L’Algérie demeure un pays sûr et en sécurité. Il est l’un des rares pays de la région épargné par le phénomène du recrutement des terroristes.
Sa proximité avec les pays infectés par le terrorisme n’a pas fait de lui un pays pourvoyeur de terroristes tel le cas pour certains pays voisins, où nombre de citoyens partis pour faire le djihad en Syrie se comptent par milliers, à l’instar de la Tunisie et du Maroc. Ce constat émane du service de nouvelles et d’analyses humanitaires (Irin), qui a estimé que l’Algérie est le pays le moins touché dans le monde par le recrutement terroriste, en dépit de sa proximité géographique avec des régions impactées par le radicalisme. «Alors que le groupe terroriste autoproclamé «État islamique» (Daech/EI) est en train de recruter des membres dans le monde entier, un seul pays musulman (l’Algérie) se démarque, du reste», relève Irin (acronyme de l’anglais: Integrated regional information networks) dans une analyse publiée jeudi. Ce réseau mondial d’informations, spécialisé dans la couverture des crises humanitaires, relève «qu’en dépit de sa proximité des régions touchées par l’extrémisme et ayant connu un passé mouvementé de militantisme, l’Algérie compte moins de recrues comparée à plusieurs autres pays, y compris ses voisins la Tunisie et le Maroc». S’appuyant sur des chiffres publiés début septembre par “The Soufan Group”, une entreprise américaine basée à New York qui fournit des services en matière de sécurité et de renseignement aux gouvernements, Irin indique que la Tunisie compte entre 6 000 et 7 000 terroristes recrutés par des groupes extrémistes essentiellement par Daech. Selon les mêmes estimations établies jusqu’à décembre 2015, le Maroc compte entre 1 200 et 1 500 recrues. En Algérie, leur nombre est largement inférieur, se situant autour de 200 recrues.
De prime abord, ce chiffre peut surprendre pour un grand pays d’Afrique qui a connu une décennie de terrorisme, mais quinze années après «le radicalisme semble avoir moins d’attrait en Algérie», constate ce réseau d’information, anciennement rattaché aux Nations unies et lauréat de plusieurs prix. «L’Algérie a-t-elle pris un vaccin anti-Daech?”, s’est interrogé Jenny Gustafsson», l’auteur de l’analyse. Dalia Ghanem-Yazbeck, spécialiste du terrorisme chez Carnegie “Middle East Center”, interrogée par l’auteur à ce sujet, explique que l’expérience vécue par les Algériens durant la décennie noire «reste fraîche dans la mémoire collective et fonctionne comme une forme de dissuasion psychologique». Selon cette expert, la raison pour laquelle Daech n’a pas eu de succès en Algérie réside également dans le fait que le pays a consenti d’énormes investissements dans le domaine sécuritaire. L’Algérie assure «une tâche formidable» en maintenant le contrôle tout au long de ses vastes frontières avec le Mali et la Libye, explique Ghanem-Yazbeck, en relevant que le pays est actuellement leader en Afrique en matière de capacités d’armement et sa force de police dépasse de loin celles du Maroc, de la Tunisie et de la France.
«L’Armée algérienne est devenue une force massive, si vous ajoutez à cela les forces de police et de la gendarmerie, et les branches de renseignement, ils ont évité à de nombreux Algériens de tendre la main à des groupes comme Daech», affirme-t-elle. L’auteur revient également dans cette analyse sur «la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale qui a contribué à la réinsertion des égarés au sein de la société, et aussi sur les actions menées par le gouvernement pour contrer le salafisme radical, tout en rappelant la création du Syndicat national des imams qui agit comme un rempart aux idées religieuses importées».
Hacène Nait Amara et APS