Après avoir décidé en 2017 de dissoudre le Front de changement (FC) d’obédience islamiste pour regagner son ancien parti, dont il est l’un de ses fondateurs, l’ancien ministre Abdelmadjid Menasra, a annoncé sur sa page Facebook sa candidature à la présidence du Mouvement de la société pour la paix à la faveur du prochain congrès de la mi-mars.
«Je fais part aux militants et autres sympathisants du parti de mon intention de présenter ma candidature à la présidence de Mouvement de la Société et de la Paix. Un poste qui restera vacant lors du prochain congrès qui se tiendra du 16 au 18 mars prochains. Cette décision murement réfléchie est prise après consultation et vient en réponse aux nombreux appels convaincants venant de plusieurs dirigeants, cadres et militants du parti. Des appels que je ne pourrais ignorer », a écrit, dans son message, Abdelmadjdi Menasra, qui avait dissous son parti en juillet 2017 et a scellé sa fusion avec le MSP à la faveur du sixième congrès extraordinaire du parti de Makri. Il a d’ailleurs remplacé Abderezzak Makri à la tête du MSP pour une durée de six mois en 2017, pour marquer l’union entre les deux partis. Il faut rappeler que les dispositions et les statuts propres à cette formation politique proche des Frères musulmans ne permettent pas de briguer plus de deux mandats à la tête du parti. Ainsi l’actuel président du parti, Abderazak Makri, a déjà fait deux mandats et ne pourra pas se présenter pour une troisième candidature étant interdite. Abderezzak Makri, a assuré la présidence du MSP depuis le 5e congrès du mouvement organisé en 2013, en remplacement de Aboudjerra Soltani. Il a été réélu à la tête du mouvement lors du 6ème congrès tenu le 13 mai 2018. Le madjiss echoura, issu dudit congrès, lui avait renouvelé sa confiance. Toutefois, Abdelmadjid Menasra, qui a claqué la porte du MSP pour créer le FC après la crise qui a secoué le parti du défunt Mahfoud Nahnah, pourrait ne pas être le seul à vouloir convoiter le poste. D’autres postulants pourraient surgir d’ici là et la bataille pourrait même s’annoncer plus rude pour départager les deux ailes diamétralement opposées qui se disputent les arènes du parti. En effet, plusieurs autres noms circulent déjà pour diriger le parti, à l’instar de l’actuel vice-président du parti, Abderrazak Achouri, le président du Conseil national consultatif du MSP, Abdelkader Semari ou encore, Abderrahmane Saïdi, un proche de Abou Djerra Soltani. Cette «guerre» est en train de prendre la forme de regroupements qui s’apprêtent à croiser le fer. Il y a d’un côté ceux qui veulent maintenir la ligne politique de l’actuel Président, en présentant un candidat pro-Makri pour garder la position du parti par rapport surtout à la question du rapprochement avec le pouvoir. De l’autre côté, il y a ceux qui soutenaient l’idée de la participation au gouvernement. Une attitude qui a tant prévalu pendant plus d’une vingtaine d’années au sein de cette formation politique du courant islamiste. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ce parti, il faut savoir que même s’il est admis que le Conseil national consultatif en termes de structures dispose de fortes prérogatives léguées par le règlement intérieur du parti, il ne faut pas pour autant perdre de vue que le bureau exécutif a également des «privilèges» importants dans la prise des décisions stratégiques au sein du MSP. C’est pourquoi l’enjeu se manifeste d’une manière aussi sérieuse et délicate au sein de ce mouvement, quant à la candidature des cadres du parti au poste de président sachant que les postulants sont porteurs d’un message fort qui reflète en général la position des instances dans lesquelles se trouvent lesdits candidats. La future bataille pourrait ainsi se focaliser cette fois-ci entre les partisans de Abdelkader Semari, et Abderrahmane Saïdi, le représentant de l’aile qui a, de tous temps, depuis la création du MSP, soutenu la voie de la participation aux institutions de l’Etat en général et au gouvernement en particulier. Le courant de Makri pourrait trouver d’énormes difficultés à affronter ses concurrents en raison d’une position politique jugée par nombres de ses opposants comme étant stérile.
Brahim Oubellil