En prévision de la rencontre tripartite algéro-égypto-tunisienne de haut niveau, le mois en cours à Alger, sur la crise libyenne, Alger intensifie ses concertations avec Tunis et le Caire, mais aussi avec d’autres partenaires pour réunir les conditions nécessaires afin d’atteindre l’objectif escompté. Déjà que la situation sur le terrain libyen ne cesse de se compliquer davantage, entre les libyens, le choix du palestinien, Sallam Fayad pour remplacer Martin Kobler à l’ONU sur le dossier libyen, continue de susciter des réactions non favorables, notamment celle des Etats-Unis.
Pour pouvoir aider les Libyens à dépasser leurs divergences, à l’origine de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de dialogue inter-libyen, conséquence directe des carences et insuffisances contenues dans l’accord inter-libyen signé à Skhirat (Maroc), alors que des parties s’emploient à aider les Libyens à sortir de cette spirale, des interférences d’acteurs étrangers rendent la tâche encore plus difficile. Saluée dans ses démarches pour aider les Libyens à trouver des solutions pacifiques à même de préserver la souveraineté et l’unité de la Libye et la cohésion de son peuple, Alger, a réaffirmé, mardi dernier, sa disponibilité à poursuivre ses efforts. Dans le cadre des concertations avec les parties, personnalités et leaders politiques libyens, le ministre des Affaires maghrébines de l’Union africaine et de la Ligue Arabe, Abdelkader Mesahel a reçu mardi dernier une importante délégation libyenne, représentant une coalition de partis politiques libyens, conduite par Ali Bachir Zouik. La rencontre, qui s’inscrit dans le cadre des concertations avec les parties, personnalités et leaders politiques libyens, a porté sur les derniers développements de la situation en Libye, notamment sur le plan politico-sécuritaire et les voies et moyens destinés à renforcer le processus de sortie de crise à la lumière des efforts en cours d’Alger en prévision du sommet tripartite algéro-égypto-tunisien sur La Libye. Sur un niveau de concertation, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, est attendu mercredi prochain, à Bruxelles, pour rencontrer son homologue européenne Federica Mogherini, selon la Commission européenne, sur des dossiers de coopération, mais aussi sur la crise libyenne selon la même source. Si sur le terrain libyen les évènements s’intensifient et s’accélèrent, pour ne citer que l’arrivée des groupes armés, notamment de la ville libyenne de Misrata, à Tripoli, annonçant la création d’une coalition de groupes armés baptisée «garde nationale» composée selon des médias locaux, de groupes ayant combattu l’année passée à Syrte les terroristes de Daech. Réagissant à cette annonce, le gouvernement d’Union nationale libyen, a dans un communiqué publié hier, souligné que « ce groupe et ceux qui l’appuient son considérés comme hors-la loi et n’ont aucun statut» considérant cette nouvelle coalition
« une tentative de former un corps parallèle à la garde présidentielle» et de faire, poursuit-il « entrer la capitale dans un conflit armée sanguinaire» est-il précisé.
Alors que les pays voisins à la Libye , (Algérie, Egypte, Tunisie), s’apprêtent à tenir une rencontre tripartite sur une réunion très attendue, en premier lieu par les concernés, les Libyens, en vue de sortir du tunnel infernal dans lequel le pays est plongé depuis plus de six ans, la nomination du successeur à l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, ne semble pas être une tâche facile pour le nouveau Secrétaire général de l’institution onusienne, Antonio Guterres. Alors que l’ONU appuie l’initiative d’Alger, Le Caire et Tunis, à aider les Libyens à dialoguer et discuter des questions jusque là en suspens, pour pouvoir lancer une dynamique politique nationale, le blocage enregistré dans l’annonce du remplaçant de Martin Kobler retarde l’urgence d’un accord politique en Libye. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui voulait voir l’ancien Premier ministre palestinien, Salam Fayad, occuper le poste de Martin Kobler, s’est heurté au veto des Etats-Unis, qui ont dit non, mettant à mal les «progrès» dont a fait part Martin Kobler mercredi dernier, au Conseil de sécurité, notamment de possibles amendements de l’accord politique, en vue d’inclure, dans le futur de la Libye, le rôle du général Haftar.
Karima Bennour