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Ramadhan à Médéa : une journée toute particulière

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Ici à Tnit El-Hdjer, il y a foule et mouvement. Un peu plus que d’habitude, et c’est tout à fait normal. La place est noire de monde. Des femmes et des hommes, des jeunes et moins jeunes. Les uns avec des valises et des cabas, les autres avec des couffins et des sacs de toile de jute remplis de je ne sais quoi. Et d’autres… les mains vides et les têtes bien peuplées… La canicule du jour a fortement laissé des fissures et autres marques ternes sur les visages et les regards et n’a épargné personne. Direction centre-ville. Du côté du port comme du côté du vieux Titteri, il y a une vie et une âme. Du côté des coins touristiques, on ne s’en plaint pas. Un tumulte heureux et tout le monde s’affaire.

Plaisirs
Nous sommes à la Place du 1er novembre. Des personnes se payent quelques plaisirs en guise de souvenir de leur passage Médéen . Des marchands exposent leurs offres sur des tréteaux ou à même le pavé. Les commerces de la rue ne chôment pas. Ceux de la rue Bab Lakouas, non plus. Ceux de la rue Ktiten font aussi leur bon chiffre de la semaine. À la rue Tahtouh, les marchands d’artisanat, de chaussures, de tissu pour ameublement et autres merceries ne désemplissent point. Les femmes se font de plus en plus rares. C’est l’heure de faire la popote. Le soleil est en train de se retirer peu à peu et d’abandonner la partie. Le ciel se moutonne. Les rues se vident et les magasins se font de plus en plus timides. Et tout est calme. Ou presque. La femme blonde qui lèche son cornet de glace ne choque apparemment personne. À ses côtés, son compagnon épluche une banane. Alors qu’on prenait notre temps pour se pavaner entre les couleurs, bruits et senteurs et flâner dans ce qui reste des coulisses de l’histoire avec ces murs colossaux et ces grosses pierres qu’on hume à plein nez, les odeurs de toutes les cuisines nous chatouillent les narines, et nous invitent à venir goûter. Goûter de chaque plat. L’envie devient de plus en plus pressante avec l’approche de la rupture du jeûne.

Des fruits… et Lahmar Bouamar
Et pour les petits pains chauds on se précipite vers les boulangeries. Les vendeurs de fruits pas loin, affichent les couleurs des bananes, pêches, poires, raisins « Lahmar Bouamar »… et même des grenades. Oui déjà des grenades qu’on n’a pas encore vues à Alger. Des grenades à côté des cageots remplis de dattes. Des dattes présentées dans de beaux emballages. Et pas encore en grappes, la fameuse «Daglet Nour» dorée de saison automnale qui ne va pas trop tarder à remplir nos souks et marchés. Des files indiennes partout et tout le monde est pressé.Les encens parfument les lieux. Les gens se ruent vers les vendeurs de «Kalb Louz» et «zlabia» aux couleurs du miel. Les mosquées sont illiminées avec des guirlandes. Les versets coraniques donnent le son de la vive foi. Ça résonne de partout. De Aïn Dheb, à Djamaâ Nour, en passant par la mosquée de M’sallah. Le tout est parole de Dieu. Les ruelles se remplissent de nouveau. Avec ces gens de la prière d’Al Maghreb qui aiment être dans les «maisons de Dieu» à l’heure de la rupture du jeûne. Et tout passe après. On se balade encore du côté du marché de centre-ville, quelques gens s’adossent au pied des murs. Ils attendent impatiemment la minute «M». Les minutes s’étirent interminablement. Tout d’un coup, les appels à la prière s’élèvent de tous toutes parts. Puis un silence religieux enveloppe tout ce qui bouge et ce qui ne bouge pas.Autour d’une table bien garnie et fortement bariolée et épicée à la sahélienne, on a goûté un peu de tout du menu ramadanesque. Du «Mtouam» aux boulettes de viande. Une chorba (le reste de la veille) et le plat consistant, qui n’est autre qu’un «mermez» avec de l’origan et beaucoup d’autres choses de fortement délicieuses apportées par les belles-filles et belles-sœurs en complément de table. Autour de cette même table, la ronde familiale et une batterie de douces causeries ajoutées aux douceurs de petits gâteaux faits maisons. Quant aux pommes et poires, ellesont boudées. Les raisins ont pris la place du soleil. «J’ai cru acheter le persil moins cher du village à côté. Cette année, partout pareil et ça ne sert à rien de perdre du temps et de l’essence», raconte notre collègue journaliste au journal d’El-Khabar, Hakim Chaouche, au moment de préparer le café turc pour toute la tribu avec un filet d’eau de fleurs d’oranger.Toute la tribu est chevillée à la télé. Où on diffuse dans toutes les chaînes nationales et arabes, un bouquet bien agrémenté, un spécial Ramadhan. Toute la tribu ! Non pas tout à fait. Car les hommes se sont vite dépêchés au café du coin. Pour eux, rien ne vaut le café avec des amis. Et au café, il y a bien évidemment la télé. Après avoir ouvert les yeux, c’est bien de siroter le café avec des copains.

Zarouat Mohamed

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