La crise sanitaire de la Covid19 avec ses répercussions sur les différents secteurs, n’a pas été un obstacle majeur devant une certaine volonté politique d’améliorer le service de l’eau dans la wilaya d’Oran, pourtant la sécurisation de l’alimentation en eau potable, demeure toujours un défi de taille, estiment les responsables du secteur.
«Nous avons tenu à achever tous les programmes tracés pour améliorer la situation de l’eau et de l’assainissement dans la wilaya d’Oran, malgré le contexte particulier lié à la crise sanitaire de la Covid-19», a déclaré à l’APS le directeur local des ressources en eau par intérim, Smaïn Boumediene. La priorité étant de raccorder ou renforcer les zones souffrant de problèmes de distribution, comme la daïra de Oued Tlélat, le pôle urbain de Messerghine ou encore Djebel Murdjadjou. Plusieurs projets ont été finalisés ou enclenchés au cours de l’année 2020. à Oued Tlélat, un réseau de conduites de 34 km, reliant différentes commune avec le réservoir Araba, a été réalisé. Une station de pompage à Laâouamer et un réservoir de 15.000 m3 à Toumiate ont été, par ailleurs, réalisés dans le cadre de ce même projet réceptionné en juillet 2020. Autre projet d’envergure lancé la même année concerne le raccordement au réseau d’alimentation en eau potable de Djebel Murdjadjou. Ce projet, en phase de réalisation bien avancée, permettra d’approvisionner cette zone qui souffre de gros problèmes en matière d’AEP, mais aussi la partie haute de la commune de Mers El Kebir. Pour le nouveau pôle urbain Ahmed Zabana, implanté à Messeghine, à l’ouest d’Oran, la DRE a réalisé toutes les études pour assurer l’AEP de cette zone, mal servie en raison du manque d’infrastructures hydrauliques. «Les projets de réalisation sont confiés à l’AADL et à la DUC. Notre direction se contentera d’apporter son aide et assistance en cas de besoin», précise M. Boumediene. Les zones d’ombre, au nombre d’une soixantaine à Oran, ont également bénéficié d’un programme pour améliorer les réseaux de l’AEP et de l’assainissement. La commune de Sidi Ghanem, constituant la zone la plus importante, a bénéficié d’un projet en cours de réalisation, portant sur la réalisation de trois forages et deux stations de pompage, pour alimenter la population en ce précieux produit. Si les réalisations d’infrastructures hydrauliques ont été importantes au cours de la dernière décennie, Oran reste encore insuffisamment dotée en ressources hydriques et souffre depuis des années d’un manque flagrant de pluviométrie. D’importantes perturbations en matière de distribution ont émaillé l’année 2020.
Retour à la distribution alternée
Alors que la distribution en H24 a été mise en place à Oran pendant des années à la grande satisfaction des habitants de la deuxième plus importante ville du pays, la rupture avec ce système a été officiellement consommée en 2020. La station de dessalement de l’eau de mer d’El Mactaâ, gigantesque complexe alimentant toute la partie est de la wilaya, avec une produit prévue de 500 000 m3/ jour, n’a assuré qu’une moyenne de 380 000 m3 quotidiennement. Une pluviométrie insuffisante, avec les niveaux les plus bas d’emmagasinement des barrages de la région ouest, ont contraint le nouveau directeur de la Société de l’eau et de l’assainissement (SEOR), Oussama Heleili à trancher, optant pour un retour vers un programme de rationnement. «Fini le H24 jusqu’à nouvel ordre» : une décision qui a poussé la population oranaise à s’adapter à cette nouvelle donne considérée comme la seule solution pour face à la conjoncture actuelle. «C’est au prix de grandes manœuvres au quotidien que la SEOR réussit à concrétiser ce programme garantissant à tout le monde sa ration d’eau potable», note le directeur de l’hydraulique. Le directeur de la SEOR, estime, quant à lui, qu’il vaut mieux garantir l’eau un jour sur deux que de s’acharner à assurer le H24 et tomber de grandes perturbations. Il est à rappeler que les grandes perturbations, enregistrées à Oran, ont poussé le ministre des ressources en eau, à mettre fin en septembre dernier aux fonctions du DG de la SEOR et du directeur d’exploitation de la même entreprise. Un communiqué du ministère avait expliqué que cette décision était motivée par «la détérioration du niveau du service public dans l’ensemble des communes d’Oran et ses répercussions négatives sur la distribution de l’eau potable». La sécurisation du secteur de l’eau consiste à trouver de nouvelles ressources mais également à rationnaliser l’utilisation des ressources existantes. La DRE avait lancé, en 2020, un projet pour la déconnexion la station de dessalement d’eau de mer d’El Mactaâ du couloir MAO (Mostaganem-Arzew-Oran). Cette station, qui assure l’AEP d’Oran à hauteur de 80%, était greffée au couloir MAO acheminant également l’eau des barrages, de Gargar, dans la wilaya de Relizane, notamment. Le nouveau projet hydraulique a consisté en la création de deux réseaux indépendants pour assurer une alimentation de manière séparée entre les deux sources. Pour sécuriser l’AEP, il est également question de lutter contre la déperdition de l’eau. «De grandes fuites au niveau des deux parties est et ouest, s’élevant à 100 000 m3/jour, soit un cinquième des besoins de la wilaya d’Oran, ont duré durant des mois en 2020», rappelle le responsable par intérim de la DRE. Leurs réparations, nécessitant des coupures de plusieurs jours, ont été retardées d’un mois à un autre, jusqu’en septembre dernier. «Le prix à payer pour remédier à cette situation a été les coupures d’eau de plusieurs jours ayant touché toute la wilaya, mais le gain a été certain», estime le même responsable. À l’heure où les sources superficielles -eau des barrages- se font rares du fait de la faiblesse de la pluviométrie, et en attendant la réalisation de nouvelles stations de dessalement en mesure d’assurer une production suffisante pour couvrir les besoins de la population, en continuelle croissante, le rationnement et la rationalisation s’imposent et de nouveaux comportements des consommateurs s’avèrent indispensables.