Il a été constaté, ces dernières années, que beaucoup d’Algériens sans-abris errent dans les rues et dans les quartiers malfamés de la Capitale. Le constat est alarmant. Les pouvoirs publics ne s’inquiètent nullement de leur triste sort. Serait-ce une attitude de mépris de leur part ? Qui sont ces SDF, et où vont-ils ? Sont-ils condamnés à suivre le chemin qui mène à l’enfer ?
Les personnes sans domicile fixe (SDF) sont celles qui ont rompu totalement leurs liens avec leur famille et la société pour se retrouver sans toit, ni travail. Être sans-abris ne consiste pas uniquement à dormir dans la rue, on considère aussi comme sans-abris les personnes contraintes de vivre dans des logements temporaires, insalubres ou de piètre qualité. Les sans-abris peuvent être confrontés à une espérance de vie réduite, des problèmes de santé, des discriminations, de l’isolement et des difficultés d’accès aux prestations et services publics de base. Ces victimes de la société sont livrées à elles-mêmes sans aucune ressource financière. Face à leur situation calamiteuse, sont-ils les sans-abris vraiment considérés comme des damnés de la terre? Aussi, sont-ils les oubliés de l’Algérie ? Là est la question. Ces gens ne sont classés dans aucune catégorie sociale du pays. Les responsables locaux les méprisent et les traitent le plus souvent de parias car, selon eux, ils salissent et ternissent l’image de la Capitale. Dans ce cas, pourquoi ne pas les prendre en charge ? Pourtant, il existe des services pour prêter assistance à ces personnes en détresse. La hantise se lit sur leurs visages livides. Ils sont condamnés à lutter contre la canicule, le froid glacial, la faim, ceci sans aucune perspective d’avenir. Ce sont des personnes en détresse psychologique, car ayant perdu tout moyen de réintégrer la société. Des statistiques ont montré que les SDF sont comptés par milliers. L’année passée, il a été enregistré plus de 1 500 sans-abris dans la Capitale. Ce chiffre témoigne, à lui seul, de l’ampleur de ce drame qui dévoile la face cachée de l’Algérie. D’autre part, il est à rappeler que le nombre des sans-abris augmente chaque jour. À cet effet, les associations d’aide humanitaire doivent tirer la sonnette d’alarme avant que la situation ne s’aggrave davantage pouvant engendrer des conséquences fâcheuses.
Un phénomène qui prend de l’ampleur
Le phénomène des sans-abri prend de plus en plus de l’ampleur notamment au vu de la croissance des problèmes familiaux. Ce sont des hommes, des femmes, des adultes, des enfants, qui sont affectés par ce fléau social qui n’a pas de remède. Ce sont des Algériens, comme tous les autres, qui, peut-être, un de leurs ascendants est tombé au champ d’honneur pour libérer l’Algérie du joug colonial durant la Révolution. Des enquêtes effectuées à cet effet pour découvrir les causes de ce phénomène grandissant. Il s’est avéré que la plupart d’entre eux ont été chassés de leurs domiciles plus particulièrement suite à des conflits familiaux (orphelins, veuves, divorcées, handicapés). Ils se trouvent devant un dilemme : d’une part, ils sont abandonnés à leur triste sort et, d’autre part, ils sont négligés par les autorités concernées, dont les comportements arrogants de ces derniers sont à déplorer. Ceci, en plus des dangers qui les menacent à chaque instant, principalement la nuit. D’autre part, ils sont exposés constamment aux agressions des délinquants.
Le Samu, un service salutaire pour les sans-abris
Par ailleurs, le Samu social a un rôle prépondérant à jouer en aidant les SDF à affronter l’adversité. Ainsi, il a une double mission. Les interventions dans la rue, effectuées quotidiennement par les équipes mobiles, et le secours psychologique, social et médical, dans le cas où ces personnes se trouveraient en détresse sociale, mais aussi en cas d’urgence médicale. D’autre part, il est appelé à accompagner ces malheureux aux centres de transit qui les recueillent durant quelques jours avant d’effectuer un autre voyage vers une autre destination. Par ailleurs, il a été constaté que ces marginaux battent le pavé pendant des années dans cette situation déconcertante. Ils errent à longueur de journée dans les quartiers mal famés de la Capitale. Ils sont le plus souvent étendus à proximité des décharges publiques. Beaucoup d’entre eux sont exposés aux morsures des rats qui prolifèrent dans ces endroits malsains, surtout après les chutes de pluie. Selon des statistiques, des dizaines de sans-abri meurent dans l’anonymat le plus total, particulièrement pendant la période hivernale suite à la baisse sensible de la température. D’autre part, il nous a été donné de constater que ces «damnés de la terre» choisissent le plus souvent des coins qui se situent sous des voûtes pour se protéger contre les éventuelles intempéries. Aussi, il a nous été de constater, à maintes reprises, que des véhicules appartenant au Croissant-Rouge algérien(CRA) sillonnent tous les jours les grandes artères d’Alger pour porter aide à ces SDF, en leur distribuant des repas chauds. La place des Martyrs est la plus fréquentée par ces malheureux. C’est l’endroit de prédilection de plusieurs sans-abri. D’autre part, il a été constaté, aussi, que des hommes et des femmes en lambeaux traînant constamment avec eux leurs progénitures battent désespérément le pavé pour trouver un endroit tranquille où se reposer après avoir effectué de longues marches épuisantes. De toute évidence, le Samu vient toujours au secours de ces personnes en détresse, en leur prêtant assistance dans des moments difficiles. Ces oubliés de l’Algérie sont condamnés à vivre dehors sept jours sur sept. Nuit et jour, ils luttent contre la canicule, le froid glacial, la faim, sans aucune perspective d’avenir, et ce sont des personnes en détresse psychologique car ayant perdu tout moyen de réintégrer la société. Cette déshonorante appellation d’une personne ou d’une famille qui, faute d’avoir un toit comme tout le monde, se retrouve malgré elle à la rue dans un automne très froid. Il a été constaté que des sans-abri, hommes, femmes ou même adolescents, passent des nuits terribles dans des endroits qui ne sont pas sécurisés. D’autres les passent devant des commissariats de police. Enfin, la majorité d’entre eux préfèrent aussi les passer sur des trottoirs jusqu’à ce qu’ils soient dérangés subitement par des locataires d’un immeuble ou par la venue surprise d’un chien errant. Devant cet état de fait, ces sans-abri de tous âges et sexes confondus souffrent terriblement de la malnutrition et du manque de sommeil.
Les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables
Des enfants sont, la plupart des cas, des victimes des divorces de leurs parents, et qui se trouvent du jour au lendemain abandonnés dans la rue à leur triste sort, sans aucune ressource. Devant une telle situation déroutante, ils doivent se débrouiller au péril de leur vie pour survivre tant bien que mal. Auquel cas, ils seront obligés de commettre des vols et même parfois se trouvent obligés d’agresser des passants pour leur soutirer de l’argent ou un objet de valeur. Un vrai calvaire pour ces innocentes victimes de la société. De plus, ils sont vulnérables aux diverses maladies contagieuses et chroniques qu’ils peuvent contractéés suite aux endroits insalubres qu’ils fréquentent pour s’adonner à leurs activités le plus souvent malhonnêtes. Ils se livrent à la drogue et s’adonnent à la boisson pour oublier les problèmes engendrés par leur famille. Aussi, il a été constaté qu’un grand nombre de vieillards et de vieilles femmes tout déguenillés errent sans but précis dans les rues de la Capitale. Ils se contentent de dormir et de manger à même les trottoirs sans prêter attention aux passants qui défilent devant eux. Certains les regardent avec compassion, d’autres avec mépris. Comment sont-ils arrivés à cette situation dégradante ? Il faut connaître leur histoire pour connaître la vérité. Chacun d’eux à ses propres raisons. La plupart d’entre eux ont été chassés par leur propre famille, dont les causes principales sont multiples. D’autres personnes ont fui leurs villes ou villages natals pour mener une vie aventureuse à la recherche d’un travail dans la Capitale et sa banlieue. Confrontés aux déboires de la vie qu’ils ont subie, ils sont contraints de demeurer dans la Capitale dans l’espoir de trouver un emploi. Malheureusement, ils se retrouvent parfois piégés. L’étau se resserre davantage autour d’eux. Ainsi, ils se trouvent dans l’obligation de faire la manche ou à défaut s’adonner à des activités malhonnête pour survivre ou amasser de l’argent pour retourner chez eux après avoir fait chou blanc. Quelles sont les solutions pour juguler ce phénomène grandissant ? Devant cet état de fait, la responsabilité de la lutte contre le problème des sans-abri incombe, d’abord, aux pouvoirs publics. Il faut que l’État adopte des stratégies intégrées à long terme, axées sur le logement, afin de lutter contre le phénomène des sans-abris aux niveaux national, régional et local. L’efficacité des stratégies de lutte contre ce phénomène repose notamment sur la prévention et l’intervention précoce, la prestation de services de qualité aux sans-abri, le relogement rapide. Par conséquent, il est à noter que parmi ces sans-abri, il y a lieu de citer aussi des malades mentaux, des exclus injustement du logement social et toutes sortes de personnes en difficultés financières. Face à cette situation dramatique, les pouvoirs publics arriveraient-ils un jour à juguler l’ampleur de ce phénomène qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes ? L’avenir nous le dira.
Lazreg Aounallah