Au moins 46 personnes, en majorité des civils, ont été tuées mardi dans des raids contre des positions de l’ex-branche d’Al-Qaïda dans la ville d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a affirmé une ONG.
Les raids ont visé à l’aube des positions de Fateh al-Cham dans Idleb et ses environs, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un vaste réseau de sources et de militants dans le pays en guerre. « Vingt-quatre civils, dont 11 femmes et 10 enfants, figurent parmi les 37 personnes tuées », a ajouté l’ONG, selon un nouveau bilan communiqué en fin de soirée. La province d’Idleb est en grande majorité aux mains de Fateh al-Cham, allié à des groupes rebelles syriens.
L’OSDH a indiqué que les raids avaient été menés par des avions de la coalition internationale antijihadistes conduite par les Etats-Unis ou par des avions de la Russie, allié du régime de Bachar al-Assad. L’armée russe a démenti toute implication. « Les avions de l’armée russe n’ont effectué aucune frappe sur Idleb ni hier, ni cette semaine, ni même depuis le début de l’année 2017. Toutes les informations sur de telles frappes sont des mensonges », a affirmé le ministère russe de la Défense.
Un porte-parole du Pentagone a indiqué pour sa part que les forces américaines avaient visé des membres de Fateh al-Cham « dans deux frappes précises » les 3 et 4 février près de la ville d’Idleb. « La frappe du 4 février a ciblé Abou Hani al-Masri, un terroriste d’Al-Qaïda ayant des relations avec les chefs du groupe, dont Ayman al-Zawahiri », a déclaré Eric Pahon. « Nous annoncerons les résultats définitifs (de ces frappes) dès que possible ». Samedi dernier, l’OSDH a indiqué qu’un raid qui aurait été mené par la coalition dirigée par les Etats-Unis avait tué un commandant jihadiste du nom d’Abou Hani al-Masri au nord d’Idleb.
Les frappes américaines en Syrie se sont longtemps concentrées sur le groupe jihadiste Etat islamique, rival de Fateh al-Cham. Mais depuis quelques mois, les raids visant Fateh al-Cham se sont multipliés.
Pendaisons: le régime juge « totalement faux » le rapport d’Amnesty
Le régime syrien a qualifié mercredi de « totalement faux » le rapport publié la veille par Amnesty International affirmant que 13.000 personnes avaient été pendues en cinq ans dans une prison près de Damas.
Le ministère de la Justice a indiqué que ce rapport était « totalement faux et destiné à ternir la réputation de la Syrie dans les instances internationales », selon l’agence de presse officielle Sana. Dans son rapport, Amnesty a indiqué que les personnes exécutées entre 2011 et 2015 dans la prison de Saydnaya, au nord de Damas, étaient en majorité des civils qui s’opposaient au régime de Bachar al-Assad. L’ONG a dénoncé une « politique d’extermination » et estimé que ces exécutions « constituaient des crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité ». Il y a de « fortes raisons de croire que cette pratique perdure jusqu’à ce jour », selon elle.
Le ministère de la Justice a démenti que de telles exécutions aient eu lieu sommairement car le processus judiciaire syrien doit respecter « plusieurs étapes ». Amnesty a indiqué que son rapport était basé sur des entretiens avec 84 témoins, au nombre desquels des gardiens, des détenus et des juges. Ce rapport a été publié moins de deux semaines avant un nouveau round de pourparlers à Genève entre régime et opposition sous l’égide l’ONU pour tenter de trouver une issue au conflit qui a fait plus de 310.000 morts depuis mars 2011.