La situation explosive en Libye accentuée par l’escalade dangereuse des ingérences étrangères, l’instabilité sécuritaire au Sahel, la position de l’Algérie ou ce que devra être sa politique étrangère avec l’arrivée du nouveau président et les implications de cette nouvelle donne régionale sur la sécurité du pays, sont les questions auxquelles le diplomate Abdelaziz Rahabi donne son analyse, dans un entretien, paru récemment sur le site d’information TSA. S’il est vrai que l’orthodoxie de la diplomatie algérienne reste immuable, au gré même du grand bouleversement que l’on a connu dans la région depuis 2011, et le dernier assaut militaire périlleux du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, laisse supposer un ajustement, non pas de la politique étrangère elle-même, mais sur la stratégie à adopter face à la situation du moment. Sur ce registre, Rahabi rappelle deux orientations diplomatiques de l’Algérie adoptées par deux anciens présidents. «Comme partout ailleurs, l’arrivée d’un nouveau chef d’État apporte de nouvelles orientations en politique étrangère. Nous avions connu cela avec l’arrivée de Chadli Bendjedid qui avait réorienté la politique étrangère dans le sens d’un équilibre entre l’Est et l’Ouest. Boumediene ayant opté pour une politique proche du bloc socialiste», a-t-il expliqué, comme pour dire qu’une situation géopolitique en présence pourrait donner lieu à une nouvelle orientation diplomatique, mais sans pour autant toucher à sa devise. Au sujet de la politique étrangère d’Abdelmadjid Tebboune, «les premiers indices indiquent que le président actuel est favorable à un redéploiement en direction de l’Afrique subsaharienne, qui est, à mon sens, la principale profondeur stratégique de l’Algérie», répond l’ex-ambassadeur à la question de savoir si l’élection du nouveau Président entend dire que l’Algérie serait amenée à «jouer un rôle plus significatif» dans le règlement de la crise libyenne. Plus loin, Rahabi défend une option «réellement straté- gique en ce qu’elle est naturelle parce qu’elle est dans le continuum de nos populations et de notre territoire. Prometteuse en termes d’économie parce que l’Afrique est le continent de l’avenir et enfin permanente parce qu’elle reconnait à l’Algérie son statut d’État pivot et de pays de référence dans l’histoire des valeurs de l’émancipation de l’Afrique». En effet, jusque-là le souci d’Alger était la sécurité du pays et son peuple, avec la consolidation du rempart sécuritaire aux frontières sud, où un déploiement plus fortifié des effectifs des services de sécurité a été ordonné, comme résolution adoptée jeudi dernier, lors de la réunion du Haut Conseil de Sécurité (HCS), présidé par Abdelmadjid Tebboune. Au plan diplomatique maintenant, rien ne contraindrait l’Algérie à jouer un rôle autre que celui de rappeler à la nécessité d’un dialogue inclusif, où toutes les parties libyennes en conflit, auraient à discuter d’une issue politique pour sortir du bourbier, dont les dernières cartes d’un apaisement pacifique ont été brouillées par le sulfureux Haftar. En effet, mi-décembre dernier, le maréchal autoproclamé a annoncé le lancement de «l’ultime bataille pour la prise de Tripoli», après l’offensive militaire menée, avril dernier, en direction de la capitale, contre le Gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez Al-Serradj, et reconnu par la communauté internationale.
Farid Guellil
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