Trois experts de l’ONU réclament l’exclusion d’Israël pour « génocide » à Ghaza, pendant que Washington s’érige en protecteur de son allié et bloque toute sanction. Dans ce climat, la FIFA et l’UEFA s’enferment dans une neutralité douteuse, qui ressemble moins à de la prudence qu’à une fuite en avant.
Depuis octobre 2023, Ghaza vit au rythme des bombardements. Des milliers de civils sont morts, plus d’un millier d’athlètes palestiniens auraient péri, des stades ont été réduits en poussière. Malgré cela, le football international continue de tourner comme si de rien n’était. Les clubs israéliens jouent toujours, simplement relocalisés en Serbie ou en Hongrie. Israël reste pleinement intégré aux compétitions européennes.
L’UEFA, dirigée par Aleksander Ceferin, a été prise dans une rumeur révélatrice. Mardi dernier, des informations ont circulé sur une réunion d’urgence de son comité exécutif pour trancher la question israélienne. L’instance s’est empressée de démentir, confirmant que la prochaine réunion aura bien lieu le 3 décembre, à Nyon, comme prévu. En d’autres termes : pas de traitement spécial, pas de débat immédiat. Une inertie d’autant plus choquante que la Russie avait été exclue en quelques jours seulement après son invasion de l’Ukraine.
Washington, arbitre invisible
La clef se trouve sans doute de l’autre côté de l’Atlantique. Les États-Unis ne s’en cachent même pas. Par la voix de leur département d’État, ils ont déclaré à Sky News : « Nous mettrons tout en œuvre pour mettre un terme à toute tentative visant à exclure l’équipe nationale israélienne de la Coupe du monde». Cette déclaration, brutale, sonne comme un avertissement adressé directement à la FIFA et à l’UEFA. Mais au-delà des mots, elle révèle le cynisme du pouvoir américain : la défense du sport ne passe plus par des principes, mais par des alliances stratégiques.
En 2022, Washington n’avait pas levé le petit doigt contre l’exclusion de la Russie, bien au contraire. Aujourd’hui, face à Israël, il brandit son poids diplomatique pour imposer un traitement de faveur. Deux poids, deux mesures, encore une fois, qui discréditent totalement le discours occidental sur les « valeurs universelles » et la « défense des droits humains ».
Infantino et Ceferin, otages ou complices ?
Face à cette pression, les patrons du football mondial paraissent, soit résignés, soit complaisants. Gianni Infantino, président de la FIFA et proche de Donald Trump, se réfugie dans des discours creux sur la paix et « le rapprochement des peuples ». Aleksander Ceferin, lui, se cache derrière une neutralité de principe qui, dans les faits, légitime le statu quo.
Pourtant, les experts de l’ONU ont été clairs. Alexandra Xanthaki et ses collègues ont rappelé que le sport ne peut ignorer un génocide. L’histoire l’a prouvé : l’Afrique du Sud de l’apartheid, la Yougoslavie en guerre, ou encore la Russie récemment. Pourquoi Israël ferait-il exception ?
Un football menacé de fracture
L’immobilisme actuel n’est pas sans danger. L’Espagne a déjà menacé de boycotter la Coupe du monde si Israël se qualifie. D’autres pays pourraient suivre, créant une crise majeure dans l’organisation de la compétition. La FIFA, en prétendant ne pas vouloir
« politiser » le football, est en réalité en train de l’exposer à une fracture historique.
Pendant ce temps, à Ghaza, le sport palestinien meurt à petit feu. La Fédération palestinienne déplore la perte de ses athlètes, la destruction de ses installations, et le silence des grandes instances. La mort de Suleïman Al-Obeid, surnommé le « Pelé palestinien », symbolise ce drame. Et face à ce carnage, la FIFA et l’UEFA n’opposent qu’une indifférence calculée.
À force de céder aux pressions politiques, la FIFA et l’UEFA ne défendent plus le football : elles en trahissent l’essence. Combien de temps pourront-elles encore brandir leur neutralité sans que celle-ci ne soit perçue comme une complicité ?
Mohamed Amine Toumiat















































