’OSDH. Seul un petit pan de la province de Deraa échappe encore aux forces d’Assad. Il s’agit d’un bastion de jihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI), mais le régime et son allié russe le bombardent depuis plusieurs jours. L’accord prévoit aussi l’évacuation vers Idleb, province dominée par les insurgés dans le nord-ouest syrien, des rebelles refusant de vivre en territoire gouvernemental. Dimanche, des centaines de combattants et de civils ont ainsi pris la route de l’exil, abandonnant le chef-lieu de Deraa, berceau de la révolte anti-Assad de 2011. Appuyé par ses alliés indéfectibles, Iran et Russie en tête, le pouvoir de Bachar al-Assad est déterminé à asseoir son pouvoir sur l’intégralité du pays, ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts et des millions de réfugiés. Multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, il contrôle déjà plus de 60 % du territoire syrien.
Missiles israéliens
Et il a dorénavant porté son attention sur les secteurs rebelles de Qouneitra. Lundi, pour le deuxième jour consécutif, des raids aériens ont visé la province, selon l’OSDH. Les forces du régime ont grignoté du terrain avec la reconquête d’une première localité, Mashara, confirmée par l’OSDH et les médias d’Etat syriens. Lundi, l’agence officielle Sana a rapporté la mort d’un journaliste employé par la chaîne pro-régime Sama à capitaux privés. Il a été blessé par un obus «tiré par les groupes terroristes» sur cette localité de Mashara, précise l’agence, utilisant la terminologie du régime pour désigner les rebelles. Les hostilités à Qouneitra risquent d’avoir des retombées sur le plan humanitaire. Quelque 160.000 déplacés sont toujours massés dans cette province, selon l’ONU. Ils s’y étaient réfugiés pour fuir les violences à Deraa. Israël voit d’un mauvais oeil ces développements à sa frontière et a intensifié ses incursions militaires en Syrie. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’armée israélienne a tiré des missiles sur une position militaire du régime dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie, selon les médias d’Etat syriens. «Six Syriens et trois autres combattants, dont la nationalité n’a pas été établie, ont été tués dans cette frappe», selon l’OSDH. Israël, qui est toujours officiellement en état de guerre avec Damas, s’inquiète de voir intervenir dans le conflit en Syrie deux de ses ennemis: l’Iran, et le Hezbollah libanais. Israël met régulièrement en garde contre un ancrage iranien en Syrie. Mercredi déjà, des tirs de missiles israéliens avaient visé des positions du régime à Qouneitra. Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.