La crise diplomatique provoquée avec l’Algérie par la décision de Pedro Sanchez d’approuver le « plan d’autonomie » marocain au Sahara occidental, a pesé de manière décisive sur l’augmentation des prix du gaz. Selon le site « Libre Mercado », L’Espagne paie actuellement un prix moyen pour le gaz consommé chaque mois de 143,69 euros/MWh. Celui d’Algérie qui arrive encore en Espagne, est beaucoup moins cher : il coûte 42,99 euros/MWh. Mais l’Espagne a cessé de recevoir près de
6 000 GWh du gaz algérien, chaque mois, et l’a remplacé par du gaz des États -Unis, du Nigéria ou encore de Russie, au prix de 143,69 euros. De graves conséquences causées par la politique étrangère et énergétique du gouvernement de Sanchez. Au lendemain de sa rupture avec le Maroc en été 2021, l’Algérie avait décidé de fermer le Gazoduc Maghreb-Europe, ce qui a causé des dommages considérables à l’Espagne. Résultat : l’Espagne se retrouve sans une importante partie de gaz algérien qui arrivait chaque mois. En d’autres termes, l’Espagne a perdu du gaz bon marché et l’a remplacé par du gaz cher. Et si les livraisons se sont poursuivies relativement normalement ces derniers mois, et que le volume n’a pas pour l’heure été affecté par la crise diplomatique entre les deux pays, la facture, en revanche, devrait augmenter considérablement. Depuis le début du conflit en Ukraine, l’Algérie a renégocié les prix des contrats d’approvisionnement en gaz, et le tarif appliqué à l’Espagne devrait grimper de 50 %. Autre indicateur qui pourrait mettre en danger l’économie espagnole, la trajectoire ascendante de l’endettement, qui est passé à 1,503 milliard d’euros en décembre. Aujourd’hui, après plus de quatre ans de gouvernance sous la présidence de Sanchez, la dette augmente chaque jour de 206,07 millions d’euros. Ainsi, dans un environnement économique compliqué, avec une inflation élevée et des coûts énergétiques élevés, Sanchez continue de compromettre l’économie espagnole et de causer de graves déséquilibres. L’inflation a rebondi en février en Espagne pour atteindre 6,1% sur un an, après une hausse des tarifs de l’électricité. Une situation qui a causé d’énormes pertes aux concessionnaires espagnols associés au marché algérien, qui ont même intenté une action en justice contre leur gouvernement pour demander une compensation pour les pertes subies. Et ce n’est pas un hasard si depuis plusieurs mois, les dirigeants de l’Union européenne se sont succédé un par un au palais de la présidence algérienne, le rôle de puissance gazière que joue actuellement l’Algérie, en est la raison essentielle. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, n’avait-elle pas récemment dit que « Face à la grande crise énergétique que traverse notamment l’Europe, l’Algérie pourrait devenir un leader de la production, certes africaine mais probablement mondiale ». En effet, plusieurs pays de l’UE, dans leur quête de limiter la dépendance au gaz russe, semblent se disputer la place de pays qui pourrait devenir un intermédiaire fiable pour l’Europe et crédible pour les pays exportateurs. Ici, dans le cas de l’Algérie, l’Espagne a pris un énorme recul sur l’Italie, la France et beaucoup d’autres Etats du vieux continent. L’arrêt de ses transactions avec l’Algérie a entraîné d’énormes pertes pour l’Espagne. Dans ses dernières déclarations, le président Tebboune a d’ailleurs accusé ouvertement Sanchez d’être « responsable de la crise diplomatique qui frappe les relations entre l’Algérie et l’Espagne ». Cette crise a été provoquée par « la position inamicale de l’Espagne sur la question du Sahara occidental ». Une vision approuvée par les partis d’opposition et les élites des opérateurs économiques espagnols, qui ont critiqué la décision du gouvernement Sanchez de changer la position de son pays sur la question sahraouie, au détriment du peuple sahraoui et de l’Algérie en tant qu’amie de Madrid. Les prochaines élections législatives espagnoles prévues fin 2023, sonnent ainsi comme l’occasion propice pour les Espagnols d’afficher leur mécontentement envers l’administration de Sanchez. En attendant, les négociations entre la société espagnole « Naturgy » et l’entreprise algérienne « Sonatrach » concernant les prix du gaz pour cette année sont des plus difficiles.
Hamid Si Ahmed