Avec plus de 500 institutions financières existantes à travers le monde entre banques, fonds islamiques, sociétés de micro finance islamique, cumulant prés de 2 trillions de dollars d’actifs, la finance islamique se cherche et cherche une percée dans le paysage financier national. Un secteur très internationalisé dans lequel l’Algérie ne doit pas rester en dehors de cette activité. D’ailleurs, la FI s’inscrit plus largement dans le courant universel de la finance éthique. Il est par conséquent dans l’intérêt économique du pays de développer ce mode financier fortement prisé par les pays en difficultés financières. Ainsi, selon une étude du Forum des chefs d’entreprise (FCE), présentée, lundi à Alger, par l’expert financier international, Lachemi Siagh, il est indiqué que le développement de la finance islamique en Algérie constitue un gisement appréciable pour l’économie nationale, nécessitant néanmoins une adaptation du cadre juridique actuel. « Sur le légal, les obstacles ne sont pas insurmontables, il faut apporter des modifications aux codes civil et fiscal et à la loi sur la monnaie et le crédit pour prendre en charge les spécificités de la finance islamique, exonérer l’opération de la garantie des vices cachés, clarifier le régime de la location-vente, permettre le refinancement en matière de crédit-bail et d’éviter la double taxation et les frottements fiscaux de l’opération d’achat/vente », a-t-il recommandé. De son côté, le ministre des Finances, Abdarrahmane Raouya, a estimé que : « la finance islamique est en train de se généraliser effectivement au niveau des banques publiques», tout en affirmant la disposition de son département ministériel à apporter les ajustements adéquats en cas de besoin. Toutefois, le cadre juridique actuel est assez suffisant pour accompagner le développement de la finance islamique en Algérie. Dans ce registre le ministre a rappelé que : «la Banque d’Algérie envisageait de publier un nouveau règlement pour mieux encadrer la gestion des produits financiers dits alternatifs au niveau des banques et établissements financiers. » Pour sa part, Mohamed Aissa, ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, a insisté sur l’importance d’un référentiel de la jurisprudence islamique en matière de contrôle des opérations de la finance alternatif. Dans ce sens, il a fait savoir qu’: « une académie de la jurisprudence islamique (Majmaa fiqhi) est en cours de création, et qui sera mise au service, entre autres, de l’économie nationale et de la finance islamique.» Expliquant que ses membres seront élus parmi leurs pairs, et son financement sera assuré à travers le mécénat et les waqfs. Par ailleurs, Mohamed Aissa a mis en exergue l’importance du rôle des imams dans la sensibilisation des citoyens pour la bancarisation de leurs ressources et tirer profit des produits alternatifs. En outre, le président de l’association des banques et établissements financiers (Abef), Boualem Djebbar, a indiqué que : « les produits financiers dits alternatifs ne représentent actuellement que 3% du marché financier national global, mais elle représente 16% des financements bancaires», soulignant que : «le taux n’est pas négligeable, vu que deux banques islamiques seulement activent en Algérie. La communauté bancaire en Algérie avait proposé de créer un comité national du contrôle de la conformité à la charia qui sera installé au niveau Haut conseil islamique», a-t-il ajouté.
Dans son intervention à l’ouverture des études, le président d’honneur du FCE, Omar Ramdane, a indiqué « qu’au-delà des motivations liées aux convictions religieuses, la finance islamique répond au besoin d’une finance éthique dont ont peut maitriser tous les aspects. » Tout en évoquant le potentiel de la finance islamique dans le monde, l’étude du FCE précise que ce nouveau mode de financement enregistre une croissance annuelle dépassant les 15%, un taux inégalé dans l’industrie.
Mohamed Wali