Le navire « Madeleen », appartenant à la coalition du « Freedom Flotilla », se trouve à quelques milles nautiques de Ghaza, ont rapporté hier les organisateurs de la mission internationale pour briser le blocus imposé au territoire palestinien.
À bord, douze militants venus de plusieurs pays poursuivent leur navigation avec courage, malgré les menaces israéliennes de les intercepter avant qu’ils n’atteignent les eaux territoriales palestiniennes.
Dans une déclaration publiée hier sur sa page Facebook, la Commission internationale pour briser le blocus a salué la détermination des activistes : « Les visages tournés vers le vent, leurs cœurs portés par les cris de Ghaza, ils continuent d’avancer avec le message du monde aux assiégés : Vous n’êtes pas seuls. » La mission est sur le point d’atteindre ce que la Commission appelle « le moment de vérité ». Le navire « Madeleen » avait quitté le port de Catane, en Sicile, il y a une semaine.
Il transporte à son bord une cargaison humanitaire modeste mais hautement symbolique : des médicaments, de la nourriture pour enfants et d’autres produits de première nécessité à destination des habitants de Ghaza, dont la majorité souffre actuellement de famine selon les organisations internationales.
Menaces israéliennes et mobilisation diplomatique
Mais alors que la mission touche à son terme, Israël a haussé le ton. Selon les médias israéliens, l’armée envisage sérieusement d’intercepter la flottille. Un haut responsable sécuritaire a affirmé que « le navire Madeleen est encore à environ 300 kilomètres des côtes de Ghaza » et qu’« il n’y arrivera pas ». Il a précisé que les autorités israéliennes décideraient prochainement de la conduite à tenir.
Des sources militaires citées par le site israélien Walla indiquent que l’unité d’élite navale Shayetet 13 ainsi que des patrouilleurs lance-missiles se tiennent prêts à mener une opération de prise de contrôle du navire et à en arrêter les passagers si nécessaire. L’armée israélienne, de son côté, n’aurait pas encore arrêté sa stratégie finale. Cependant, la présence à bord de figures diplomatiques semble jusqu’ici avoir dissuadé une intervention prématurée. Parmi elles, la députée européenne Rima Hassan, également engagée dans la défense des droits humains, a confirmé que « le navire atteindrait les eaux territoriales palestiniennes dans les prochaines 24 heures ».
Appel massif des parlementaires européens
Cette mission humanitaire bénéficie d’un appui politique inédit. Plus de 200 députés du Parlement européen issus de plusieurs pays – dont la France, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Grèce, la Suède, la Turquie, le Brésil et même l’Égypte – ont signé une lettre ouverte appelant Israël à garantir un passage sécurisé au navire Madeline. Le texte exige que « la sécurité de toutes les personnes à bord soit assurée, que le passage se fasse sans entrave, et que la cargaison humanitaire soit immédiatement autorisée à entrer à Ghaza ». Les signataires ont également exhorté leurs gouvernements à faire pression sur Israël pour le respect du droit international, rappelant que plusieurs missions précédentes du Freedom Flotilla avaient été la cible d’attaques israéliennes, entraînant la mort ou la blessure de militants, voire la destruction de navires. Les députés dénoncent notamment le fait que l’aide humanitaire à destination de Ghaza est interdite d’entrée depuis le 2 mars dernier, ce qui aggrave une situation déjà catastrophique. « Plus de 90 % des habitants souffrent de la faim », alertent-ils, insistant sur le caractère urgent de la mission.
Soutien onusien et mobilisation citoyenne
L’appel des parlementaires s’ajoute à celui de dix experts indépendants des Nations unies, qui ont, le 2 juin dernier, appelé à garantir un passage sécurisé pour Madeline. Parallèlement, la pétition internationale en soutien à la mission a déjà recueilli plus de 74 000 signatures.
Le Freedom Flotilla Coalition, à l’origine de l’initiative, a rappelé que la cargaison embarquée, bien que « limitée », possède une forte valeur symbolique. Il s’agit, selon eux, non seulement d’un geste de solidarité, mais aussi d’un appel clair à la communauté internationale pour qu’elle agisse face au siège étouffant qui asphyxie Ghaza depuis des années. Au-delà du transport de vivres et de médicaments, la mission de Madeline se veut un acte politique : mettre fin au silence, alerter les consciences, et faire pression pour la levée du blocus illégal qui pèse sur plus de deux millions de Palestiniens. Malgré les menaces d’interception, les militants affirment leur volonté de poursuivre leur route, prêts à affronter les conséquences. Pour eux, chaque mille parcouru vers Ghaza est un cri lancé contre l’injustice, un témoignage vivant de solidarité, et un défi aux murs de l’indifférence.
Les précédentes « Flottilles »
Le Freedom Flotilla n’en est pas à sa première mission. Depuis plus d’une décennie, cette coalition internationale tente régulièrement de briser le blocus de Ghaza par la mer. En 2010, le raid meurtrier contre le Mavi Marmara avait fait neuf morts parmi les militants turcs, suscitant une onde de choc mondiale. Depuis, plusieurs missions ont été interceptées, parfois violemment. Alors que la communauté internationale continue de condamner les violations du droit humanitaire à Ghaza sans agir concrètement, Madeline incarne l’une des rares tentatives citoyennes pour faire bouger les lignes. Qu’elle atteigne les côtes ou non, la mission du navire est déjà porteuse d’un message puissant : la solidarité traverse les mers, malgré les blocus et les menaces.
M.S.