Accueil ACTUALITÉ SAHARA OCCIDENTAL : Reprise de la lutte armée et intense mobilisation diplomatique

SAHARA OCCIDENTAL : Reprise de la lutte armée et intense mobilisation diplomatique

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L’année 2020, a été marquée pour le peuple sahraoui par la reprise de la lutte armée à la suite de l’agression marocaine contre des populations civiles à El-Guerguerat en flagrante violation du cessez-le-feu de 1991.

Cette reprise de la lutte armée sur laquelle l’occupant marocain ne souffle mot a remis la question sahraouie au-devant de l’actualité internationale et mis a nu le blocage du processus du règlement onusien , à travers l’échec du Conseil de sécurité et l’incapacité de la Minurso à organiser le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui pour lequel elle a été créée et mise en place. L’agression marocaine, du 13 novembre, 2020 contre des civils sahraouis à El-Guerguerat (sud-ouest du Sahara occidental) où ils manifestent pacifiquement pour réclamer la fermeture définitive de la brèche illégale dans la zone tampon d’El Guerguerat par où transitent un important trafic des richesses sahraouies spoliées par le Maroc , a été pour les dirigeants sahraouis , après de nombreuses mise en garde de rompre l’immobilisme imposée par le Maroc et avec le statu quo à son avantage et implicitement favorisé par le secrétaire général de l’ONU , qui a fini par reconnaître qu’il avait échoué à maintenir ce statu quo alors qu’il devait impulser le règlement du conflit comme le lui demande tous les ans le conseil de sécurité de l’ONU en ses résolutions . Le retard pris par la nomination d’un nouvel émissaire après la démission de l’ancien président allemand, Horst Köhler, en mai 2019 n’a fait que prolonger le blocage de toute avancée du processus de paix par le Maroc , qui s’appuie sur la complaisance de la France au Conseil de sécurité . En violant le cessez-le-feu signé en 1991 avec le Front Polisario, seul et unique représentant légitime du peuple sahraoui, le Maroc n’a laissé d’autres choix à ce dernier que de relancer la lutte armée comme dernier recours pour obliger le Maroc à sortir de sa fuite en avant et à accepter un règlement négocié du conflit du Sahara occidental débouchant nécessairement sur l’organisation du referendum d’autodétermination du peuple sahraoui . Le Maroc, qui a longtemps refusé de croire à la possibilité d’une reprise de la guerre au point qu’il a dégarni le mur de défense et ses bases militaires dans les zones du Sahara occidental qu’il occupe , est de nouveau confronté à la réalité de la guerre et s’est tourné en catastrophe vers Israël auquel il s’est livré pieds et poings liés en contrepartie d’un troc indigne : la reconnaissance de sa prétendue «souveraineté » sur un territoire non autonome. Un « troc imposé par le président défait électoralement, Donald Trump, jouet entre les mains de Netanyahou et de son gendre, Jared Kushner ardent sioniste et grand affairiste fourvoyé en politique et en relations internationales.
L’impair diplomatique de Trump , qui ne savait même pas situer géographiquement le Sahara occidental, selon son ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton , outre le fait qu’il a discrédité les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité , a suscité une levée de boucliers sans précèdent aux USA. Des personnalités politiques de premier plan et de tout bord , entre sénateurs démocrates et républicains et jusqu’à l’ancien secrétaire d’État James Baker , architecte du plan de paix, se sont dressés comme un seul homme pour dénoncer une folle décision sans assises légales, en violation du droit international, lequel consacre le principe inaliénable du droit des peuples colonisés à l’autodétermination. ONG, associations, partis politiques, députés, personnalités et militants des droits de l’Homme se sont mobilisés à travers différentes capitales pour dénoncer et défendre le droit du peuple sahraoui à exercer son droit à l’autodétermination. Cet élan a été appuyé par les États d’Afrique et d’Amérique latine ainsi que les instances juridiques et politiques à travers le monde, appelant à un dialogue devant conduire à une solution qui respecte la volonté du peuple sahraoui. Face à cette situation , l’Algérie a affirmé lors du 14e Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine (UA), que le projet « faire taire les armes » ne pourrait aboutir sans l’éradication des résidus du colonialisme en Afrique conformément à la Déclaration des Chefs d’État et de Gouvernement de mai 2013 et de l’Agenda continental 2063. Jamais donc, sans la décolonisation du Sahara occidental. Pour l’Algérie, pays voisin des parties en conflit, sur le Sahara occidental, le Maroc et le Front Polisario, en l’occurrence, les derniers développements constituent un « réel motif de préoccupation et d’inquiétude ». À cet effet, le gouvernement a appelé à la « relance du processus de règlement politique en accélérant la nomination d’un Représentant personnel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) et la reprise des négociations entre les deux parties en conflit ». Au niveau de l’Union africaine (UA) et en dépit des manœuvres dilatoires du Maroc et de la poignée d’alliés qu’il compte , il a été décidé de réinscrire la question du Sahara occidental dans l’agenda du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA pour donner un nouveau souffle à ce dossier. La décision met un terme aux tentatives du Maroc d’écarter l’organisation panafricaine des efforts visant à trouver une solution au conflit au Sahara occidental , pour le contenir à l’ONU et au conseil de sécurité où il peut compter sur l’appui inconditionnel de Paris . Précisement et au plan onusien, le soutien à la cause sahraouie a été renforcé également par l’adoption récente par l’Assemblée générale d’une résolution dans laquelle l’ONU appuie la solution garantissant au peuple sahraoui son droit inaliénable à l’autodétermination, la tâche pour laquelle a été créée, il y a 30 ans, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso), dont le mandat a été renouvelé fin octobre pour un an. Il se trouve qu’en dépit des rapports accablants sur la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, le mandat de la Minurso a été prolongé sans intégrer dans son mandat la surveillance des droits de l’homme. La forfaiture du président sortant, Donald Trump, qui termine lamentablement son mandat dont la décision a été vivement condamnée à l’échelle internationale, mais aussi par la classe politique américaine, la considérant « sans valeur légale », n’ a fait que renforcer la détermination des sahraouis dans la poursuite de la guerre et la remarquable mobilisation du gouvernement sahraoui et de son appareil diplomatique pour défendre leur bon droit. Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’ a eu d’autre choix que de souligner que le règlement du conflit du Sahara occidental ne dépendait pas de la « reconnaissance individuelle des États », mais plutôt de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité. Résolutions dont les États-Unis ont été, ces dernières années, le « Pen Holder » (rédacteur de l’avant-projet ) votées par la majorité au Conseil de sécurité a l’exception de la Russie et de l’Afrique du sud jugeant que le droit à l’autodétermination n’était pas suffisamment souligné. Enfin de nombreux appels sont lancés au président élu, Joe Biden, pour qu’il abroge la décision insensée d’un chef d’État qui restera dans l’histoire celui qui a obéi à Israël sans broncher au détriment des intérêts des États-Unis.
Mokhtar Bendib

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