« Still Alice » sort sous le signe de deux événements : l’Oscar remis à Julianne Moore pour son premier rôle, celui d’une femme de 50 ans touchée par une maladie d’Alzheimer précoce, et le décès non moins prématuré d’un des deux signataires du film, avec Wash Westmorland, Richard Glatzer, le 10 mars dernier. Mariée, heureuse et mère de trois grands enfants, Alice Howland est un professeur de linguistique renommé. Mais lorsqu’elle commence à oublier ses mots et qu’on lui diagnostique les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, les liens entre Alice et sa famille sont mis à rude épreuve. Effrayant, bouleversant, son combat pour rester elle-même change sa vie de tout au tout…
L’Académie des Oscars, aime les prestations d’acteurs et d’actrices de composition. Les rôles de malades, de handicapés et autres dérangés d’esprit, se sont trouvés ainsi récompensés de nombre de statuettes. Souvent à bon escient. Même si cela est quelque peu systématique. Raison pour laquelle Julianne Moore était donnée gagnante d’avance cette année. L’actrice méritait l’Oscar depuis longtemps. Mais pour notre compte, nous préférons sa Palme de la meilleure actrice à Cannes l’an dernier pour son rôle dans « Maps to the Stars » de David Cronenberg.
Car qu’avons-nous dans « Still Alice » ? L’histoire touchante, certes, d’une femme brillante frappée de plein fouet par une terrible maladie, qui va détruire sa carrière et sa famille. Mais quoi d’autre ? Sorti du sujet, il ne reste pas grand-chose. Une prestation d’actrice, d’accord, mais pas au-delà de ce que l’on peut escompter dans le genre. Alors qu’Alec Baldwin et Kristen Stewart, dans des rôles plus sobres tirent avec non moins de classe leur aiguille du jeu.
La cinématographie, elle, ne se distingue guère de celle d’un téléfilm lambda, au cadrage en plans moyens de bout en bout, comme formaté pour l’écran télé. Signer le film à quatre mains pour une telle platitude relève de l’exploit. Sans parler de la lumière, inexpressive tout le long. Alors qu’un tel sujet s’offrait à une palette de couleurs et d’approches, par l’évolution, plutôt l’involution, du personnage au centre de l’intrigue. « Still Alice » se prive de ces atouts, pour s’en tenir à une linéarité consternante, très pauvre en mise en scène. Oui, Julianne Moore est convaincante. Mais Alec Baldwin et Kristen Stewart tout autant, dans des rôles secondaires, où il était sans doute plus difficile de s’imposer. Il ne restera donc pas grand-chose de « Still Alice », sinon son sujet et l’Oscar revenu à Julianne Moore. Il en est de même de Wash Westmorland et Richard Glatzer, aux commandes, qui n’avaient rien donné d’étonnant auparavant. Oubliable(s), donc, sinon déjà oublié(s).