Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a dans son allocution d’ouverture de la réunion du gouvernement avec les walis, qui s’est tenue hier à Alger, reconnu la gravité de la situation économique, mais reste optimiste à une issue favorable qui reste tributaire selon lui de la solidarité de la classe politique, de la société civile et des citoyens. Pour Sellal, une très lourde responsabilité pèse désormais sur les walis qui sont appelés à impulser une nouvelle dynamique à l’investissement local, chacun dans son territoire respectif, à travers des projets générateurs de la croissance, par l’accompagnement sur le terrain, du plan de relance économique élaboré par son gouvernement. Ce n’est pas tout, puisque les mêmes responsables se doivent de veiller au strict respect des mesures liées à la rationalisation des dépenses publiques, ainsi que la préparation de la prochaine rentrée sociale. Pour ce qui est de l’investissement, en général, faut-il rappeler comme l’a souligné Sellal, que les porteurs de projets sont bloqués par la problématique d’accès au foncier industriel. Une contrainte qui remet en cause, du coup, toute idée d’assoir au niveau local des niches de projets, quand bien même productifs et rentables à l’économie. Devant cet état de fait, le chef de l’Exécutif ordonne aux walis d’aller au-delà de leur mission «réduite», jusque-là, à l’étude des dossiers et à l’octroi d’autorisations aux investisseurs. «Votre rôle est très important. Le gouvernement attend beaucoup de vous», c’est en ces termes, donc, que Sellal a voulu responsabiliser les cadres exécutifs locaux pour les replacer en amont, dans un rôle plus déterminant dans l’acte d’investir, orienté notamment vers la mobilisation et la facilitation des investissements au niveau des communes, et non pas se contenter d’attendre et d’agir en conséquence, a-t-il laissé entendre. L’absence d’initiatives, de volonté politique et d’esprit d’anticipation, dont font preuve parfois les responsables à la tête des wilayas cantonnés dans un rôle de technocrates, a amené Sellal a l’interpellation des consciences. Pour lui, le problème se pose en matière d’état d’esprit et de méthodes de fonctionnement. Et d’ajouter que, désormais, «cette culture doit être bannie des habitudes des responsables», pour laisser place au but «suprême» qui échoit aux walis, celui d’accompagner l’investisseur tout au long du processus du montage de son projet, et d’amener ainsi les porteurs de projets à se bousculer au portillon, a-t-il recommandé. Le Premier ministre a rappelé la nouvelle disposition de la loi sur le foncier industriel qui relève du domaine privé de l’état, des terrains des zones industrielles et d’activités… En effet, celle-ci renforce «les prérogatives» du wali et lui permet d’autoriser par arrêté, sur proposition du directeur local chargé de l’investissement, l’octroi aux opérateurs désireux d’implanter des projets d’assiettes de terrain. à ce titre, Sellal a mis en garde contre tout blocage qui serait passible de sanctions. «Celui qui bloquera sera bloqué», a-t-il menacé. Outre les walis, Sellal a appelé les élus locaux et à leur tête les présidents d’APC à faire preuve de détermination dansl’accompagnement des décisions de son gouvernement.
Le recours au FMI reste une éventualité
Le pays traverse une situation particulièrement «difficile», en raison du développement politique et économique qui prévaut dans le monde entier. C’est en ces termes que le Premier ministre a qualifié le contexte de crise, résultat de la chute des prix pétroliers qui sévit depuis l’année dernière. à ce titre, les inquiétudes exprimées par la classe politique, la société civile et les citoyens incombent à son gouvernement, de dire toute la «vérité» qui fait le maître-mot de son action menée dans un climat de «transparence», a ajouté Sellal. En réponse aux critiques de son Exécutif par nombre d’acteurs sur la scène nationale, Sellal a rappelé les décisions prises dans le cadre de la LFC-2015, de la lutte contre le marché informel et l’évasion fiscale, de l’organisation du commerce extérieur, des rencontres organisées entre les différents acteurs nationaux autour de la crise…pour défendre ses choix. «Voila la vraie image du gouvernement qui travaille en toute transparence et d’arrache-pied pour améliorer la situation dans le pays», a-t-il répondu. Même si pour le chef de l’Exécutif, l’amélioration de la situation passe vraisemblablement par dire la vérité au peuple si l’on veut gagner sa confiance, car «l’avenir ne peut être subi si la vérité est dite», a-t-il dit à ce propos. Quid de la vérité ? à cette interrogation, Sellal répondra que la dégringolade des prix de l’or noir risquerait effectivement de se poursuivre dans les prochain mois, avec toutes ses retombées sur les équilibres financiers et économiques. Néanmoins, Sellal estime que l’économie du pays est consolidée par la manne financière enregistrée il y a quelques années et à la faveur du remboursement des dettes, ce qui constitue une sorte de «garantie», même si, ceci impose aujourd’hui, le recours à une économie productive en dehors des hydrocarbures. Pour réaliser cet objectif, Sellal a appelé à la solidarité et l’implication des citoyens pour accompagner le passage à une économie diversifiée génératrice de croissance. Devant l’épuisement des réserves de change et le rétrécissement du Fonds de régulation des recettes (FRR), Sellal n’écarte pas l’éventualité de recours du financement international via le FMI (Fonds monétaire international). Même si, pour l’heure, rien n’oblige le pays à aller vers l’endettement extérieur, a-t-il précisé.
La LF-2016 : pour une croissance à 4,6%
évoquant la Loi de finances 2016, le Premier ministre a indiqué que le projet devant être présenté incessamment est axé sur la croissance économique fixée à un taux de 4.6 %. Pour Sellal, il ne s’agit pas de la poudre aux yeux mais qu’il s’agit d’un objectif authentique basé sur les estimations et les études, et non un chiffre imaginaire ou fictif, a-t-il révélé. Ceci donc, intervient au moment ou les prix du pétrole enregistrent une tendance baissière qui n’inquiète pas pour autant le chef de l’Exécutif, estimant, à contrario, que l’augmentation de la production pourrait pallier à la chute des prix. D’autre part, il a annoncé qu’en prévision de la LF-2016, les dépenses budgétaires globales seront revues à la baisse de 9%. Cependant, des secteurs sensibles tels que l’Education, la Santé, l’Habitat ainsi que le fonctionnement du service public ne seront pas concernés par ces restrictions. Certes, il y aura des restrictions, mais le développement ne sera pas touché, a-t-il rassuré.
Farid Guellil