Accueil ACTUALITÉ Régularisation des constructions inachevées : L’État fait-il marche arrière ?

Régularisation des constructions inachevées : L’État fait-il marche arrière ?

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Une fois de plus, l’opération de régularisation des constructions inachevées, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi n°08-15 du 20 juillet 2008, a été prolongée. C’est du moins ce qu’a affirmé, hier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans son allocution à l’ouverture de la réunion Gouvernement-walis. Précisant que des délais supplémentaires sont accordés pour la régularisation des constructions non achevées et non régularisées, le chef de l’Exécutif n’a pas, cependant, manqué d’appeler les élus à agir avec «détermination» afin de juguler la problématique. «Mais il vous incombe de vous saisir de cette question avec détermination pour amener les citoyens et les personnes morales à régulariser les situations en satisfaisant aux différentes conditions de conformité et permettre ainsi un développement urbanistique harmonieux et civilisationnel», a insisté le Premier ministre en s’adressant aux walis. La loi 08/15 adoptée en 2008 n’a pas atteint les objectifs assignés, de par les retards accusés dans son application, surtout que les constructions non-conformes poussent comme des champignons en Algérie. Ainsi, l’insuffisance de maîtrise du dossier ne plaide pas pour le moment en sa réussite compte tenu d’un certain nombre d’aléas. Reportée à maintes reprises, il semblerait que l’État a du pain sur la planche pour arriver à appliquer cette loi à la lettre. Vu l’ampleur du phénomène cela semble difficile. Toutefois, il est à noter que le chef de l’Exécutif n’a pas précisé la date d’expiration du nouveau délai. De ce fait, reste à savoir si la décision ne serait pas renvoyée aux calendes grecques.
Plus de 8 ans après sa mise en œuvre, rien n’a été fait, ou presque, dans le parachèvement des constructions. Décrétée initialement pour une période de cinq ans, afin de permettre aux citoyens de se soumettre aux nouvelles règles, l’opération a été finalement reportée à août 2013, puis à août 2016. Rappelons que le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé, en avril dernier, que le délai de régularisation de la situation des constructions inachevées, accordé par l’État, ne sera pas reporté et la loi sera appliquée dans toute sa rigueur. Or, le ministre avait, de surcroît, assuré que 70% des demandes soumises aux communes à cet effet ont été traitées. Ainsi, cet énième report vient poser des questions quant aux raisons de ces reports consécutifs et à la capacité de l’État de juguler le fléau, surtout que la forte demande sur le logement pèse toujours lourd.
Selon les chiffres officiels, plus de 700 000 dossiers ont été déposés dans le cadre de l’opération de régularisation des constructions non-conformes, qui s’est achevée le 2 août dernier. Le premier recensement des constructions situées au niveau des sites prioritaires a donné lieu à 109 041 constructions concernées, selon le bilan arrêté au 30 septembre dernier. L’opération a été effectivement lancée dans 40 wilayas, mobilisant 871 agents relevant du secteur de l’Habitat. D’après le même bilan, 3 027 sorties ont été effectuées d’une manière non régulière, et 32 765 constructions ont été contrôlées, soit 30% des 109 041 constructions déjà recensées. Ces chiffres témoignent de l’ampleur du fléau, ce qui complique davantage la tâche de redonner aux villes algériennes leur splendeur en l’absence d’un style architectural bien défini. En gros, le recul des autorités vis-à-vis de l’application in extenso de la loi nous laisse «pessimistes», mais il est encore très tôt de statuer, quant à l’avenir de ces constructions.
Lamia Boufassa

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