Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche, que ses soldats avaient atteint le centre d’Al-Bab et a prédit l’imminence de la prise de ce bastion du groupe État islamique (EI) dans le nord de la Syrie.
Parallèlement aux combats, la principale composante de l’opposition a annoncé la composition de sa délégation censée négocier la paix avec le régime sous les auspices de l’ONU le 20 février à Genève. «Al-Bab est assaillie de toutes parts (…) Nos forces sont entrées dans le centre» avec des rebelles syriens, et la prise de la ville n’est «qu’une question de temps», a déclaré le président turc. Les combattants de l’EI «ont entamé leur retrait total d’Al-Bab», a poursuivi le chef de l’Etat devant des journalistes à l’aéroport d’Istanbul.
La Turquie et ses alliés rebelles mènent l’assaut depuis deux mois sur cette ville de 100.000 habitants située près de la frontière turque, qui était tombée aux mains de l’EI en 2014. Ils ont réussi samedi à pénétrer pour la première fois dans Al-Bab.
Cette ville est également convoitée par les forces gouvernementales qui l’attaquent au sud. Mais elles ne devraient pas avancer au delà de la périphérie car, selon le ministère de la Defense, «en libérant Tadef avec l’aide de l’aviation russe, elles ont atteint la ligne de démarcation avec l’Armée syrienne libre (ASL) fixée avec les Turcs». L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a indiqué que les combats se concentraient dans la périphérie nord d’Al-Bab, mais aussi aux périphéries ouest et sud-ouest.
La Turquie, qui soutient des groupes de l’opposition syrienne, avait lancé fin août l’opération «Bouclier de l’Euphrate» qui vise à la fois l’EI et des milices kurdes dans le nord syrien.
Cette offensive est meurtrière pour Ankara : la mort dimanche d’un nouveau soldat turc porte à 67 le bilan des pertes turques en Syrie, selon l’agence de presse Dogan.
Par ailleurs, les rebelles ont lancé une importante offensive sur la ville méridionale de Deraa qui a été repoussée, selon l’agence officielle Sana. Deux civils, dont un enfant, ont été tués et neuf autres blessés par des tirs, a-t-elle précisé.
Selon l’OSDH, au moins 15 combattants de l’opposition, dont des jihadistes et deux kamikazes de Fateh al-Sham, ont été tués dimanche au cours de l’offensive. Six membres des forces du régime et de leurs alliés ont également péri.
Deux réunions de suite
Parallèlement à ces combats, se précisent d’importantes échéances diplomatiques avec deux réunions à Astana les 15 et 16 février puis à Genève le 20. «Nous préparons un nouveau contact entre le gouvernement et l’opposition armée et essayons d’y associer d’autres groupes. Les Jordaniens nous aident», a déclaré dimanche le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov.
«Nous n’essayons pas de nous substituer aux efforts de l’ONU (…) Car en parallèle avec le processus d’Astana que nous entendons maintenir, nous préparons les négociations sous l’égide de l’ONU», a-t-il ajouté.
Le gouvernement syrien et des groupes armés ont de nouveau été conviés mercredi et jeudi à Astana, où une première réunion sous l’égide de la Russie, la Turquie et l’Iran s’était déroulée en janvier pour consolider le cessez-le feu.
Par ailleurs, la principale composante de l’opposition syrienne a présenté les 21 membres de sa délégation aux pourparlers de paix de Genève, mais d’autres groupes de l’opposition ont refusé sa tutelle.
Dix représentants des rebelle figurent au sein de la délégation du Haut Comité de Négociations (HCN), dont la composition a été décidée lors d’une réunion à Ryad. Elle sera présidée par Nasr al-Hariri, un cardiologue de 40 ans, un anglophone originaire de Deraa.
Le négociateur en chef sera l’avocat Mohammad Sabra, un proche de la Turquie qui dirige le parti al-Joumouhariya (la République) formé en 2014. Il remplace Mohammad Allouche, représentant de Jaich al-Islam (Armée de l’Islam), un puissant groupe rebelle dans la région de Damas.
Ce dernier sera le grand absent alors qu’il a mené en janvier la délégation aux pourparlers d’Astana. Son groupe est également absent dans la délégation pour Genève.
Les opposants du groupe de Moscou, dont l’ancien ministre Qadri Jamil, et ceux du groupe du Caire, formés d’opposants indépendants dont l’ancien porte-parole du ministère syrien des Affaires Étrangères Jihad Makdissi, ont démenti faire partie de la délégation du HNC, comme ce dernier l’affirmait.