Dans un communiqué, signé par Tahar Baour, son chargé d’affaires, le ministère des Affaires étrangères du gouvernement d’union nationale (GNU) libyen, s’est interrogé sur les réels objectifs de la rencontre, le week-end dernier à Bouznika près de Casablanca au Maroc, de deux factions libyennes pour discuter de l’avenir du pays.
Ce document dont nous détenons une copie est un franc désaveu des tentatives marocaines de peser sur l’avenir de la Libye, dont le sort ne serait scellé sur la base d’un accord consensuel qui unirait le large spectre des courants politiques que compte le pays. Le communiqué du ministère des affaires étrangères du gouvernement d’union nationale, dirigé par Abdelhamid Dbeïba, a indiqué que les institutions libyennes n’ont pas été associées dans la préparation de cette rencontre ni informées de sa tenue, ce qui représente une entorse aux us et coutumes et procédures diplomatiques connues. Tahar Baour a indiqué dans une correspondance adressée au ministre des affaires étrangères marocains, Nacer Bourita que ni le président du conseil d’État et encore moins ses membres n’ont été informés de la tenue de cette rencontre, ce qui suscite des interrogations sur ses véritables motivations, ses objectifs ou encore sur l’identité de ses initiateurs. Tahar Baour a rappelé à Bourita l’impératif d’une coordination avec le gouvernement légitime pour toute rencontre entre les parties libyennes sur le territoire marocain, afin d’éviter que certaines parties s’engagent dans des processus parallèles qui pourraient impacter ou parasiter les efforts visant à aboutir à une paix durable qui contribuera à consolider la paix et la stabilité du pays. Les deux partie qui se sont rencontrées à Bouznika ont annoncé à l’issue de leur réunion, parrainée par le Maroc, la conclusion d’un accord pour la reconfiguration du pouvoir exécutif, dans la perspective d’organiser des élections générales. Or, cela suppose la fin de mission pour le gouvernement d’union nationale de Abdelhamid Dbeïba, seule autorité légitime mise sur pied sur la base d’un accord consensuel entre toutes les parties en conflit en Libye. Il faut rappeler, dans ce cadre que le gouvernement national est le résultat des accords de Tunis en février 2024 et de Misrata en juin dernier après des réunions tenues entre les deux Chambres libyennes, pour tenir des élections libres. L’intrusion du Maroc dans les affaires intérieures de la Libye n’est pas innocente. Elle s’inscrit dans le cadre du jeu pervers du Makhzen qui vise assurer, in-fine, à Israël un pont pour étendre sa zone d’influence dans les pays du Sahel et l’Afrique du Nord. C’est une véritable œuvre de sous-traitance au profit d’Israël que tente de réaliser le Maroc de M6 qui a normalisé ses relations avec l’entité sioniste et qui tente, par de basses manœuvres d’entraîner dans sa glissade de soumission d’autres pays. La mise au point du ministère libyen des Affaires étrangères est venue à point nommé pour mettre en échec une manœuvre qui aurait pu mettre en péril le fragile consens qui a permis aux factions libyennes de se reconnaître dans un gouvernement d’union nationale en attendant un accord définitif qui permettra la mise en place de nouvelles institutions et la naissance de la nouvelle Libye. Et les tentatives marocaines de dévoyer ce processus ont été éventées et mises en échec.
Slimane B.